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Des relations normales, mais au caractère encore passionné, s'établiront par la suite entre Amiel et sa soeur, comme en témoignent ces passages du journal: "Au retour [de la promenade] à 10 heures, grand orage électrique, pluie, tonnerres. Ma soeur a une crise de pleurs et de sanglots nerveux. Sa robe blanche resplandissait à chaque éclair comme l'aile d'un ange foudroyant. Elle est restée plus d'une heure défaillante et tressaillante dans mes bras, devant ma fenêtre ouverte, tandis que la tempête céleste passait sur nos têtes, et secouait les arbres du verger. L'électricité faisait palpiter ses nerfs, comme le vent fait vibrer les cordes d'une lyre éolienne. Quel esclavage que pareille organisation! Pauvre femme! Elle se serrait à moi comme l'enfant à sa mère. Enfin, j'ai eu la joie de lui faire du bien. Et au bout d'une heure, la crise et l'orage avaient passé, les étoiles et le calme revenaient, la tête était dégagée, et la névralgie à peu près disparue. Le rayonnement magnétique de la santé paisible, de la volonté sereine et de la tendresse secourable opéra salutairement. Je le sentis et on me le dit." (J.I. 2.7.1856.) "Nous avons notre soeur Laure à dîner; cela ne va guère chez elle: elle était nerveuse, railleuse, satirique, mordicante, comme une personne qui cherche à s'étourdir, regrettant son célibat, mécontente de tout et d'elle-même. Ce soir, je l'ai revue chez elle; les époux se font des mines de verjus, et en m'accompagnant sur l'escalier, elle me souffla à l'oreille, avec sa voix de petite fille: "Oh! emmène-moi en voyage, je m'ennuie tant ici, mon courage est à bout!"" J.I. 2.9.1860.) |
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