Lausanne, le 21 novembre 2007
Aucune uvre du XIXe siècle en lien
avec la Suisse romande ne peut se targuer de
connaître une diffusion internationale aussi
importante que le Journal d'Henri-Frédéric
Amiel. Dès sa première édition sous
forme de fragments, le texte du professeur genevois a
été commenté, discuté,
traduit ; nombreuses en ont été les
reprises, plus ou moins augmentées, qui ont
témoigné de l'intérêt qu'on
n'a jamais cessé de lui porter ; l'édition
intégrale, donnée aux Editions de l'Age
d'Homme, est venue parachever une réception aussi
exceptionnelle que l'uvre qui en est l'objet.
Enfin accessible dans sa totalité, le Journal
n'a pas seulement été, depuis la parution
des douze fort volumes qui le constituent,
apprécié et analysé par des
spécialistes de critique littéraire ; il
s'est également révélé un
formidable outil de recherche et d'enquête dans des
domaines aussi divers que l'histoire (politique et
culturelle) de Genève et de la Suisse, la
psychologie, l'histoire de la médecine,
l'esthétique, la géographie, la
philosophie. Esprit encyclopédique et avide
d'exhaustivité, lecteur boulimique, citoyen
attentif, savant que tout interpelle, conscience
inquiète, Amiel apparaît, à la
lumière des pages qu'il n'a cessé de
noircir, comme l'incarnation hypertrophiée d'un
individu représentatif de son époque et de
son temps dans le cadre de sa ville d'origine. A la
valeur littéraire indiscutable du Journal, dont le
style et la formule générique ont depuis
longtemps été perçus comme
résolument novateurs, s'ajoute actuellement sa
portée documentaire, dont le poids ne pourra
être réellement mesuré que
grâce à une édition
électronique. En rendant possibles des
interrogations systématiques et croisées,
l'accès au texte sous forme
numérisée faciliterait nombre
d'investigations, et permettrait de conférer
pleinement à l'uvre d'Amiel le statut qui
lui revient, celui d'une source majeure pour la
connaissance d'une grande partie du XIXe siècle.
Car on trouve, dans le Journal, tout et tout le monde -
perçus sous un angle original et situé. Le
moment est venu, à mon sens, de se donner les
moyens d'exploiter cette extraordinaire mine de
renseignements et de propos. C'est pour cette raison,
ayant moi-même publié plusieurs
études fondées sur cette uvre, et
l'ayant à plusieurs reprises utilisée dans
le cadre de mon enseignement à
l'Université, que j'appuie chaleureusement les
démarches qui sont faites en vue de la
numérisation de l'édition parue à
L'Age d'Homme. Je suis persuadé que cette
étape représentera une nouvelle phase dans
la réception d'Amiel, et qu'elle aura des
retombées scientifiques aussi retentissantes que
positives.
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