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EXEMPLES
Faut-il numériser l'édition intégrale ?
par Jean-Marc Cottier
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OPINIONS
Texte en partie tiré de la présentation "Du Journal intime au web"
L'Ouï-dire, Genève, 4 mai 2005

 

Henri-Frédéric Amiel craignait la perte de son journal : "A l'éblouissement pénible que j'ai ressenti en ne retrouvant plus le N° 13 de ce Journal, j'ai pu mesurer le chagrin que me ferait la perte de ce manuscrit de 6.000 pages. Ce serait dix-sept ans de vie retranchées à peu près de ma mémoire, car ces feuillets intimes sont presque mes souvenirs eux-mêmes. Qu'un incendie, un déménagement, un accident quelconque m'enlèvent ce coffre, et je me sens diminué dans mon âme, amoindri dans mon être, mutilé, appauvri, dépouillé irrémédiablement. Ceux qui impriment et publient n'ont pas ce danger à craindre. Le meilleur d'eux mêmes est sauvegardé; ils sont sous la protection publique. Leur vie à pris corps. Elle est invulnérable. Pour moi, je puis être détruit presque tout entier ". ( p.445, vol. V )

Grâce à Vladimir Dimitrijevic, Amiel est désormais invulnérable. Les 173 cahiers du Journal intime sont devenus 12 volumes, sauvegardés, "sous la protection publique" comme dit Amiel.

Mais une autre forme de sauvegarde est la numérisation. Quel serait son avantage ?
L'épopée d'Internet et de la bibliothèque numérisée est évoquée dans la présentation citée en titre.

Pour le Journal intime d'Amiel, qui constitue avec ses 15644 pages une véritable banque de données et dans laquelle se retrouve la quasi-totalité de l'oeuvre d'Amiel, on imagine sans peine la facilité avec laquelle il serait possible de rechercher des textes, créer des index de tout genre, trouver des citations, établir des suites chronologiques, lire de courts extraits, etc... etc... grâce aux liens hypertextes

De l'avis de plusieurs responsables de bibliothèques nationales, les deux formes d'édition sont complémentaires plutôt que concurentes, et dans le cas de l'édition intégrale qui est encore en librairie, cette banque de donnée annexée à l'édition sur papier, serait plutôt un atout supplémentaire.

Il suffit d'essayer de lire un ouvrage d'une centaine de pages sur son écran d'ordinateur pour savoir qu'un livre "en ligne" ne remplacera jamais un livre "en papier".

Les extraits du Journal intime d'Amiel en 2 volumes publiés par Edmond Scherrer en 1884 ont été numérisés et proposés sur Internet en avril 1998 par un éditeur privé (Jean-Pierre ARBON, ancien Directeur Général de Flammarion de 1988 à 1997) qui a malheureusement disparu du réseau en 2002 sans avoir assuré la pérénité de son travail pour se lancer dans une nouvelle carrière dans la chanson française !

Pour se faire une idée de l'avantage que représenterait la numérisation du Journal intime, il faut consulter la traduction en anglais publiée en 1885 par Mrs Huphry Ward (qui était la tante d'Aldous Huxley), qui a eu la chance d'avoir été numérisée dans le cadre du projet Gutenberg.

En janvier 2005, avec "Google Print", le plus important moteur de recherche sur Internet a lancé un gros pavé dans la mare des bibliothèques nationales européennes. Techniquement les 12 volumes pourraient être numérisés en une dizaine d'heures. L'éditeur se dit ouvert à toute suggestion...

Qu'en pensent les lecteurs d'Amiel ?

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