Cel mai prolific scriitor de jurnal (din lume, probabil,
desi pentru asemenea afirmatii nu poti niciodata sa bagi
mana in foc) a fost un tip care se numea H.F.Amiel, si
care a produs un jurnal intim de 46 de volume a cate cca.
300 de pagini fiecare.
Bietul om, depresiv si schizoid, privea probabil
scurgerea subtila a timpului cu o rara disperare si traia
chinuit de procrastinatie congenitala, adica de mania
amanarii si de imposibilitatea de a actiona in vreun
fel.
Criza reprezentarii identitatii personale e un subiect
consubstantial cu tema jurnalului, autobiografiei si
chiar literaturii autofictionale. In ce mod ma ajuta sa
ma reprezint/cunosc/inteleg mai bine faptul ca scriu
intr-un jurnal?
In discutiile liceale (si postliceale... hai:) era
redundanta discutia despre valoarea si scopul acestui tip
de scriitura. Opinia majoritara era ca desi oficial
jurnalul e secret, nimeni nu poate scrie in el fara sa-si
reprezinte o alta persoana, in afara sa, drept cititor.
Altfel de unde atata exigenta stilistica, de unde atata
prudenta in confesiuni si de unde atata apetenta de a fi
"intr-un fel anume"- coerent intotdeauna cu sine.
Sigur ca ne putem fi propriul public, dar cati dintre noi
oare isi pot fi un public atat de exigent?Aici intervine
noutatea pe care o aduce blogul, ca fenomen. De-aici
probabil si isteria din jurul lui. Era impudic sa-ti dai
jurnalul la citit. Teoretic, jurnalul era secret.
Practic...
"Gratia" ideii de blog sta tocmai in renuntarea la
ipocrizia asta.Poti sa scrii despre tine, pentru tine si
pentru ceilalti. Nu, nu te ajuta sa te re-cunosti, decat
in masura in care iei pulsul reprezentarii pe care
ceilalti o au despre tine.
Te simti liber, da. Poti sa te exprimi, e spatiul tau si
faci ce vrei cu el. Un spatiu public si privat in acelasi
timp.
Ma intreb ce s-ar fi intamplat daca Amiel ar fi prins
moda asta. Cu siguranta n-as mai fi inceput postul de
astazi cu el. Si nu pentru ca n-ar mai fi scris la fel de
mult, ci pentru ca ar fi devenit un b(l)ogat si celebru
(pentru ca apropos era si un scriitor talentat)
copywriter...
Traduction
en français
L'écrivain de journal le plus prolifique (du monde
probablement, mais on ne peut jamais mettre sa main
à couper pour de telles affirmations) fut un type
qui s'appelait H.F. Amiel, et qui a produit un journal
intime de 46 volumes d'environ 300 pages chacun.
Le pauvre homme, dépressif et schizoïde,
regardait probablement le passage subtil du temps avec un
désespoir rare et vivait tourmenté par la
procrastination congénitale, c'est à dire
par la manie de l'affliction et l'impossibilité
d'agir d'une quelconque manière.
La crise de la représentation de sa propre
identité est un sujet consubstantiel au
thème du journal, de l'autobiographie et
même de la littérature autofictionnelle. De
quelle manière le fait d'écrire un journal
m'aide-t-il pour mieux me
représenter/connaître/comprendre ?
Dans les discussions au lycée (et après le
lycée
allez :) la discussion sur la valeur et
le but de ce genre d'écriture était
redondante. L'opinion majoritaire était que
même si au départ le journal est secret,
personne ne peut l'écrire sans se
représenter une autre personne, en dehors de
lui-même, le lisant. Sinon comment expliquer une
telle exigence stylistique, une telle prudence dans les
confessions et une telle désespérance de se
représenter " d'une certaine façon " -
toujours cohérent avec soi-même.
Evidemment, on peut être son propre public, mais
combien parmi nous peuvent être leur propre public
avec une telle exigence? C'est ici qu'intervient la
nouveauté du blog comme phénomène.
D'où probablement l'hystérie autour. Donner
son journal à lire pouvait paraître
impudique. En théorie, le journal était
secret. En pratique
La nouveauté de l'idée du blog consiste
exactement dans le renoncement à cette hypocrisie.
On peut écrire sur soi-même, pour
soi-même et pour les autres. Non, cela ne nous aide
pas à nous re-connaître, sauf dans la mesure
où l'on prend le pouls de la représentation
que les autres ont de nous.
On se sent libre, oui. On peut s'exprimer, c'est notre
espace, on peut faire ce qu'on veut avec. Un espace
publique et privé en même temps.
Je me demande ce qui serait arrivé si Amiel avait
vécu cette mode. Je n'aurais sûrement pas
commencé le blog d'aujourd'hui avec lui. Et pas
parce qu'il n'aurait plus écrit autant, mais parce
qu'il serait devenu un copywriter riche* et
célèbre ( car à propos il
était également un écrivain
talentueux)...
* Jeux de mots dans le texte original roumain avec
b(l)ogat : blogat = blogué et bogat = riche.
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