NOTE 17



L'intensité de l'attaque subie rend Amiel créateur au point de vue de la forme de l'écriture intime: il utilise, adressé à lui-même le tutoiement au second degré, au départ d'une prosopopée: "Si une mère, un père, ou un oncle m'eût dit: " Ce que tu trouves maintenant, tu ne le retrouveras pas. Aie courage, ingénie-toi. Tu as rencontré ta vraie compagne; à toi à te faire une carrière, à te créer l'indépendance et le loisir. [...] " [...] Maintenant c'est une autre voix qui parle en moi. Elle me dit: Non, ton imagination exgère. Tu n'as pas enfoui là ton trésor et ton bonheur. Tu trouveras ce que tu cherches. Tu souffres ici comme tu as souffert à chaque séparation. Celle qui s'éloigne est une amie, presqu'une soeur; [...] La première reprend: Plusieurs personnes te l'avaient désignée et souhaitée [etc.]." Ces discours que lui adressent ses voix intérieures pallient le manque de conseils extérieurs et supléent à l'absence de ses parents. Dans la suite de la citation on trouve en effet, Amiel revenant alors vis-à-vis de lui-même au tutoiement simple, l'apostrophe suivante: "Orphelin, malheur à toi. Tant pis pour toi! " (J.I. 18.7.1852.) Amiel utilisera spontanément le même procédé lors de crises futures, lorsqu'il s'estimera cruellement démuni de conseil parentaux.



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