En 1814, dans son conservateur suisse, le doyen Bridel avait dit son étonnement à constater que sur un bassin aussi vaste que le Léman, bordé de cités prospères, on n'ait pas encore établi un coche d'eau, comme il en existait sur d'autres lacs de Suisse : " Ce serait pourtant utile et faciliterait à peu de frais les relations."La réponse à cette suggestion a été donnée brillamment par M. Church, consul des Etats-Unis en France, qui en 1823, à Genève, nous a fait la démonstration de l'esprit d'entreprise des Américains. Il ordonna, à ses frais et risques, la construction du premier bateau à vapeur, pour 200 passagers, sur les lacs suisses, bateau qu'il baptisa Guillaume Tell " en hommage au héros des antiques libertés helvétiques".
Le triomphe fut complet. Il appelait la concurrence. On pouvait juger d'emblée qu'un unique bateau ne suffirait pas au Léman. Une société genevoise lança donc un second bateau à vapeur, pour 300 passagers, le Winkelried. En 1826, à Ouchy, une société vaudoise en fit construire un troisième, baptisé Léman , afin que l'on ne parle pas toujours du "lac de Genève" ; ce bateau-ci prit 500 passagers.
On construit en 1841 le bateau Helvétie, qui embarque 800 personnes. On monte à 1100 passagers avec le Winkelried II, en 1870. Aujourd'hui, la Compagnie générale de navigation sur le lac Léman, fondée en 1873, a dans sa flotte de dix-sept bateaux trois bâtiments de 1500 et 1600 places.
A la belle époque, de 1894 à 1914, cette compagnie a connu une grande aisance, et la gloire, à la faveur de l'immense essor économique du pays, de l'ampleur prise par le tourisme international et ce qui fut décisif pour le pays du Léman, en 1906, l'ouverture du tunnel du Simplon. Les deux guerres mondiales et la crise de l'entre-deux-guerres lui suscitèrent en revanche les plus grandes difficultés. Mais en tout temps elle a fait découvrir la beauté de nos paysages; elle a aussi entretenu nos liens d'amitié avec nos voisins savoyards.
Sur le lac de Neuchâtel, la vieille barque persista jusqu'après 1850; on y vit une barque à voile latine et, en 1826, le bateau y était apparu par l'initiative d'un vaudois d'Yverdon, Albert Du Thon. Ce bateau, baptisé Union, construit en bois, navigua fort peu de temps. La formule durable fut donnée par le grand chocolatier, Philippe Suchard, qui fit construire un bateau en fer, en 1834, à Neuchâtel. Premier du genre en Suisse, ce bateau, L'Industriel, fut un prototype imité sur d'autres lacs.
La navigation marchande sur les eaux du pied du Jura, d'Yverdon à Bienne et à Soleure, bénéficiait d'un avantage essentiel; longtemps, elle fut capable de rivaliser avec le routage, malgré les frais de transbordement. Mais, dès 1860, elle subit la rude concurrence du chemin de fer triomphant.
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La catastrophe du 23 novembre 1883, à 17h. 30:
abordage du Rhône par le Cygne entre Evian et
Ouchy. |
Le Guillaume-Tell
L'Helvétie
Le Léman
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Tiré de l'Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud Tome 3 |