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VOYAGE DE FRANCE
du 20 avril au
7 juillet 1843
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Bibliothèque de Genève
- Ms fr. 3022
Transcription d'Anne Cottier-Duperrex - Genève
2007
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GENÈVE
- TABLE
DES
ETAPES
/
2 /
Voyage
de Paris - Départ Jeudi 20 Avril 1843 - Diligence
Lafitte et Caillard, à 7 heures du matin.
Fanny*, Laurent*, Mr et
Made Marin*, les deux Boissonnas*
étaient seuls pour le salut d'adieu. - Surpris de me
trouver aussi peu affecté. Se ferait-on aux
séparations ? Est-ce sécheresse ou
plutôt inertie ? On n'est pas dur, insensible, mais
distrait, absorbé. On ne pense à rien,
voilà tout. Plus tard, quand on pense, regrets,
larmes & tristesse viennent. - C'est égal, j'ai
été bien froid.
La campagne tout
en fête. Verdure jeune, fraîche, souriante ;
soleil gai & brillant ; air doux ; haies & et arbres
fruitiers tout en fleurs. C'était une féerie,
une allégresse de printemps, qui nous saluait, comme
pour nous laisser de plus vifs regrets.
Compagnon de
coupé, Mr Kaufmann libraire.
Se rend en voiture à Londres. Nous étions
seuls. Regrettait à tout instant ses deux petits
enfants . /2 v°/
Oranges. Compagnon survenu de l'impériale,
un jeune homme de Chambéry, assuré, jureur,
débauché, faisant profession de croire au
néant, au panthéisme, et à toute la
boutique, retournant à Paris où il a
déjà travaillé 5 ans dans l'horlogerie
- (Revu son nom).
Montée
du Jura, 2 1/4 heures à
pied, par un beau soleil, coupant les zigzag avec grande
transpiration. Dîner à Saint-Cergues. Petite
dame en noir, d'Aix, Made Dardelle,
se rendant à Troyes. Ecrasée de politesses
indiscrètes par l'horloger. - Une mère et ses
3 filles, autres voyageurs : l'une fort jolie (paysanne),
avec des boules dorées dans les cheveux.
Col.
Jusqu'aux Rousses, grands plateaux de neige des deux
côtés, surtout sur la gauche. - Rien de
pittoresque, sauf dans un passage, où la partie
gauche de la route, à pic, couverte de sapins faisait
un vigoureux contraste avec le plat de l'autre partie.
Aux Rousses, la
Douane ; pas trop dérangé ma malle. Fait
plomber. - Kaufmann fort tracassé pour sa partie de
librairie, notre horloger pour ses limes ;
Made Dardelle pour sa caisse de
spiritueux, etc.
À Morez, les passeports changés contre la
feuille d'intérieur.
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7 pages blanches + 4 pages de notes : fol. 7 : Conseils de
Lèbre, s.d., en 11 points ; George Sand, 18 Mai 1849,
fol. 8 et 9 R° : 2 p. ½ sur la poésie,
tirées de André - p.89-92 ;
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ROUEN
- TABLE
DES ETAPES
/10/
ROUEN (2e jour) Jeudi 22 juin
1843
St Vincent,
gothique, vieille église, petite. Porche à 4
piliers avec niches & dais. - Autour de l'abside,
courent deux nefs et le fond occupé par d'immenses
fenêtres à vitraux (il y en a 9), cinq en
demi-cercle, deux sur les pans de chaque
côté.
Grande nef basse de plafond, abside de 1/3 plus
élevée. La 1ère
sans galerie, la 2de avec. La
1ère avec piliers
nervés. La 2de soutenue par 9
colonnes à chapiteaux dorés & placages
dorés sur le fût soutenant dans leur milieu des
écussons. - Les cinq arcades du fond,
étroites, comprimées circulairement.
Remarqué : Un petit vaisseau suspendu en
ex-voto.
Palais
Bourgtheroulde (place de la Pucelle) Porte
délabrée, ancien consulat Norvège
Suède. Porte surbaissée.
I. Au fond d'une
cour, palais composé de deux tourelles
hexagones, engagées à 4 étages, jointes
par un corps de 3 étages, à quatre
fenêtres de face (deux importantes, 2 subalternes. Le
3e étage du corps fait
mansarde, le seul à ogives flanquées de
clochetons, surmontées de
[croquis 01], etc.
Ornements : Entre
les fenêtres montent des
/10 v°/
contreforts en arches, portant clochetons aux deux
premiers étages et se faisant pilastres aux mansardes
du 3e. De même aux tourelles
des ailes. - 2d et
3e étage, fenêtres
carré-long et partagées en 4 ainsi [
croquis 02]. Au 3e
le carré long est inséré dans
l'ogive.
Autour et
dessous, toutes les fenêtres des
2d et troisième, des tourelles
et des corps, des sculptures en bas relief, sujets divers ;
(reconnu un naufrage et une pêche au filet).
Entre les 2
fenêtres du 2d une salamandre
dans les flammes (François I).
Fenêtres
des tourelles non carrées, mais à cintre
très surbaissé.
II. Ailes. À droite et à gauche de la
cour. (L'incendie a détruit celle de droite & la
tourelle correspondante.) - 6 arcades surbaissées
avec base et attique. Séparées par des
pilastres à 3 étages (1 pour l'attique, 1 pour
la base) - Base divisée horizontalement en deux. En
bas des ornements et figurines. Au-dessus, bas-relief
superbe. Entrevue de /11/
Charles VIII & François I au Camp
du drap d'or. (Valets de pied avec bourses au bas-ventre,
retenant les chevaux - Les deux cortèges
dirigés en sens contraire jusqu'à leurs rois
à cheval respectifs. -
Attique,
sculptures aussi. Lourds chariots avec hommes &
attelages.
Arcades (6
restent visibles ; 1 loge de portier en cache une dans
l'angle à gauche en entrant) & un escalier en
dénature une autre à l'autre bout.
Pilastres extérieurs avec guirlandes & coupes,
moulures renaissance, goût charmant, chapiteaux
à cornes aux angles. - L'arcade : deux rangs de
moulures tout autour ; dessous de l'arcade, tout orné
; les retombées intérieures avec pilastres
superbes formés d'une colonnette courte, soutenant
une urne au-dessus de laquelle sont assis des génies
(tout petits, admirables, jouant de la flûte ou
portant des coupes, les uns avec oreilles d'âne, 2 par
pilastre) surmontés d'un candélabre, qui va
jusqu'à la naissance de la voûte en
perçant une plaque transversale en chemin et
soutenant à son médian, une sorte de fragment
de couronne.
/ 11 v°/
St Eloi (église des protestants)
gothique. Façade inachevée ; portail
fait, la rosace au-dessus à moitié
travaillée ; mais des deux tours, l'une ne monte que
jusqu'au portail, l'autre jusqu'à la rose.
Palais du duc de Brézé (fait face
à la cathédrale).
Spectacle
mélancolique, ce chef-d'uvre ligne [?]
renaissance, bijou de travail, est tout balafré
d'ignobles boutiques ; des enseignes pour trouver place ont
étouffé toute la ligne des génies &
des écussons (deux seuls exceptés). La
porte principale a été coupée en
haut de deux mesquines fenêtres, & d'une enseigne
de marchand de vin ; en bas, on a râclé les
marches, recouvert d'un enduit grossier les charmantes ;
elle est méconnaissable, il faut se servir pour la
deviner de la porte secondaire sur le côté. Un
café, un marchand de gants, des pipes, ont rempli le
reste.
Plan ;
deux étages - le rez de chaussée plein de
boutiques modernes, je ne sais ce qu'il y avait avant. -
1er étage. Petites
fenêtres presque carrées.- De chaque
côté de /12/
la porte, 3 grandes fenêtres, au
2e une au-dessus de la porte,
à cintre surbaissé, distinguée par des
niches et dais qui la flanquent ; les autres fenêtres
à dessus transversaux. - Des niches aux deux angles
de la façade. - 1er
étage, deux fenêtres pour une d'en bas ; ou
plutôt grand carré, moitié
inférieure pleine, moitié supérieure
divisée en deux fenêtres -
[croquis 03]
écussons soutenus par des
génies - Toutes les autres chargées de
sculptures, moulures, pilastres, très riches, attique
magnifiquement orné.
EXTÉRIEUR
gothique
Cathédrale.
Deux grandes tours inégales, celle de gauche avec
toit pointu, 3 étages sévères, du
10e siècle, ogivaux cependant,
& un 4e du
15e, d'un tout autre style.
La seconde, postérieure, quadrangulaire pendant 4
étages, octogone au dernier, terminée en
plateforme. Toute du même style ; les trois
contreforts ornés de statues, avec galeries au
4e et 5e
étage, à chaque endroit où le plan
se modifie, 4 fenêtres au lieu de 2, octogones au
lieu de quadrangulaires - les angles coupés du
5e étage surmontés de
clochetons, à côté des faces de
l'octogone.
/12 v°/ Corps de l'église. 3
portes (sans division par le milieu), 1 grande 2 moindres
séparées par 4 clochetons en saillie de la
façade partant de terre, presque isolés.
Derrière chacun d'eux correspond dans la
façade, une tour carrée. Donc 4 tours
carrées, (moitié hauteur des grandes tours des
cloches), surmontant beaucoup les clochetons. Une seule est
couverte de son clocher au chapeau. Ces 4 tours sont
soudées par le bas jusqu'à la hauteur des
clochetons. Trois immenses ogives, posant sur les portes
latérales, les lient entr'elles, et se subdivisent
transversalement en 3 étages de statues.
Entre les deux du
milieu, une répétition de la grande porte
d'au-dessous, & une rose inscrite. Le portail d'en bas,
qui fait saillie, est surmonté d'une haute galerie
gothique avec garde-fou à jour, dentelles de pierre,
coupée elle-même par le grand triangle
posé sur l'ogive de la porte, qui va encore couper la
rose. Le reste des deux tourelles du milieu est relié
par des portiques aériens, découpés,
clochetonnés, etc.
Les clochetons ont trois étages de statues. Les deux
des bouts sont en construction, les deux du milieu sont
seuls vieux.
/13/ Les trois
portes sont profondes. L'ogive est élancée.
Tympans chargés de sculptures ; zones
intérieures chargées de figurines avec leurs
piédestaux & dais.
- Tympan grande
porte, génération d'Adam.
Remarque. Entre la grande tour de gauche & la
première porte, il y a une ogive & une partie
surabondante que n'a l'autre porte, entre elle & et la
grande tour.
Impression générale :
Énormément surchargée, fouillée,
étourdissante de petits détails, de statues,
etc
Flèche de fonte : presque adorée. 190 pieds de
haut, seule. Sommet à 445 pieds du sol. - Poids 600
mille kilogrammes. - Explication du tout avec un architecte
& son fils. - L'ancienne, plomb & bois, pesait
davantage. Brûlée 7bre
1822.
Entrée par la Rue de l'Archevêché
: Cour, précédée d'un portail
très-beau à deux arches plein cintre, avec
deux étages de galerie gothique à jour. -
Droite de la cour, la théologie, 6 arcades cintre
surbaissé, avec ornements gothiques. - Portail : Deux
petites ailes gothiques, avec statues renaissance - Porte
grande ogive, divisée en deux. Tympan, paradis &
purgatoire & enfer - 3 rangs de bienheureux. Deux
étages /13 v°/
de galeries à jour, sur galerie une
très-belle rose inscrite dans une immense arcade
plein cintre, large comme la porte et sa triple enveloppe
-
Deux tours assez basses, deux clochetons, à ogives
aiguës flanquent cette porte, avec saillants
intérieurs.
- Tout le bas du portail est couvert de 130 cadres en relief
de cette forme [croquis04]
, 5 sur chacune des 2 faces de piédestal de 10
statues et 30 qui grimpent le long de la grande nervure
extérieure du portail (3 statues sont en dedans, 3 en
dehors de celle-ci) - Excessivement anciens. Chaque cadre
est inscrit dans un carré
[croquis05] et dans chaque centre du
carré et la figure rampent des animaux fabuleux, dont
les têtes et le corps de serpent remplissent les
angles. Dans l'écusson, figures satiriques,
fantastiques, railleuses ; hommes et femmes à
têtes d'animaux, d'oiseaux, de singes, d'ânes,
de veaux à jambes de lion par devant ou par
derrière. Moines à têtes de veaux.
Sanglier fouettant d'un knout un postérieur
d'âne. Une coquette et son miroir le ventre nu, une
femme fouettant un lion qui lui relève le jupon. -
Sphinx, centaures, un musicien à tête
tournée vers le dos, soufflant dans une flûte,
pour dénicher / 14/
2 nids d'oiseaux, un train de centaure et un
pied humain.- Des êtres en contorsions de
damnés ; des oiseaux à tête humaine - Un
Hercule avec la peau de lion qui lui fait
marmottine,
attaqué par un vrai lion, un pape une barre de fer
à travers le corps, avec calme - Un buste d'homme,
supporté avec 4 jambes de cochon dont il a la
tête, joue du violon. - Un homme serre un petit ours
dans ses bras de l'air de l'enfant prodigue - Deux
personnages, l'un assis, l'autre le cul en l'air, fort
symétriquement. - Un petit singe qui a une
chaîne de barbet au cou, reçoit la bastonnade
parce qu'il la porte dans ses mains . - L'histoire
d'Adam & d'Ève & du fruit défendu, de
la nudité - Un malheureux noir, la main sur le
ventre, faisant des contorsions de colique - Une femme
assise, agitant un mouchoir de la main gauche, & posant
la droite sur la tête d'un veau qui s'élance
sur elle amoureusement ( ?) Minotaure ( ?) - Adam et
Ève chassés par l'archange - Dieu leur
apporte une chemise -
St Patrice rebâtie au 16e siècle. -
Manque la branche supérieure de la croix.
Vitraux - (Jean Cousin) l'Annonciation et la
Naissance de J.C., grands sujets,
/14 v°/
perspective rare dans les verrières - Autres, Passion
de Jésus Christ, Histoire de Job, la Femme
adultère - Les vitraux sont aux deux transepts et au
tronçon d'abside. Belle chaire, octogone, avec
figures d'or sur les faces.
Maison de Fontenelle, c. à d. où il est
né, neuve, Rue des Bons Enfants 92-94.
Églises détruites St Georges
(carrossier), St André (marchand de vin).
St Laurent assez grande, magnifique tour (sans
clocher pointu) bourrée d'industrie.
St Godard (ancienne cathédrale)
(INTÉRIEUR) Forme de basilique romane - Carré,
avec son hémicycle de colonnettes & une
demi-rotonde pour loger le maître hôtel - Deux
légères et simples colonnades ogivales
(piliers de murailles nus) courent parallèlement aux
murs extérieurs, en vrais murs de refend, de
même hauteur qu'eux, & sur ces 4 murs se
recourbent trois toits ogivaux de bois. - 8 arcades aux 4
murs - Mais celles de l'extérieur sont plus
étroites, & ne partent que de 10 pieds du
/15/ sol. -
Grandes ogives vitraillées, au fond des deux nefs
latérales. - Aux 16 autres fenêtres, la partie
vitrée s'arrête à la naissance des
ogives qui sont pleines mais avec moulures.
EXTÉRIEUR,
Tour basse, quadrangulaire, pierre de taille, avec des
contreforts, quelques cannelures & un seul rang de
fenêtres en haut - Place aux angles & vers une
porte latérale pour quelques statues.
Hôtel de
ville. Avance composée de 3 arcades, supportant 4
colonnes, & un fronton - Corps de logis à droite
et à gauche de 5 fenêtres, & deux
ailes.
- Escaliers étonnants de suspension : L'un tournant
carrément, énorme. L'autre à double
rampe, sans soutien.
Bibliothèque publique (dans d'Hôtel de
ville) - 36,000 volumes + acquisition de 15,000 = 51,000
-
1°/ Graduel de Daniel d'Eaubonne, a 2
siècles seulement. Reliure magnifique, aux lys de
France, aux reliefs de cuivre. Pèse 63 livres. -
Vignettes pour les fêtes
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Naissance
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amarante
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Annonciation
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Adoration
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blanc bleu
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Assomption
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/15
v°/
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Ascension
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vert
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Pentecôte
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rouge
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Jugement
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violet
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(presque tout imité de Michelange) etc.,
etc
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Lettres superbes, or épais, paysages, ornementation
assez bien entendue - Dessin médiocre -
Pour les chants de l'Abbaye St Ouen.
Dimension
Un mètre de long environ
Nature :
Beau parchemin.
Daniel a employé 23 ou 33 ans à ce long
travail.
2°/
Missel du XIe siècle, anglais, apporté
à Jumièges par un archevêque de
Cantorbéry.
Vignettes abominables, mais curieuses.
Saint-Ouen. EXTÉRIEUR
I. FAÇADE ; à peine ébauchée. La
porte très petite & la rose fort belle au-dessus,
jusqu'à la galerie transversale, voilà pour le
corps. - Les deux tours ne sont sorties de terre que
jusqu'au-dessous de la rose.
II. Parties latérales, rien de saillant. Assez jolis
clochetons sur les contreforts, & deux hauts flanquant
les transepts.
/16/ III.
Clocher dressé sur le chur. Fort beau.
Deux étages quadrangulaires soutiennent une partie
octogone, et l'entourent de 4 beaux clochetons aux
ufs, à sommet arrondi & couvert de
piquants. - De grossiers arc-boutants, cintrés et
ornés joignent les 4 clochetons à la partie
centrale, & s'harmonisent avec ses ogives
élancées & finement
découpées. - La tour est surmontée
d'une vraie couronne, à huit pans aussi, dont 17
clochetons grillés figurant de hardis fleurons.
IV. Abside belle et ornée de clochetons et
contreforts.
Musée
d'antiquités. 1°/ Vitraux du XIIIe
siècle, du 15e & 16e - Remarquer la
Résurrection en grisaille rosâtre. Dessin
supérieur. - 2°/ Menuiseries d'Henri II -
3°/ poteries, instruments de bronze, fragments
d'inscriptions et de statues romaines (Lillebonne)
4°/ Surtout sculpture : St Jean Baptiste,
arrachant des victimes au diable, XIVe siècle -
Résurrection, maigreur effroyable, hommes sans
organes virils, femmes voilées, membres à coup
de hache, et à angles aigus (femme assez bien de
pose).
/16 v°/
5°/ Châsse plaquée d'or,
d'argent et de pierres.
6°/ Moulage des bas-reliefs Bourgtheroulde.
La
Madeleine, seule église Renaissance -
Façade architecture corinthienne, intérieur
croix latine.
St Nicaise
(Fermée). Extérieur. Façade
insignifiante, nue, pauvre, à pignon aigu et 3 portes
- Sur le côté, arcs-boutants un peu
ornés et postérieurs -
St Vivien
INTÉRIEUR. - Trois nefs parallèles dans un
parallélogramme peu régulier. Trois toits en
bois, ogivaux, au dessus ; celui du milieu plus
élevé. - Grande nef ; grandes ogives
à un bout ; en face un maître autel renaissance
d'assez [bel] effet. 2 groupes de 3 colonnes
corinthiennes à chapeaux dorés soutiennent un
entablement qui se cintre à l'avant, ménage
entre lui et la muraille un espace elliptique, par lequel la
lumière d'une fenêtre tombe sur un groupe, d'un
ange apportant une coupe à St Vivien étendu au
centre.
- L'entablement porte un hémicycle de pierre blanche,
représentant le ciel, des têtes
/17/ de
chérubins pavant l'étendue & au centre en
jaune vif, se détache un cercle lumineux, où
est inscrit le triangle mystique. - À droite et
à gauche du ciel, piétés sur les deux
groupes de colonnes sont 4 anges de grande dimension
à dalmatiques dorées.
Neuf arcades ogivales, soutenues par des colonnes à
chapiteaux (de houx ?), et portant une galerie de poutres
pressées, à petit châssis de plomb,
divisent les 3 nefs.
Les nefs latérales ne se ressemblent pas.
L'une, celle de droite, a une hernie en dehors pour une
chapelle à vitraux peints ; l'autre a une hernie en
dedans pour un vestibule d'entrée.
- Chacun a son autel au fond, doré et
rafistolé.
EXTÉRIEUR . Façade
dégoûtante, toute verruée de
constructions en bois et en lattes qui s'attachent à
la muraille comme des ulcères. Du reste 3 pignons
aigus, où s'inscrivent de grandes ogives à
meneaux flamboyants
/17 v°/
Les deux Maisons de P.
Corneille
Rue de la Pie, près le Vieux-Marché.
Propriétaire LeFoyer a fait mettre le buste et
l'inscription à ses frais. Né le 6 Juin 1606 .
- de Fontenelle, rue des Bons-Enfants, N° 13-134
- Baraque à un étage de bois & de brique,
façade aujourd'hui de pierre. Né 4
Février 1657.
Rouen est encore la patrie de Dulong,
Boïeldieu : et au
théâtre Forqueret , suppléant de
Dupré & Bocage
à l'Odéon sont Rouennais.
St Gervais. Sur une éminence verte, soleil
gai. M'a rappelé involontairement une église
de Rome ou l'on arrive aussi par ascension (oublié
son nom) . - Construite sur une chapelle du 2e ou 3e
siècle qui fait maintenant crypte au-dessous.
Forme intéressante : Une seule voûte
plein-cintre, en pierres de taille, de 12 pieds de haut
approximativement, divisée en deux parties
inégales, par une avancée du mur supportant
une arcade transversale plus petite, forme la nef des
fidèles & le chur. Après le
chur un petit hémicycle, au
/18/ pied duquel
est l'autel, avec statue de la vierge. Au-dessous de
l'autel, s'allonge un soupirail d'où vient toute la
lumière - La nef a des deux côtés des
bancs de pierre pour 16 à 20 fidèles au plus.
-
La porte donnait sur une voie romaine du même niveau
qui va jusqu'à Mont-aux- Malades, à ½
lieue. - Le tout est enterré de 12 à 15 pieds
environ.
L'Église supérieure est très
simple , 3 nefs parallèles dans un
parallélogramme, séparées par deux
rangées d'arcades plein cintre très larges ;
les voûtes de pierre ; celle du centre en ogive
presque plein cintre. Vitraux coloriés. -
EXTÉRIEUR. Parallélépipède, avec
toit incliné, nu, simple, austère, petit
clocher. Tout à fait nos églises de
village.
Cathédrale
INTÉRIEUR. - Plan : Croix latine, style
gothique ..
siècle. Une nef latérale
tourne toute l'église, même les transepts, plus
des bas-côtés avec fenêtres. Cinq petites
chapelles sont attachées autour de la nef d'abside :
2 se couchent parallèlement à l'abside &
débouchent dans les transepts, 1 est dans le
prolongement de l'axe de /18
v°/ l'église (là sont 3
tombeaux remarquables) ; les 2 dernières
demi-circulaires, sont intermédiaires, et rayonnent
à gauche et à droite (N.B. Celle de droite est
séparée du vaisseau par un portail gothique
assez remarquable, la petite porte est placée sur la
droite.
Un vilain jubé, à lignes droites, 4 colonnes
& un entablement, hache de sa ligne discordante la nef
d'abside qu'il sépare du reste.
Coupe.
Nef d'abside : 15 arcades tournantes (l'ogive se
reforme au contour ; 7 de chaque côté, 1 au
centre). Soutenues par des colonnes élevées
à chapiteaux circulaires avec des palmes pour
ornements : 50 pieds de haut ( ? ), portant une galerie de
colonnettes & d'arcades toutes parallèles, (7 par
grande ogive du bas), au-dessus desquelles règnent de
larges fenêtres, ogive aplatie (divisée en 4
compartiments), presque le cintre, peu
élancées de jambes. - Des filets
appuyés sur les chapiteaux séparent les
galeries, les fenêtres, et vont nerver la
voûte.
Transepts
Même style, 3 arcades. Aux deux bouts, grandes
roses, posant sur une galerie aussi
/19/
vitraillée, le tout inscrit dans une grande arcade
plein cintre [voir EXTÉRIEUR, portail de la
Cathédrale].
- Deux portes en menuiserie, & au-dessus,
décorations en triangle. - Transept de gauche,
à gauche de sa porte, un escalier à jour
à 4 rampes, très-beau - Va aux galeries.
Grande
nef, 10 arcades à piliers. Les faisceaux de
colonnettes partent du bas et jaillissent jusqu'à
leur point de division près des voûtes - Deux
rangs d'arcades superposées remplacent la
rangée unique de l'abside, & n'atteignent
qu'à la même hauteur. - Disposition peu
heureuse, le second rang est renfoncé dans le
premier, & comme sans jambes. - Mêmes
fenêtres, mais les galeries sont d'autre style,
plus grêles, au nombre de 8, divisées de 2 en 2
& de 4 en 4 par de plus grosses colonnettes, & avec
garde-fou d'araignée.
NB. Les 5 arcades
premières ont à leur place des ogives tout
écrasées, avec lourds garde-fous épais
ogivaux.
Grande rose au-dessus de l'orgue.
Les piliers de la grande nef, portent du côté
de la nef latérale, des encorbellements triangulaires
à la hauteur de la seconde rangée d'arcades
soutenues par huit colonnettes dégagées ;
assez disgracieux.
/19 v°/
Ornements . Plusieurs vitraux anciens, d'autres
modernes, don. - TOMBEAUX . - Du
sénéchal de Brézé, marbre
noir et blanc. - Une base avec inscription porte une statue
équestre, inscrite dans une voûte noire plein
cintre, qui supporte un cadre de pierre avec statue. -
À droite et à gauche, avenues soutenues en bas
par deux colonnes noires, au dedans desquelles 2 statues ;
en haut par deux cariatides disproportionnées - Somme
laid, et disproportionné - À côté
un petit tombeau gothique, arcade, avec clochetons &
dentelles.
Du cardinal
d'Amboise. Très large, riche de dorures & de
sculptures. Chargé comme le gothique sans avoir
d'ogives. - Sur un socle noir deux personnages à
genoux dans le même sens à gauche. Le socle
pose sur un massif creusé de 6 niches où sont
autant de statues séparées par de riches
pilastres à modillons sculptés ; les statues
des niches sont les 6 vertus cardinales : sur les pilastres
sont des moines à genoux. - La paroi à droite
des personnages, toute dorée, est formée de 8
pilastres avec leurs piédestaux. Entre les
piédestaux sont une série d'écussons.
Entre les pilastres encore 6 statuettes. L'être
affreux du milieu, le combat de St Michel
/20/ contre
le dragon. - La paroi se recourbe en voûte à
l'avant, avec 3 pendentifs & un entablement à
niches où sont assises 6 statues, ainsi qu'aux
pilastres. Au-dessus de tout cela se dressent des ornements
en pyramide. - À droite & à gauche du
monument, deux bandes ( ?) obliquement placées, de
même style, s'appliquant aux piliers de
l'église achèvent l'édifice.
Le fond de
cette chapelle (derrière le maître autel)
est occupé par un magnifique et gigantesque autel
tout doré qui va jusqu'au plafond. 4 colonnes
avec grappes encadrent un fort beau tableau (la mort de
quelqu´un avec des anges). À droite et
à gauche deux autres colonnes, & des statues
entre deux. Le tout porte un entablement sur lequel se
dresse une sorte de chapelle avec la Vierge & des anges
prosternés ; deux statues d'or terminent aussi les
colonnes extérieures.
St Maclou
. (EXTÉRIEUR) - Façade. 5 figurées,
3 seules servant. Le portail fait saillie ; il est
polygonal, les 4 portes latérales sont obliques,
celle du centre est en avant & parallèle à
la muraille. Elle a poussé le portail, et les autres
sont restées de biais.
[croquis06]
/20 v°/ Les trois portes de la muraille
du fond sont sur la même ligne, par conséquent
coupent la direction des portes latérales du portail.
- Chaque porte ogivale surmontée de son grand
triangle avec l'ove dedans & les 5 triangles
raccordés par des galeries peu
découpées & assez nues. - Derrière
s'élève le corps d'église. Une grande
rose, son triangle, 2 clochetons, reliés aux angles
de l'édifice par de longs contreforts angulaires, qui
dessinent la pyramide.
Portes de bois, sculptées par Jean Goujon,
pleines de relief & de mouvement : - Grand
médaillon, représentant une bergerie,
renfermée dans un cadre, que supportent 8 figures, 4
en haut relief, 4 en bas relief entre deux.
INTÉRIEUR.
Croix latine. - Grande nef 3 arcades à piliers
sans chapitaux, portant galerie à arcades
petites-dans-grandes & garde fous sculptés ; au
dessus, longues ogives vitrées.
Transept,
les roses à vitraux et galerie évidée
au-dessous.
Chur, au sommet, au lieu du plafond, trou noir
plongeant dans une tour tronquée.
/21/
Abside. Grand soleil avec nuages (écrivait
dans [l'] air en architecte). Les piliers
bordés du côté intérieur.
Autour de la nef principale, une nef latérale (qui ne
tourne pas le transept) & des chapelles à
côté.
NB. Un
remarquable escalier tournant à jour, à
la gauche de l'orgue, montant aux galeries, d'un travail
fin, riche & gracieux, à 3 spires - Sous
l'orgue, un autel.
(EXTÉRIEUR) Portail latéral, avec sa rose,
& les deux tours de flanc - La flèche de St
Maclou incendiée, voir le modèle de
l'église au Musée d'Antiquités en
pâte de papier : - La porte latérale de bois J.
Goujon. Double médaillon. Division faite par une
statue portée sur une colonne entourée de
lierre.
St Ouen
(INTÉRIEUR) Croix latine . Gothique ;
noircie, imposante ; surtout à la lumière ;
air de pluie. - De hautes et sévères ogives
à piliers, avec quelques encorbellements à 2
hauteurs, nues, macérées, cénobitiques,
les quelques filets rigoureusement nécessaires,
soutiennent une haute galerie vitrée, qui se
rattachent par leurs meneaux entrelacés, aux grandes
fenêtres ogivales, (à 5 compartiments) qui
joignent la voûte. /21
v°/ De bas côtés sans
chapelles et à grandes fenêtres courent le long
des nefs & des transepts. Ils prennent des chapelles
autour de l'abside, à chaque arcade.
Grande nef 10 arcades.
Transept 2 arcades Roses et galeries
aérées. -
Vestibule
Celui de gauche se prolonge en vestibule.
Nef d'abside 5 de côté, 1, impaire
à la tête de la courbe. - Une serrurerie
magnifique, relie les piliers de l'intérieur du
sanctuaire & sépare celui-ci de la basse nef
circulaire.
Roses, deux belles au transept. 1 Magnifique à la
façade : toutes inscrites dans des arcades
ogivales. - Il n'y a en verre blanc que les galeries.
St Ouen est resté grisâtre ; la
Cathédrale est jaunie de badigeon. Elles sont
à vue d'il de même vaisseau à peu
près.
Aux encoignures de la croix, de petites chapelles.
Cathédrale (Portail sur la Place Calade)
Symétrique à celui-ci, sur l'autre
côté, autre bout de transept, mais plus
dégagé et mieux terminé. Entre les
contreforts des clochetons, placés sur la couture de
la porte à ses tours, grimpent des statues, des
triangles, des oves, etc. jusque sur les côtés
pas visibles de face. (N. une touffe à fleurs
blanches à la naissance de la voûte.)
/ 22/ Les
chapeaux pointus plus intacts.
Mêmes
écussons
[croquis07],
mais plus de caricatures. Ce sont toutes des
scènes humaines, des groupes, des familles, etc.
Beaucoup plus décolorés, étant au midi,
& les autres au Nord.
Palais de
Justice. - FAÇADE. Au centre une tourelle
octogone engagée. Des deux côtés 4
arcades cintre-surbaissé, (1 petite contre la
tourelle, 3 grandes) soutiennent un étage de
fenêtres parallélogrammes à angles
arrondis, & surmontées de
[croquis08]
qui donnent de l'élancement. Au-dessus une frise,
puis une riche balustrade à jour divisent le toit
incliné. - Entre les arcades partent des contreforts
délicats, qui percent la frise, la balustrade, &
vont élever des statues dans les airs. - De deux en
deux ils sont unis par une mansarde magnifique en retrait,
qui se relie à eux par des arcs sur deux hauteurs ;
taillée en ogive, surmontée de triangles, de
clochetons, de dentelles, elle affecte un ensemble pyramidal
de goût exquis, qui se détache sur l'ardoise du
toit incliné. 4 mansardes, 2 anciennes, 2 nouvelles.
-
Moulures,
dentelles autour des arcades, des
/22 v°/
fenêtres, des balustrades, de la tourelle à
profusion et & délicieuses.
À gauche,
& perpendiculairement à cette façade est
la façade beaucoup moins belle et plus
récente, où est le grand perron, la salle
d'attente d'où rayonnent les divers tribunaux. -
Noter le plafond du Tribunal criminel, relevé
en caissons dorés énormes, mais de forme
disgracieuse (voyez ci-contre) la figure
génératrice est le pentagone disposé en
série sur des lignes obliques entr'elles &
ménageant des triangles dans les
espaces.
Maisons. (Rue Martainville entr'autres) pour les
vieilles maisons, à 2 ou 3 étages, pignon aigu
sur rue, murailles bariolées de poutres noircies
& de briques couvertes de plâtre dans
l[es] intervalles, fenêtres, lucarnes,
gouttières à l'avenant, allées
quelquefois si étroites que dans une je ne pus faire
entrer mes épaules de front. Au bas, de petites &
sombres boutiques, regorgeant de toute espèce
d'industrie, qui grouillent, brocantent, troquent, ravaudent
avec le bruit d'une fourmilière.
Voilà la
vieille ville, c'est-à-dire : encombrement des rues,
surtout dans le parties du Nord et de l'Est.
Quelques unes de ces maisons sont de pierre jusqu'au premier
; & / 23/ [croquis
09] un tout petit nombre ont à ce
premier des fenêtres de goût moderne -
Noté 1. une à 4 fenêtres de face,
2 à plein cintre entre deux carrés longs
à petit fronton au-dessus - 2. une, toute de pierre
à 4 fenêtres de face, 2 à plein cintre
entre deux carrés longs à petit fronton au
dessus - 2. une, toute de pierre à profondes moulures
encadrant toute la petite façade &
séparant les fenêtres 2 à 2. Les
moulures figuraient pilastres ingénieusement par une
simple saillie aux coins (voir
ci-contre)
[croquis10]
Vues :
1°/ Du Pont-Suspendu (par 4 hautes &
grêles colonnes, reliées par des arcades
aériennes, de mauvais goût), la Seine large,
entre deux quais considérables, couverte de
goélettes, de bricks, d'allège (ou bateaux de
hâlage) et d'un ou deux trois-mâts. Le port est
de 8 à 180 tonneaux. - Coup d'il plein de
pittoresque, et d'originalité.
2°/ Mont
Ste Catherine, à ¼ de lieue de la ville. Vue
admirable. À pic du côté de Rouen. Sorte
de carrière. Fait un effet pittoresque & varie
les lignes du paysage. Monté par le vallon de
.. où passe la route haute de
Paris. - De son sommet, près d'un
télégraphe de commerce abandonné, vue
immense : (Face à la Seine), Plaine de Sotteville
rayée par le rail-way de Rouen à Paris.
À nos pieds la Seine blanchâtre couleur revers
de feuille d'olivier /23
v°/ chargée d' îles,
bordée d'usines aux longues cheminées rouges.
Même côté, bourgs de Sotteville et de St
Sever (le faubourg de Rouen) : horizon plat et lointain, la
Seine se recourbe sur la droite. -
Tournons-nous vers Rouen, au-dessous de nous. Il
étend sa fourmilière & s'allonge dans la
direction de toutes les routes, d'Amiens, de Paris, du
Havre, etc. comme une araignée & ses bras. Le sol
se relève en un coteau vert (Mont aux Malades)
arrondi, qui se courbe derrière Rouen, et se prolonge
derrière Ste Catherine en ménageant la
vallée de St Hilaire à Darnetal où
coule Robec (rivière des teinturiers).
Rêvé
là-haut. - Quelle différence entre une ville
et une fourmilière ? Une seule peut-être : les
immenses élans de pierre, ces 3 églises qui
font tournoyer au dessus des prosaïques & mesquines
tracasseries, une pensée différente. -
Supposez-vous géant de 200 toises seulement et
poussez du pied cette fourmilière pour voir
l'intérieur des fourmis. Étudiez cette
société microscopique.
Conseil. Ne
prendre de graves résolutions que sur les
hauteurs. Elles agrandissent tou-
/24/ jours le
point de vue. - Si 2000 pieds le changent tellement, que
sera-ce vu du ciel ! - Pascal
parle de vérités à la droite d'un
fleuve qui sont mensonges au-delà. La
différence produite par l'espace n'est rien
auprès de celle produite par la hauteur
..
(les deux lignes réunies formant la croix
contiendraient-elle encore ce mystère ?).
Pourquoi sont
faits ces entassements de maisons ? Pour associer des
forces, des hommes, qui veulent se développer avec
toute leur puissance & se divisent le travail
pour
former l'état social, avec ses cinq
éléments (Segrétais) , Religion, Art,
Politique, Philosophie, Industrie. - Il y a deux routes ; 1/
observer l'univers pour se mettre à l'unisson, pour
se réunir à la nature ; 2/ partir d'un
instinct personnel & dompter la nature, brûler ses
fruits, troubler son cours, tuer ses animaux, fendre ses
montagnes, déchirer ses flancs, la courber et
l'asservir. - La 1ère route, c'est la contemplation,
la fatalité, le panthéisme ; la 2de c'est
l'action, l'indépendance, le Dieu personnel &
actif.
/ 24 v°/
Rouen, patrie outre Corneille &
Fontenelle, de Boïeldieu & Dulong. - Deux Casernes
-
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LE
HÂVRE - TABLE
DES
ETAPES
De ROUEN au HAVRE Vendredi 23 Juin.
Descendu en
bateau à vapeur. Beaucoup meilleur que celui de Paris
; 1ères places à l'arrière, l'autre
à l'avant.- Tous deux ont servi pour leur part au
transport des cendres de Napoléon, Décembre
1840 -
(Compagnons)
Antonin Roux, et par grande surprise
Alfred
Escher, zurichois et président central, qui
vient de passer 6 mois à Paris, mais qui a trop
besoin de travail vigoureux pour y rester plus longtemps. Il
est docteur en droit : Thèse, les témoins
du temps de Cicéron, travailla de 4 du matin
à 8 du soir, sauf deux heures & ½ pour le
repas, le cheval & bain, pendant plusieurs mois ! Son
père a demeuré 25 ans à Paris, et y a
beaucoup d'amis (Hottinger banquier) qui s'arrachaient
Escher.
- Causé sur la philosophie - Dîné
ensemble avec Roux, dîné 12 francs pour 3
beaftecks, plat de petits pois & fraises ! -
/25/
Départ de Rouen, ravissant. Ciel
d'azur, rives vertes, gaies, variées, en plaines d'un
côté, en coteaux de l'autre ; tout un air
d'allégresse, de vie et de fraîcheur. Brise et
soleil maintenaient une charmante température. - Iles
avec beaux peupliers, leurs saules, & quelquefois une
petite maison dedans, un cheval paissant, etc. Du reste peu
nombreuses.
En route, abbaye
de Jumièges, du 6e ou 7e siècle ;
comptait 2000 religieux. Avait le cur d'Agnès
Sorel & son tombeau dévasté à la
Révolution. La flèche est détruite ;
restent les deux tours carrées de la façade. -
la Mailleraye château laid, irrégulier
d'ailes et de corps, surtout du côté de la
Seine, mais parc magnifiquement vert & bois entretenu.
Colonne sur la place où déjeuna la
duchesse de Berry ! Là vécut Mlle de
Lavallière à l'âge où l'on
apprend l'amour ( !)
- Port de Caudebec, belle position. Beaucoup de
bâtiments stationnaient au-dessous, dans un coude de
la Seine. - À Quilleboeuf, la rivière
s'élargit énormément, ou plutôt
c'est déjà le golfe où elle fait son
embouchure. Plus de courant, eau salée ; si peu de
profon- /25 v°/
deur que nous nous ensablâmes, et
dûmes attendre ½ heure la marée montante.
En attendant nous dînions.
De Quilleboeuf au
Hâvre, vraie mer pour la largeur. - Couchant pur &
magnifique, bande orangée fondue dans le bleu. -
Entré au port pendant le crépuscule : deux
phares brûlaient sur le sommet des côtes, et un
feu tournant éclairait l'extrémité de
la jetée.
Resté au
Hâvre 3 jours, Samedi, Dimanche, Lundi, bien
malgré moi, mais toujours courant après Mons.
Edouard Monod, pour qui j'avais une lettre de Paris (de
Gust. Monod, médecin , son frère ; genevois)
rue Dauphine son bureau, à Ingouville son habitation.
Manqué à l'un, manqué à l'autre
; à la 5e fois trouvé enfin. Me gardera ma
malle, sac de nuit, & carton de chapeau. Emporté
seulement mon havresac pour une tournée en
Basse-Normandie à la recherche des bains. - Ceux de
Frascati, grand genre, bals, feux d'artifice, table
d'hôte à 3.50, des murailles et un terrasse sur
une grève, ne m'ont pas attiré du tout. J'ai
visité. /26/
Le bain (sans linge) est de 50 centimes, ou
10 francs les 25 cachets. Petites cabines de toile.
Le
Hâvre. Entrée du port étroite,
au-dessous de la grande jetée de l'ouest à
l'est, où la société de tout genre
vient voir passer les navires, les remorqueurs à
vapeur, les chaloupes : vue animée ; au fond le golfe
de la Seine, Honfleur, les côtes du Calvados
disparaissant sous l'horizon ; à droite flotte
à l'ancre attendant le vent (j'ai compté 70
navires). - Cinq bassins s'entrecoupant à angle droit
forment le port : Bassins du Roi (du Rouet, comme on
dit au Hâvre), de l'Ile, de la Barre, du
Veaumarin, & Vauban. Séparés
par des écluses pour fermer sur la marée
descendante & conserver l'eau à volonté.
Dans celui du Roi, le reflux laisse à sec le fond :
spectacle curieux, les vaisseaux debout dans la vase.
-
|
Marée de 14 pieds en moyenne, 11
pieds à 18 pieds [de]
variation au Havre.
Pour les heures :
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Jour de la nouvelle lune
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Grandes eaux
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- 9h
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Basses eaux
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- 3 h.
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Jour de la pleine lune :
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Grandes eaux
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- 3.
|
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Basses eaux
|
- 9.
|
|
/26 v°/
Chaque jour intermédiaire, retarde de
¾ d'heure [Cela ferait 12 x ¾ ou 9 heures de
différence en 12 jours tandis qu'il n'y en a que 6 :
Ce sont les chiffres qu'on m'a dit sur le port].
Les plus
grandes marées sont aux lunes de Mars. Arrivent
quelquefois à 20 pieds.
Annonces:
À la jetée est au mesureur. À un
mât, il suspend 1 grosse boule noire de toile
goudronnée pour 11 pieds de marée, - 2 boules
pour 12, ainsi de suite : une flamme au sommet indique les
demies. - Près des phares est un second signal, qui
copie le premier, & du haut de la côte transmet en
mer la hauteur des eaux dans le port.
Coiffures
curieuses: Grande tenue des femmes des environs. Immense
coiffure, en forme d'éventail cintré à
l'avant, & du bord s'échappant une longue bande
flottante, le tout blanc. Beaucoup trop grand,
disproportionné.
Promenade
(avec Escher & Ant. Roux) :
Côteau
d'Ingouville, vue magnifique ; répétition
/27/ très
agrandie de celle de la jetée (nous sommes trois
à quatre cents pieds plus haut). - Là sont les
riches maisons de campagne. - Deux chaumières
cachées par des enclos de feuillage, & des
jardinets fleuris : on y donne à manger, & il y a
du lait chaud. - Traversant une déchirure ou petit
vallon, nous remontâmes aux Phares : dix
réflecteurs, sur deux rangs, argentés, mais
fixes, éclairés à l'huile ; sont peu
remarquables. Même vue.- Auprès est la vigie
d'où l'on signale les vaisseaux avec leur port, leur
pavillon & leur nom même. Des bateaux pilotes
partent aussitôt.
- La côte est une falaise de terre caillouteuse,
presque à pic ; minée journellement par la mer
lors des tempêtes.
Curiosités : 1°/ Notre Dame
cathédrale : façade Renaissance. Colonnes
engagées, mêlées d'assises circulaires
& carrées : 3 portes, basses, avec des
. en bas-relief au-dessus. Le clocher court, sur
la droite, pas de pendant à gauche. Entourée
d'une balustrade avec palons [G.L.XIXe ; Litt. ; Dict.
d'architecture religieuse]
- 2°/ St François ; façade de
l'année 1849. /27
v°/ Sur les côtés, des
fenêtres à dessus ogivaux plus anciennes. -
3°/ place de la Bourse , le beau quartier, place
des cafés d'élite, des spéculations,
carrés de verdure & bancs, au bout d'un des
bassins. En face est le Théâtre incendié
l'année passée ; grand, isolé, bien
supérieur à celui de Rouen : les 4 parois sont
debout, tout l'intérieur est vide, par les
fenêtres de l'horloge, sortaient des flammes qui ont
tracé leur passage. Une mère & sa fille y
ont péri. - 4°/ Manufacture de tabac;
seulement deux sortes en poudre & à presser :
500,000 kilog. de chacune par an. Odeur asphyxiante. -
5°/ Paquebots américains ; visité
le Taglioni de Boston, de 1000 à 1100 tonneaux,
à voile, 3 mâts, place pour 6o lits de
passagers. Superbe navire. - 6°/
Machine
hydraulique de Graville - 7°/ Essayé en
vain de visiter le Napoléon,
bateau à vapeur nouveau, pas de roues, à la
place une hélice, près du gouvernail, de 5
pieds de long, 3 de large, à 3 pas de vis
/28/ seulement,
enfoncée dans la carène, & ne faisant pas
de saillie. Son axe entre dans 2 étambots. Ce simple
moteur lui fera filer 10 nuds à l'heure.
Servira de Poste. N'est pas achevé. Vraie magie ; ira
comme par mouvement volontaire, puisqu'on ne voit rien. Tire
11 pieds d'eau à l'arrière, quatre ou cinq de
moins à l'avant. Trois mâts, cheminée
large et courte ; qui brûlera la voile voisine.
Le Tage,
le Sphinx énormes vaisseaux à vapeur
pour Londres ou Southampton. - Le port (selon un marinier)
pourrait contenir jusqu'à 400 ou 600 navires.
[Écrit à Laure*, jusqu'à 1 heure du
matin]
& à
David, avec le paquet de Didier.
_____________
Mardi 26 Juin 1843
Sept heure du
matin parti par vapeur pour Honfleur. - (Escher était
parti Dimanche déjà pour Dieppe, Eu,
Abbeville, Amiens, Metz, Strasbourg, Bâle & Zurich
- Garçon plein d'ardeur, mais peu rêveur,
positif, voulant être spécial, et ne
s'intéressant à rien autour du droit, de peur
de diminuer sa capacité de jurisconsulte. Parce qu'il
a vu Paris, ne daignant pas regarder le reste.
/28 v°/
Honfleur. Port tranquille. Eglise :
Ste Catherine à deux nefs parallèles,
donc pas de centre : l'orgue et l'autel sont dans celle de
gauche. Construite en bois, revernie, voûtée
ogive. Façade de pierre moderne ; intérieur du
5e siècle. (Manqué les deux tableaux de
Quellyn et
Jordaens,
élèves de Rubens) - 2°/ St
Léonard, portrait du XIIe siècle ;
parallélogramme supportant un triangle à
sommet tronqué horizontalement par la base de la tour
octogone de bon goût (mais plus moderne & de style
différent) qui s'élève au milieu. Trois
portes, les deux de côté fort
étranglées, serrées dans une ogive dont
le haut fait fenêtre et le bas porte. Chaque porte
flanquée de contreforts ; en outre deux aux angles.
Les deux de la porte centrale, montent jusqu'au sommet,
à la base de la tour, et contiennent le cadran de
l'horloge. - Les deux côtés montants,
prolongés, formeraient avec la corniche qui termine
le parallélogramme, un triangle
équilatéral. - Galerie au-dessus de la porte
centrale - En tout, sobriété d'ornements, mais
pleine de charme. /29/
3°/ Côte de Grâce :
une promenade ombragée & rapide mène au
sommet de la côte, où se trouve la Chapelle
pleine d'ex-voto. En avant, esplanade d'arbres, avec un
crucifix ; vue très étendue, sur la mer &
les côtes de Normandie. - Chapelle, basse, forme de
croix grecque, voûtée en ogive, des autels
colonnes tous aux trois bouts (la porte au 4e) ; de
mauvaises statues de bois verni dans des niches tout le
tour. De petits vaisseaux suspendus à la voûte,
des tableaux de coups de vent sur les parois, le plus vieux
de 1754. On officiait : femmes de marin ; coiffure de deuil,
sorte de haute toque de soie noire, énorme ; deux
bandes volumineuses, détachées du sommet, se
nouent à leur extrémité & couvrent
les épaules.
Costume
ordinaire des femmes : des bonnets de coton à
mèche, comme nos boulangers ou mitrons. Avec les
cheveux des tempes recoquillés. Quelquefois petits
minois agaçants.
Malgré
temps nébuleux, parti à pied par la côte
pour Trouville (3 heures). - Paysage : Sur la hauteur,
chemin boisé, puis bruyère.
/29 v°/
Descente rapide, et tout le reste du chemin par le bas ;
chemin délicieusement ombragé.
Villerville [orth. d'Amiel :Vierville] ,
Hennequeville [orth. d'Amiel : Henkeville].
Reçu ¾ d'heure de pluie pour faire servir mon
beau parapluie de Rouen. -
Rencontres
: deux pauvres diables, un homme et sa femme, qui vivent
en vendant du plantain. Couchent dans les villes pour 3
sous, dans les campagnes pour rien ; n'ont que les habits
qu'on leur donne, et vivent avec dix sous par jour.
Mêmes habits, hiver et été ; pas de feu
en hiver ; jamais de viande, vivent de salade, de soupe, de
légumes, quelquefois d'un uf ou deux.
L'hôpital leur paie le passage (bateau de transport du
Hâvre à Honfleur), & leur ouvre des salles
chaudes en hiver. Quand le plantain est passé (ils
doivent presque le cueillir en maraude), ils vendent du
cirage dans le pays de Caux, ne connaissant pas les routes
ailleurs. Avec ça, honnêtes, reconnaissants, ne
voulant pas frayer avec les mauvaises gens, &
nourrissant la vieille mère.- Une tournure
effroyable. /30/
D'autres gens viennent de découvrir
leur niche ; ils craignent de perdre leur gagne-pain. - Une
charge complète leur vaut, vendue, cinq francs
; ils vivent dix jours à vendre cela et puis
retournent. - Un homme qui allait à Hennequeville,
que j'ai abrité sous mon parapluie par des
torrents.
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TROUVILLE
- TABLE
DES ETAPES
Trouville. De la hauteur où je la vis, me
parut dans une position charmante. Un
amphithéâtre verdoyant, semé de champs
& de bouquets de bois, au fond duquel coule la Touque,
tel est mon entourage. Plus loin, je voyais naître une
nouvelle courbe, qui descendait vers la mer, & le soleil
qui reparut me colora tout ce beau paysage tandis que
l'océan à droite encadrait les lignes
gracieuses & variées, de la grandeur inflexible
de sa plaine bleue.
Presque tout de
maisons neuves. C'est un village qui se forme pour ainsi
dire comme aux Etats-Unis : d'année en année
il ne se reconnaît plus. À côté
des chaumières se trouve déjà
pharmacien et magasin de nouveautés. La partie
vieille est surtout vers la rivière ;
/30 v°/ la
nouvelle s'allonge sur la plage. Très-peu de
baigneurs encore. En 1842, au mois d'août, il y en
avait 1500. On prépare tout pour en recevoir
davantage. Deux ou 3 maisons sont en pleine
préparation.
Prix : Hôtel du Roy, 5 francs par
jour
Hôtel de la Plage 2 francs la chambre
seule.
Hôtel À la Providence (sans vue) 1
fr. la chambre ; 3 francs par jour.
Couru tout ce qu'il y a à louer : les autres
endroits sont plus chers.
Pris un bain
de mer à 9 heurs du soir ; par un couchant rouge
entre des nuages. Causé avec un Irlandais et ses
enfants. - La plage de sable, magnifique, douce, toute
à un seul propriétaire, 600 mètres. Il
fait une maison où seront des chambres à 1
franc par jour.
Salle de
bal.
_____________
Mercredi 28 juin.
Journée
de 11 heures de marche, par des chemins ou de terre ou de
sable, terminé par une demie-lieue pavée.
Pluie au beau milieu, /31/
traversée de prairies trempées
, pour éviter des chemins argileux tout
creusés & abîmés. Bref, aujourd'hui,
Jeudi, en me levant je suis encore
éreinté.
Après 6
heures de sommeil, parti sur mes jambes, par les
grèves, après le bac ; jusqu'à
Villers deux heures ; moitié par la hauteur ;
rencontré des chevaux, des femmes à bonnet
pointu de coton, visité l'église solitaire de
Bénerville (je crois), au sommet d'une
côte élevée, était fermée
; du reste nue, grise, rongée par les vents de mer.
Entre Villiers et Dives commencent les
falaises, non de roc, mais d'argile ; passé une
tuilerie ; le sentier grimpe le bord de la falaise,
éboulée et fendue ; la mer jaune, furieuse
battait au pied de ces remparts minés, & je
mesurais de l'il la chute, si l'argile
desséchée qui me portait était
tout-à-coup tombée dans les flots.
À
Villiers la commune a fait des économies, elle
a mis le chemin dans le ruisseau ; et cela dure longtemps,
toute la côte, tant qu'il y a un ruisseau.
Après le chemin est seul.
/31 v°/ De
Villiers à Dives, 21/2 heures
par l'intérieur (La mer couvrait la grève, il
était 8 heures). Après ce chemin-ruisseau, une
longue traite de moissons, un sentier de traverse
coupé par des barrières, etc. -
À Auberville, entré dans une habitation de
paysans qui mangeaient la soupe : bu deux jattes de lait,
& fait causer ; ½ heure de repos.
Étonnement, mains jointes, de la femme, quand je lui
parlai des chemins de fer. Elle disait que quoique Suisse je
parlais français comme eux .
Avant Dives,
descente rapide par un sentier où il n'aurait pas
fallu se tordre le pied. - Dives, petit port : baigneurs.
Belle plage. Mon aubergiste donnait à vivre pour 3
francs par jour. - Pluie. Dîner. Dormi trois
heures.
De Dives
à Sallenelle [orth. D'Amiel : Savenel]:
suivi les côtes d'un golfe mais sans le voir ; un
troupeau de dunes monstrueuses, accroupies sur le rivage, me
le cachaient. /32/
À droite, plaine immense, avec des
blés, du bétail paissant, quelques bouquets de
bois, solitude, abandon, repos, mais non pas silence, car la
voix de la mer hurlait sur la droite. Seulement pas
d'hommes. - Rencontré une charrette. - Sur ces dunes
jetées confusément & toutes de gros sable,
à moitié fait de détritus de
coquillages, c'est-à-dire ayant en elles la vie de
milliards d'êtres, qui ont passé dans des
siècles antérieurs, ne croissait que des
mousses rases, d'un brun jaune, bigarrées de thym,
avec quelques myosotis bleus & quelques cloches roses,
ou le plus souvent, de longues herbes dures, minces,
luisantes, flexibles, qui seules agglomèrent les
sables mouvants.
Sallenelle, port. La grève, l'eau étant
basse, était de plus de ½ lieue jusqu'aux
vaisseaux, tant la plage est plate. - Le sable avait
absorbé la pluie. Mais après Sallenelle le sol
d'argile offrait une route délayée, vaseuse,
avec des ornières profondes, & pleines d'eau,
où le pied portait /32
v°/ en glissant. Traversé des
foins trempés pour rejoindre un sentier moins
mauvais, mais bien assez, qui longe la Rivière-Neuve,
canal. - Bu du lait dans une ferme ; la brave Jeanne m'en
accabla : a perdu 3 fils autour de 20 ans, par chaud et
froid. Je disputai l'entrée aux moutons.
À
Ranville, commence une meilleure route. Mais que de
coins & d'angles de trop j'ai dû faire ! Enfin
Closset [?], puis Caën, et son
interminable faubourg, maison d'un étage, avec une
fenêtre ou deux de face. De Dives à Caën,
6 heures de marche, de 4 1/2 du
matin, 10 1/2 heures.
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CAEN
-TABLE
DES ETAPES
Jeudi 29 juin.
CAEN St
Etienne
INTÉRIEUR. Curieux par la réunion du
plein-cintre & de l'ogive. Le plein cintre fait le motif
essentiel ; la Grande nef, 8 arcades plein cintre à
piliers supportant un étage tout semblable mais moins
haut, faisant large galerie qui a une
/33/ balustrade
de pierre dont les ornements figurent des X. À la
petite corniche qui surmonte le second étage,
commence la voûte plein cintre nervée en pierre
de taille
[croquis11]
incomplète. Un 3e étage de petites
fenêtres, règne entre les nervures ; elles sont
flanquées deux à deux d'une seule arcadette
sur le côté intérieur, qui ne trouve son
pendant que dans celle de la fenêtre voisine, puisque
l'autre côté de la fenêtre en manque. Une
colonnette unique à chaque pilier part du sol et
monte jusqu'aux nervures. Les deux premiers étages
sont de même profondeur. Ils ont tous deux leurs
fenêtres à verres blancs [à]
petits carreaux, mais au 2e étage elles sont fort
petites. - Les nefs latérales sont
voûtées ogivalement (Croix latine).
Chur. Sorte de coupole à nervures,
portée par deux étages quadrangulaires, l'un
de galerie à 3 arcades plein cintre, le
2d de 3 fenêtres.
Transepts.
Courts, formant 2 chapelles.
Abside.
L'ogive y domine 4 arcades. - Le 2d
étage seul garde le plein-cintre, & encore chaque
arcade se subdivise en deux ogives avec un trèfle
dans leur écartement. Le 1er est devenu ogival ; le
balustre de pierre a disparu ; à la place, des
étoiles (à 6 pétales) en creux dans le
mur, flanquent chaque ogive. La longue colonnette unique,
devenue beaucoup plus grêle, ne part plus que du
chapiteau des piliers gothiques
/33 v°/ et
se laisse entourer d'un anneau par la corniche du 1er
étage. - Le 3e étage au lieu de 1
fenêtre en a deux, qui ont devant elles 3 arceaux
légers gothiques, 1 grand 2 petits.
Tête de
l'abside, 7 arcades tournant, 1 sur l'axe, 3 de
côté, ogives étranglées
supportées par des colonnes, en dedans vers l'autel,
recouvertes de stuc & chapiteaux dorés. - Le
style change. Autres colonnes au lieu de piliers, au 1er
étage - au 2d ogives au lieu de plein cintre, au 3e
une seule fenêtre au lieu de 2. Conséquence de
l'étranglement .- Les roses en creux
disparaissent.
Porte principale, à l'intérieur
surbaissée, chargée de l'orgue, au-dessous
duquel 3 arcades plein cintre.
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Grande nef, plein cintre
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XIe
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Résumé. 3 styles
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Nef abside, ogive
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XIIe
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Tête d'abside, ogive plus
aiguë
|
XIVe
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Sépulture
de Guillaume le Conquérant. Plaque correspond
au caveau. Inscription (Hic sepultus est
[invictissimus] Guillelmus Conquestor, Normanniae
dux, [et Angliae rex,] hujus ce domus,
conditor, qui obiit anno MLXXXVII.)
/34/ Sa femme est
dans l'abbaye aux Femmes ;
St Étienne est l'ancienne abbaye aux
hommes.
EXTÉRIEUR. Façade. Carré
surmonté de deux tours ; carré divisé
verticalement en parties inégales, une grande
flanquée de deux moindres, par 4 contreforts
totalement nus & lisses. Chaque partie a en bas une
porte plein cintre, petite. Au-dessus deux étages de
fenêtres plein-cintre sans chapiteaux ni ornements
anciens ; trois dans la partie du centre, 1 dans les deux
autres - Entre les deux tours, la muraille se prolonge en
triangle.
Tours des
clochers. Style roman presque identique. 3 étages
quadrangulaires soutiennent une grande flèche de
pierre par à jour. Les 2 premiers étages sont
formés d'arcades excessivement étroites, plein
cintre ; 7 au premier & pleines, 5 au second, dont 2
ouvertes. - Au 3e étage, 2 grandes arcades,
divisées en deux petites en retrait. Chaque
étage a sa corniche.
Flèches
octogones sans jours ; avec des tuiles figurées. Une
seule est du XIe. Celle de droite est du XIVe. Ne
diffèrent que par la nature des clochetons, 4 grands
aux angles, 4 petits aux faces, plus ornés &
ogivaux dans celle de droite, plus nus & cintre de
l'autre.
Aux 2 tours, un
angle (sur le côté qui
/34 v°/
regarde l'église l'angle extérieur) se change
en tourelle ronde d'un bel effet, qui monte aussi haut que
la partie quadrangulaire & répète en
saillie toutes ses lignes.
La grande
flèche qui surmonte où le chur fut
détruit par le canon anglais, un promenoir à
balustre carré en fait le tour. - Deux clochetons
à chaque bout du transept.
Murs de
côté sans contrefort. Suite d'arcades non
interrompue, 2 figures entre les feuilles
réelles.
St Nicolas
Même style que St Étienne, même
temps. Maintenant fabrique de plomb. Une seule tour
à droite, deux étages, bourgeon de
flèche. La tourelle à l'angle
intérieur, octogone au lieu de circulaire. 1er
étage nu, 2d à 2 arcades plein cintre ;
balustrade au-dessus. - Façade nue, avec
fenêtres de prison.
St Jean.
Extérieur : La porte ogivale fait toute la
largeur, flanquée de contreforts à nervures
tout déviés vers la gauche & comme
menaçant chute. Au-dessus monte le clocher, un peu en
retrait. Une partie pleine avec arcades figurées
& contreforts supporte un clocheton quadrangulaire tout
rayé de nervures verticales, ménageant 8
fenêtres démesurément longues
voûtées en ogive, surmontées d'une
attique ornementée avec 3 gargouilles, sur laquelle
tourne la balustrade du clocher. - (Les deux longues
fenêtres sur chaque face sont flanquées aux
angles de 2 plus étranglées encore et
pleines.) - En retrait des balustres s'élève
une flèche écrasée, presque
équilatérale, surmontée du coq.
INTÉRIEUR : Croix latine. Mais, chose rare, la
nef d'abside plus longue que la grande nef, (4 arcades sans
/35/ compter
les 3 tournantes du fond, tandis que la grande nef n'en a
que 3, une 4e vers l'entrée, prenant vestibule
à part, séparé par une ogive
transversale. - Toute de même style : Ogives
élancées, piliers bas, balustres
sculpté à jour [croquis12],
entre deux corniches fouillées. Au-dessus les ogives
vitrées [croquis13]
s'encadrant dans la voûte.
Transept
arcades. - Une nef latérale et son enfoncement de
chapelle tout le tour. - À l'abside vitraux de
couleur. - Le maître autel élevé de 4
marches - Un ciel d'or à rayons appliqué aussi
en emplâtre à la paroi de l'abside.
Pas de rose. - Au
transept, le balustre diffère, il naît en X de
8 pieds,
[croquis14]
et s'abaisse subitement pour laisser de plus grandes
fenêtres.
Chur
surmonté d'un dôme quadrangulaire, formé
par 4 grandes ogives entourées de moulures
fouillées, avec une petite fenêtre ronde en
haut ; un balustre à jour règne autour.
/
/35 v°/
Abbaye aux Dames. (Appelé
l'Hôpital) : sur le côté droit de
l'église, deux maisons en avant et en arrière
du transept, sont aux religieuses.
EXTÉR. Même temps que l'abbaye aux
Hommes. Faite pour Mathilde sa femme par Guillaume Le
Conquérant. XIe siècle. Façade.
Disposition analogue à celle de l'autre abbaye. Une
masse carrée surmontée de deux clochers
moitié moins hauts & sans flèche. La
partie carrée, divisée dans sa largeur par 4
contreforts, & dans sa hauteur par 3 filets. - 3
Portes plus grandes, faisant porche un peu
enfoncé, avec colonnettes engagées & 3
rangs de moulures romantiques, et une montant en zig-zag
[croquis15].
Fenêtres différant en nombre et en
grandeur. Plus d'art & d'ornement qu'à l'autre
église : 1er étage, partie centrale, 3
plein cintre, moulures, colonnettes et zig-zag comme
à la porte. Au même niveau, à droite et
à gauche, au-dessus des portes latérales 1
fenêtre, plus petite, sans ornement. - 2d étage
: deux fenêtres même ornement au centre &
deux figurées ; coupent le filet de corniche ; partie
latérale, au dessus du filet, 3 plein cintre
figurées.
- Entre les deux tours, triangle de muraille, mais
percé d'une fenêtre
[croquis16]
d'époque postérieure.
Clochers
Un étage orné de 6 arcades
étranglées & pleines, supporte une haute
attique, trouée dans le
/36/ haut de 6
lucarnes ovales, contre lesquelles des modillons
allongés montent soutenir la corniche sur laquelle
pose le balustre à jours , massif, qui entoure la
plateforme finale : pas de flèche.
À l'angle
extérieur du côté qui regarde
l'église, les clochers ont leur renflement en
tourelle ronde qui là où cesse le
clocher s'élargissent & s'épatent en un
lourd contrefort percé de lucarnes
énormes.
Sur le
côté au lieu d'arcades égales,
chaque fenêtre est flanquée de 2 arcades plus
petites, pleines, et entre les groupes de trois montent des
contreforts, qui s'appuient au toit que borde une ligne de
modillons.
Au-dessus de
la croisée , s'élève une tour de
même hauteur que les autres, postérieure, car
les arcades qui l'ouvrent (3 par face) sont ogivales -
Une flèche basse octogone, non de pierre, est
posée sur la plateforme entourée de sa
balustrade. - (Il y avait 3 flèches de pierre :
détruites par le canon anglais).
INTÉRIEUR. Beaucoup plus petit qu'à St
Etienne. 6 arcades plein-cintre, avec deux pilastres
à colonnes ornées de
[croquis17]
traits convergents alternés, soutiennent une sore de
galerie pleine
[croquis18]
, en forme de niches rapprochées, au
dessus desquelles sont les fenêtres plein cintre,
flanquée des deux côtés des
petites arcadettes d'ornement. Entre chaque arcade grimpe
une colonne longue du sol à la voûte.
Voilà la grande nef.
/36 v°/
À la nef d'abside les
fenêtres s'allongent jusque sur les arcades, chassant
la galerie pleine, perdant leurs arcadettes, & la
remplacent par des niches intercalées. 2 arcades de
côté, 5 au fond du contour. Tout plein cintre.
Voûte de l'abside basse et peinte à
fresque.
Dans le
transept, cylindres au lieu de colonnes ; ni base ni
chapiteaux. Un seul étage de nefs
latérales.
Crypte au
dessous du chur : 24 colonnes petites
rapprochées, soutiennent des voûtes
multipliées. Le fond en hémicycle, autel dans
lequel on cacha le tombeau de Mathilde en 93. - Inscription
tumulaire dans le chur - C'est la chapelle
souterraine. Barres tout autour.
Traversé les salles de l'Hôpital (280
malades).
St Gilles,
toute voisine. - INTÉRIEUR. Encore
mélange de transition ( ? XIIe ) : Nef principale, 8
arches plein cintre, de 9 à 10 pieds de haut ;
voûte ronde - Le reste ogival (nef d'abside,
bas-côtés, fenêtres). - Autour de la
grande nef, sur les arcades, comme une petite galerie en
arcadettes ogivales, pleines.
EXTÉRIEUR. : Quoique basse, contreforts (pour
chaque pilier intérieur), avec clochetons à
épines, & gargouilles.
St Pierre.
EXTÉRIEUR. Pas forme de croix. Une seule tour,
à droite du spectateur de la façade. - Deux
styles : gothique pour le clocher et le corps de
l'église. Mais l'Abside est
/37/ de ligne
ronde, XVe ou XVIe siècle, très-riche
d'ornements, couleur bronzée ; cinq chapelles en
appendice extérieur, une sur l'axe surmontée
d'un étage à lunettes rondes, les 4 autres
seulement au bas côté, à l'étage.
Ce sont des octogones engagés, 3 faces seules sont
libres. Sur chaque face une fenêtre plein cintre sans
chapiteau, 8 ou dix filets concentriques,
séparées par des pilastres angulaires, &
dans les tympans, des ornements en relief de très bon
goût. Au-dessus tourne une balustrade superbe,
surmontée de clochetons de même style. La
chapelle de l'axe a des pilastres ornés en
candélabres, soutenant une attique où posent
les lunettes rondes, & que surmontent le second
balustre.
Côtés. Celui vers la place est le plus
dégradé ; les ogives n'y sont pas même
toutes égales, & plusieurs ont leurs meneaux
détruits. C'est pourtant le côté du
clocher. - Mais voyons l'autre. Neuf ogives, à
feuillage sur les bords, & surmontées d'une
corniche fouillée & d'une belle balustrade,
forment le bas côté. Il porte les arcs-boutants
cintrés, suspendus, surmontés en bas de
clochetons ornés, pointus, qui étayent les
parois du corps central. Celui-ci à 9 ogives meneaux
flamboyants, corniche fouillée & balustrade
différente. - Les arcs-boutants partent d'autres
clochetons à leur extrémité
supérieure. - Après les 9 ogives, est une
belle porte latérale, au-dessous de la tour qui
manque, profonde, avec 5 zônes de niches à
dais, montant au-dessus de l'ogive sur le balustre, puis une
arche plein-cintre avec faî
/37 v°/
tures, surmontée du triangle gothique, à jour,
aérien.
Façade. C'est tout ce qu'il y a de plus laid.
L'irrégularité même. À droite une
maison particulière oblique, poussée dans la
retraite de l'édifice. À gauche une tourelle
octogone jointe à l'église, & sans
pendant. Au centre, une porte mesquine ogivale
surmontée d'une galerie vitrée, portant la
rose, inscrite dans l'arche plein cintre &
flanquée de 2 contreforts qui se changent à
leur bout en clochetons. La porte et la rose
surmontées de leur triangle accoutumé.
Clocher 1
seul, à droite de l'entrée. - C'est le clocher
de St Jean, plus 4 clochetons sur les angles de la
plateforme & une belle flèche
élancée octogone, à épine sur
les angles, & à lucarnes sur les faces.
L'entrée latérale sans huis fait porche ogival
surmonté de 5 faîtures rapprochées,
inscrites dans une muraille triangulaire fort laide. La
porte est en plein cintre, inscrit dans 2 ogives
romantiques.
INTÉRIEUR. 3 styles différents -
Gothique - (Une nef centrale sans transept avec une nef
latérale faisant le tour.)
a) 4
premières arcades ogives, surmontées d'un
balustre simple, & d'ogives pleines sur lesquelles
courent les fenêtres. - Voûtes simplement
croisées - colonnettes allant du sol à la
voûte.
b) 6 arcades plus
ornées : la voûte à flèches ren
/38/
versées ; les longues colonnettes
coupées au-dessus des chapiteaux des piliers, portant
entablement de plus au-dessus du chapiteau & fournissant
7 nervures au lieu de 3. Le balustre devient beaucoup plus
orné et travaillé, le niveau des
fenêtres baisse un peu, & les arches pleines
disparaissent. - À la 6e la fenêtre s'allonge
considérablement pour séparer le dernier
style.
c) Aux 4 ogives
d'abside, correspondant aux 5 chapelles renaissance si
riches (voyez EXTÉRIEUR), sont
réservées toutes les prodigalités de
l'ornementation. - Flèche renversée devient
pendentif plus grand. Les ogives plus étroites &
plus élevées, couvertes de feuillures jusqu'en
dessous, séparées par des clochetons pilastres
pyramidaux tout à jour, découpés en
dentelles ; deux étages de balustres luxuriants
où s'est épuisé le luxe de ciselure, a
des ornements
[croquis19]
en flèche qui passent par-dessus toute cette niche,
étonnant l'il & l'émerveillant.
- Dans les 5 chapelles, remarquer les voûtes,
qu'on prendrait pour une grotte à stalactites, tant
les pendentifs s'y pressent. Dans celle de l'axe, des bas
reliefs de plâtre (histoire de Marie) & une
assomption, entourée de têtes d'anges & de
rayons. Niches & statues partout. Vestiges d'ornements
sculpturaux détruits en partie.
Chur
Serrurerie très-belle en elle-même (pour la
séparation) mais carrée, & coupant les
lignes de l'église au lieu de s'harmoniser.
/38 v°/
Château: Murailles avec tours
carrées, embrasures pour fusils seulement. - 800
fantassins dans Caen ; Église en
poudrière.
St Sauveur (fermé).
Belle flèche. Chose incompréhensible que cette
construction. Je l'ai tourné et retourné, par
les cours voisines, les rues latérales ; tout ce que
les maisons bâties contre laissent voir ; sans en
être plus avancé. - Tête d'abside sur la
rue, très ornée, un peu dans le genre de St
Pierre ; plein cintre & gothique.
(Voir pour le plan la dernière page du
carnet.)
Hospice du Bon
Sauveur pour les Sourds-muets des deux sexes
& les aliénés. Appartenant à une
communauté d'Augustines ; sont 120, ont fondé
une maison semblable à Albi. Administrent
elles-mêmes. Depuis 25 ans ont quadruplé
leurs bâtiments ; il y a 6 ou 7 maisons de
dépendance en construction pour les réservoirs
à cidre, pour les lessives, pour les charpentiers,
les maçons ; 3 chapelles, une pour les religieuses,
une autre pour les aliénés, et la paroisse de
St Ouen. Un cimetière ; vastes jardins ; prairies ; -
3 départements d'aliénés ; - 4
chapelains abbés ; 2 médecins, 1 pour hommes,
/39/ 1 pour
femmes ; des gardiens pour les aliénés : ce
sont là tous les hommes. La direction est
féminine. - On est reçue novice à 16 ;
faut 21/4 de noviciat. Les vux sont éternels
-
La supérieure est élue tous les 6 ans.
|
- 120 religieuses
|
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- 300 aliénés
|
490 & avec les domestiques, gardiens, etc.
montent à 600
|
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- 70 sourds-muets
|
|
Théâtre Beau, isolé, près
d'un canal, deux étages de colonnes et fronton.
Place
Royale, entourée d'arbres taillés en
portique.
[croquis20]
Au centre statue de Louis XIV;
inaugurée il y a une quinzaine d'années
seulement.
Derrière
lui
L'Hôtel de ville à façade dorique
& fronton.
Musée des tableaux ; la plupart empilés
à cause de réparation des salles.
|
Rembrandt portrait superbe
Rubens. Melchisédec donnant les pains
à David. - Une copie de son Assomption
Espagnolet
deux (une flagellation)
Paul Véronèse Tentation de St
Antoine.
|
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Christ & la Samaritaine remarquable
de grâce
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/39
v°/
|
Philippe de Champagne
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Mouchoir de la Véronique
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Tête de Christ agonisant
|
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J. Vernet ; Marine. Clair de lune,
Château sur un rocher. Dans l'ombre à
gauche un feu de pêcheurs.
Pérugin Mariage de la Vierge : le
Sposalizio de Raphaël en est presque
copié. Temple au fond, sacrificateur au
centre de la place, avec deux groupes d'amis et
amies de noce, derrière chaque époux.
Mêmes types, mêmes groupes ; petits
groupes dans le lointain (celui qui casse la
baguette sur son genou - un Christ nu, etc.)
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Sermichel
Bacchus trouvant Ariane abandonnée.
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Mallebranche
de Caën ; hiver, neige.
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Jouvenet
les fleurs
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Portrait égrillard
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Coypel
la figure
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Ecole française
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Lesueur
plusieurs dons
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Poussin - Ébauche vigoureuse de
son plafond de la Chapelle de Versailles -
Lucarne céleste & braise infernale -
Jugement dernier.
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Ruysdaël, paysan & troupeaux
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Coll. flamande
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Donderkotter
, une poule & ses poussins (3000 francs)
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/40/
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Tintoret un Alexandre (je crois) ; ciel
bleu sombre.
|
Forme
générale Caen, vu du sommet de St Etienne,
est un fer à cheval recourbé autour d'une
vaste prairie qui sert d'hippodrome pour les courses de
chevaux annuelles (un Mr Homond a ruiné sa
fortune à créer des chevaux qui ont
gagné le pas aux parisiens). Le fer à cheval
s'ouvre du côté opposé à la mer.
Il est posé sur les bords de l'Orne. - Promenade
magnifique, 6 rangées d'ormeaux & platanes
(Cours la Reine, de la Préfecture)
garnissant le circuit intérieur. Le Cours
Caffarelli sort de la ville & longe l'Orne pendant 2
ou 3 lieues. - Sur la droite de l'Orne s'allonge
l'interminable faubourg Vaucelles, avec son mauvais clocher
en forme de taupinière. C'est par là que
j'arrivai. - Beau pont de pierre -
Sur l'Orne sont
quelques manufactures, deux bacs, le long du grand Cour.
Outre la rivière, quatre ou cinq bras en ont
été tirés ; ils traversent la ville de
tous les côtés, passent sous les rues, viennent
faire tourner des moulins, verdir des saules pleureurs,
entretenir des blanchisseuses, et entraîner les eaux
de service, poissonnerie, égoûts, etc.
Caen est une
assez belle ville ; grandes rues, bien percées, avec
des magasins assez bien dans la
/40 v°/
plus importante (rue St Jean, à angle droit sur celle
St Pierre, les deux plus belles et plus longues).
Caen est la patrie de Malherbe et de
Segrais
: mais, très peu littéraire, elle ne
connaît pas ses célébrités ; du
moins personne n'a su m'indiquer leurs maisons quoique
très certainement elles aient une inscription.
Nota. Il
n'y a pas de Restaurant à Caen. Ceux qui portent ce
nom, sont d'ignobles cabarets, où l'on ne coudoie que
des hommes en blouse. J'en ai fait la rebutante
épreuve. J'ai dû surmonter mon
dégoût pour pouvoir avaler ce qu'on me servait.
Le second jour mangé à mon hôtel
(d'Angleterre)
_____________
Samedi 1er juillet
Parti à
7 heures du matin par une espèce d'omnibus, pour
Courseulles, petit port à 5 lieues de Caen. Je
me suis trompé : je comptais voir Luc
établissement plus fréquenté des
baigneurs, mais c'est Luc qui est le plus à l'Est,
& pour ne pas retourner en arrière, j'ai dû
y renoncer. - Sur la route, la Délivrande,
St Aubin, Bernières. Ces deux derniers
villages ont des clochers remarquables, même style de
deux étages d'étroites et longues arcades
ogivales, soutenant aux angles 4 clochetons très
simples et au / 41/
centre une belle flèche
élancée , très aiguë, toute de
pierre, lucarne à jour, & avec empreintes
figurées d'écailles & de tuiles. (Le
clocher de Bernières, le plus beau). - La campagne
est en plaine couverte de blés, & des arbres
fruitiers par-ci par-là. - Devancé 6 jeunes
chasseurs en casquettes coniques, à cheval, sous la
direction d'un écuyer-maître.
Courseulles, petites maisons d'un étage,
semées sur les bords d'une vingtaine de parcs
d'huîtres, avec quelques bateaux marchands, une
rivière, une écluse & un dock (dock
Joinville). Trois ou quatre maisonnettes en ligne,
fraîches-recrépies, portant chacune à
l'avant une perche où pend en guise de drapeau une
enseigne cassée de bois. Pinchon (ou autre)
donne à boire & à manger. On me
montra une chambre, pour plancher du mortier aplani, pour
paroi les 4 murs blanchis sans rideaux, sans glaces, des
bancs et des tables comme celles du roi Oriandre, et pour
cette chambre on demande 4 francs par jour. Je
trouvai cela une plaisanterie : on en fut fort
irrité. - Pour déjeûner je demandai une
côtelette de veau et une tasse de café au lait
: la côtelette fut un quartier, la tasse était
un saladier. Les portions sont de Gargantua ; mais on n'en
paie pas meilleur marché.
/41 v°/ Au
principal restaurant, je vis d'assez bonnes chambres,
à 3 & 2 francs par jour. - Pris un bain de mer
sur la grève, au soleil, par un vent frais.
Parti vers midi
pour Arromanches (2 heures), le village où
vivait pour 60 francs par mois, Made
Mussard de Paris. Longé la grève et les dunes
de sable, alternativement. Route ennuyeuse et fatigante.
Observé les moules, les algues, certaines plantes
desséchées en mousseline, en vessies par
grappes, les petits animaux blancs, sauteurs, cachés
dans les trous, et si nombreux, etc. Phare de Ver! -
Falaise avant Arromanches ; vue superbe. La plaine
est de roc en couches horizontales, gris clair par en bas,
recouvertes de roc jaune. - Arromanches, au fond
d'une enceinte très évasée de collines,
couvertes de blé, à 2 lieues en ligne droite
de Bayeux, sur une grève, moitié sable,
moitié roc, en pente douce. Bornée à
droite & à gauche par deux falaises
escarpées, vue de 120 degrés de mer. - Auberge
de Made Mussard. Chambres libres
seulement jusqu'au 1er Août, à 20 & 25
sous. Figures très honnêtes, change à la
carte.
D'Arromanches
à Port, 2 grandes heures, falaise continue de 400
pieds de hauteur. Vue immense, air pur,
/42/
chanté presque tout le long à
pleine voix. Se figurer perché sur le clocher de
Strasbourg, & le clocher tiré à roulettes
sur la grève pendant 2 lieues. Voilà la vue.
Mais la moitié terrestre est à votre niveau :
plaine à blés constante, avec petits villages.
Moitié maritime, demi-cercle de 10 lieues de rayon.
Ligne inflexible de l'horizon. Grandes ombres marbrant la
mer, peau d'azur tigrée en vert noirâtre. Les
taches marchaient avec les nuages. Ligne orangée au
couchant. Quelques voiles blanches.
Rencontré
les gabelous avec leurs fusils, l'inspecteur avec sa canne,
des vaches paissant, les cabanes des douaniers pendant
l'orage ; la demoiselle de Fontenailles, roc
étroit, désolé, debout sur une base
circulaire, comme une borne posée sur un
piédestal ; étaient deux (s'appelaient les
bons hommes ; ont changé de sexe). À
moitié chemin, la falaise se dédouble, et en
prend une autre de moitié hauteur où paissent
des moutons.
La mer
aujourd'hui m'a fait l'effet magnifique, mais non pas
sublime ; sauf un instant où j'y ai senti une
puissance formidable en repos, n'attendant qu'un geste de
Dieu pour engloutir le monde ; un simple mouvement de l'axe
de la terre, tourner un peu la cheville.
/42 v°/
Port : rivage de galet noir, couvert
de moules & d'herbes noires, découvert
très en avant ; une seule rainure creusée dans
le prolongement du vallon, sorte de port. Position analogue
à Arromanches ; mais l'amphithéâtre est
encore moins marqué. Blés encore. 2 lieues de
Bayeux, du moins dans la langue du pays, car les lieues
là sont de 3 demies au lieu de deux. - Village plus
considérable. Macé restaurateur. Jolies
chambres planchéyées. Billard. Deux filles
d'auberge, extrêmement jolies & gracieuses,
naïves et attrayantes. L'aubergiste et sa femme
colosses de graisse. Au 10 juillet, tout sera plein ; c'est
retenu. Chambres à 20 et 30 sous.
Dimanche 2 juillet.
Levé à 31/2 heures du
matin ; parti 1 heure après pour Bayeux. Route
bordée d'arbustes, de blés, de verdure. -
Beaucoup réfléchi à mes deux
surs, à mes devoirs & à la position
à prendre envers elles, à leur avenir -
Recueilli mes souvenirs de père, & de
mère. Me faudra demander tous les détails. Je
veux clore ce passé, pour être plus libre ;
pour me rattacher par quelques anneaux à la
chaîne antérieure ; enfin pour mieux me
comprendre.
/43/ Demander
à la tante Fanchette* son jugement, son avis sur mon
enfance. Elle me connaît bien & me rendra ce
service. Je ne crains plus mon amour-propre sur ce sujet. -
Mon passé me manque ; une vie d'affection, de
famille, d'attachement filial me manquent.
La mémoire
philosophique peut contenir indéfiniment, parce
qu'à mesure qu'elle acquiert du nouveau, elle range
l'ancien, le retourne, le condense, et le met dans un plus
petit coin. Les connaissances sont indéfiniment
condensables ; à mesure qu'on sait mieux, cela
encombre moins. Ce qu'on commence vous remplit comme un gaz
; qui se réduit en liquide, puis devient solide, puis
toujours plus dense, à mesure que l'on apprend mieux
& plus ; & cela sans limites, dans la nature
immatérielle, comme dans la nature
matérielle.
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BAYEUX
-TABLE
DES
ETAPES
Bayeux
Cathédrale. Commencée au IXe finie au
Xe siècle. EXTÉRIEUR. - Façade.
Portail à 5 portes en saillie, 1 grande & deux
moindres de chaque côté, enfoncées ;
celle du centre & les deux extérieures (toutes 3
condamnées, l'une par une balustrade circulaire, les
deux autres par un mur en talus) simplement avec moulures
concentriques ; les deux internes avec 4 zones ogivales de
saints et leurs dais, plus 4 rangs horizontaux de
/43 v°/
mauvais bas-reliefs dans le tympan.
Deux clochers, avec contreforts en escalier, et en retrait,
point de galeries autour du bas des flèches, en sorte
que le tout a l'air aiguisé du bas en haut. 3
contreforts nus à chacun. Cinq filets ou corniches
divisant la hauteur jusqu'au pied de la flèche.
|
1er étage nu & plein, sans
fenêtres ni ornement
2d - avec 6 petites arcades effilées
figurées, en 2 groupes
3e - deux vilaines ogives
irrégulières
4e - 4 arcades plein cintre, 2 fermées, 2
ouvertes
5e - 3 arcades plein cintre, plus hautes &
ouvertes
|
|
À l'angle
interno-extérieur, les deux amusantes tourelles
rondes, mais seulement jusqu'à la 3ème
corniche.
Dessus de
chaque porte, un triangle ou carré avec roses en
creux. Une grande au centre & trois petites aux
angles.
- Sur la grande une galerie avec balustre en cercle, tous
vides de leurs ornements, puis une grande ogive basse de
jambes subdivisée symétriquement ;
surmontée d'une galerie de cinq ogives presque cintre
à piliers, subdivisées en deux par de minces
colonnes, avec des statues entre deux, & au-dessus les
mêmes triangles de marbre avec roses en creux.
[croquis21]
Flèches aiguisées, avec 4 maigres
clochetons.
Aspect de la
façade, sèche et nue ; avec le sommet trop
aiguisé & les hanches trop gonflées.
/44/
Côté droit. Nef d'abside
d'extérieur, d'un style sobre, et
élégant ; pareille aux bas côtés,
par ogives jumelles, de proportion svelte ; supportant une
corniche mince et fouillée, supportant une galerie
basse de toutes petites ogives
?
.
Au-dessus, en retrait, les contreforts de la nef centrale de
l'église, du même style, inscrits dans une 3e
ogive, avec balustrade semblable à celle d'en bas,
mais à jour. - Clocheton sans ornements,
quadrangulaire et pointu.
Deux portes
; l'une sur le flanc de la grande nef, l'autre au bout
du transept ; celle-ci très ornée,
enfoncée, avec têtes de saints, toutes sortes
de rois priant découpés et appliqués
à droite et à gauche, une galerie à
jour assez compliquée, le tout surmonté d'une
immense ogive subdivisée flanquée de deux
petits clochetons, avec une nouvelle galerie.
Petites
cloches : 2 au bout de chaque transept ; 2 aux
côtés de la tête d'abside.
Le
côté de la grande nef est d'autre style, du
moins les fenêtres du bas côté, qui sont
grandes ogives ordinaires.
Tour du
chur beaucoup plus récente, n'a que 60 ans
; riche, de style mélangé - Une base
quadrangulaire recouverte d'ogives et de nervures et autour
d'une balustrade de pierre à jour, supporte une
partie octogone à ogives à intérieur
subdivisé, tressé, dentelé, à
deux étages de fines colonnettes intérieures.
Au-dessus /44 v°/
& en retrait d'une riche balustrade, un
autre octogone à fenêtres assez bas, servant de
base à une petite coupole à 8 côtes
& 8 lucarnes internes, au-dessus de laquelle une rotonde
à 8 colonnes d'ordre dorique, avec une galerie en
renflement & un toit aigu de pierre, sert de lanterne
& de couronnement. - L'ensemble monte pyramidalement et
flatte l'il par son élancement plein
d'élégance.
INTÉRIEUR. L'effet en est supérieur. Du
vestibule, 6 marches descendent dans la nef, de sorte qu'on
domine & que tout paraît plus élevé.
- Dans la grande nef le plein cintre roman est
mêlé à l'ogive ; dans le reste ogive
pure. - 7 arcades à la nef, 1 ogivale à chaque
bout, les 5 autres sont plein cintre ; 6 ou 7
annelures concentriques reposant au montant de colonnettes,
sont enfermées dans un large ruban demi circulaire
tout travaillé d'ornements (en zig-zag sur plusieurs
rangs, comme des ruches de bonnets, & divers),
entouré [
] d'une sorte de
guirlande. Dans les encoignures sont de petits sujets en
relief. Une très riche corniche à palmes &
modillons (d'où partent les nervures principales,
terminées en têtes saillantes), supporte une
belle galerie en trèfle,
[croquis22]
et de longues ogives sur poutres
soutenues au centre par une mince colonne s'avancent en
avant des fenêtres du
/45/ du même dessin. - Chapiteaux des
colonnes à palmes.
- Tout l'intervalle entre la corniche & les arcades
est sillonné de divers dessins, comme des
empreintes.
- L'ensemble est riche, proportionné, savant. Une
nef latérale de deux côtés avec
chapelles.
N.B. Parmi ces
arches plein cintre les arcs ont plus ou moins d'ouverture,
ce qui les fait surhaussés, ou surbaissés. -
Au dessus de la dernière à gauche, est un
magnifique fragment de corniche en relief, dix fois plus
volumineuse que le reste, une copie d'entablement corinthien
appliqué là.
Un grand
jubé moderne, avec porte au milieu & deux
statues et autels aux côtés, est placé
à l'avant du transept. 3 marches montent dans le
chur, & 6 descendent dans la nef latérale
qui l'entoure.
Transepts
: ils sont pris aux dépens des bas-côtés
& ne font pas saillie au dehors du plan
général des nefs. - Immenses fenêtres
vitrées sans division.
Nef d'abside
(tout est sans badigeon). Toute gothique et de plus beau
style. 3 étages. Entre les fenêtres d'en haut
(de même style, jumelles à la partie
vitrée, mais inscrites dans une ogive sans colonnette
retombante) et les arcades d'en bas,
/45 v°/ qui
ici sont ogivales, d'une belle proportion svelte, (l'ogive
étant courte, les piliers longs et rapprochés)
s'intercale un second étage magnifique composé
de belles ogives larges, contenant en retrait deux ogives
plus élancées, avec en trèfle entre
deux, chacun contenant encore deux autres ogives plus fines
& plus aiguës, avec leur trèfle & leurs
colonnettes.
- Les nervures principales partent du sol, et ne prennent un
chapiteau qu'à la corniche du 2d étage.
Toutes les
nefs latérales sont ogivales ; plusieurs
chapellettes sont encloses par des murs à ogives
figurées.
Chaire de
bois sculpté : une nuée porte au dessus un
ange, le globe terrestre & la croix, et au dessous des
chérubins, elle [est] de bois peint en
bronze.
Riches
roses feuillées en creux flanquant les sommets
de chaque ogive.
4 arcades
. - 5 petites à la partie tournante,
les piliers deviennent colonnes (cannelées)
engagées.
- À
l'étage au-dessus, l'ogive n'en contient que deux
autres au lieu de 4 - & tout en haut, une seule jambe au
lieu de 2 jumelles. Résultat du resserrement.
/46/ -
Ascension du clocher . On va jusqu'au sommet dans la
lanterne, qui contient les cloches, l'importante au centre,
& sur le pourtour, à deux rangs, 4 moyennes et 7
petites. - Belle vue. Plaine continuelle de tous
côtés, toute sillonnée d'arbres les long
des chemins, des enclos, etc. Tout le Calvados et la Manche
sont de même. Les cathédrales de Caën, de
Bayeux, de Valognes offrent toujours la même chose. -
La hauteur devait être de plus de 300 pieds.
Grandes
places de St Patrice & du Château,
entourées d'arbres, et d'un mur bas, avec marches aux
angles.
Tapisserie de la Reine Mathilde http://panograph.free.fr/BayeuxTapestry.html
femme de Guillaume le Conquérant.
Environ 80 pieds de longueur sur 30 pouces de haut. Du XIe
siècle. Sur simple toile blanche, la reine et ses
femmes brodèrent l'histoire de la Conquête de
l'Angleterre, en reprenant l'histoire du roi Edouard &
du comte Harold
qui, envoyé en mission vers Guillaume, guerroya si
bien avec lui en Bretagne (à Dinan) contre Conan
[Conan II roi de Bretagne], il fut armé
chevalier, & lui jura fidélité
/46 v°/ et
hommage ; puis à la mort d'Edouard, accepta la
couronne sans le congé de Guillaume son seigneur.
D'où l'affront qui amena l'invasion des Normands
& la fameuse bataille d'Hastings où Harold perdit
la vie. [Guillaume mourut au siège de Mantes
d'une flèche : il était énorme]. -
Tous ces événements sont à la file,
avec une naïveté, une ignorance du dessin, une
enfance de moyens très-curieuse. Un simple fil de
laine esquisse de grossières figures dans leurs
principaux membres, fait la silhouette de la figure &
des mains & des pieds avec conscience sans oublier un
doigt. Les habits seuls sont ombrés ; tout le reste,
toute la chair, les armes mêmes restant de toile ; pas
de ciel, pas de paysage, une simple ligne pour le sol. La
laine n'a que 7 teintes : noir, bleu, 2 verts, rouge, jaune,
isabelle.
Chevaux, ce qu'il y a de mieux fait, avec de gros
organes entiers (les demoiselles d'honneur s'y appliquaient)
à bouts rouges. - Les hommes abominables, surtout
dans leurs cottes de maille. - L'évêque de
Bayeux, frère de Guillaume, armé et
cuirassé, décide la guerre - tonsures - habits
d'arlequin aux prêtres -
/47/ Faucons sur le poing pour signe de
noblesse, Harold retirant ses alliés des
grèves du St Michel a l'air croquemitaine -
Tués sans crâne - Anglais reconnaissables
à moustache. - Bateaux délicieux, avec toutes
ces têtes de canards qui en sortent. - Armes,
écus ovales, lances, masses à Guillaume et
à l'évêque éperons, cottes de
treillis, casques à nasal. - Cuisine, grandes
broches, avec force poulets. Tableau du banquet ; les mets
sont sans assiettes sur la nappe même, grosses mains
étendues sur un ragoût ou un poisson -
Chûtes d'hommes ou de chevaux dans les fossés !
- La fin manque, cela se coupe au massacre des fuyards
d'Hastings ; on attend le couronnement final. Visages
alternativement tracés au rouge et au noir, surtout
noir.
Tableau de la
Bataille de Formigny (livrée le 15 Avril 1450
; vu le cippe et l'inscription à Formigny) ; on le
dit très vieux. Peu de perspective ; mais les soldats
anglais, dans leurs chapeaux à plumes, leurs hauts de
chausses & leurs mousquets sur l'épaule sont fort
bien faits, expressifs et élégants. Je crois
ce tableau moins vieux que plusieurs du Musée de
Versailles. - Un artiste anglais a barbouillé
à l'huile l'inscription écrite à
l'angle. (XIVe siècle) Patrie d'Alain Chartier
, poète, historien, orateur , Jean historiographe de
Charles VII, Guillaume, évêque.
/47 v°/
Coiffure gigantesque bayeunaise dans
l'église. - On parle beaucoup des femmes de Bayeux.
Je n'en ai point vu de belles. Pris Voiture pour
Isigny, 35 sous, à l'Hôtel St Martin. Place
de Banquette, rembourrée de bois. Deux musiciens ou
bateleurs courant les foires pour voisins. C'est à
Formigny que descend presque tout le monde et que le
conducteur boit. - Autre village la Cambe.
Isigny sur
la Vire je crois, entouré de marécages,
à ¼ de lieue de la mer. La rivière fait
port à marée haute. - Immense palais de la
Mairie. Trouvé occasion à immédiate
pour Carentan ; coucou à 4 places, 24 sous - Jolie
fille avec nous (dame plutôt & accorte), cou
délicat et mince, taille fine, bonnet à tulles
rayonnants, expression mobile, rien de suave, quelque chose
de garçonnier, de commun, dents jaunes. Tournure
poétique démentie par le fait. Pont du
Vé, péage, voiture 23 sous, plus les voyageurs
1 sou par tête : limite du Calvados.
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CARENTAN
- TABLE
DES
ETAPES
Carentan, manqué d'occasion pour Valognes ; le
cocher était ivre, jeune fripon,
/48/ normand de
bonne race, offrant pour 3 francs et quand on s'en arrange,
riant et en voulant 5. Il était 6 ½ heures -
Couru la ville.
Petite ville, un
rempart, des marécages. Une enceinte qui entoure le
château, avec quelques piles de boulets & d'obus,
& une poudrière dans la muraille ; un hangar
contient cinq à six canons. Et pour cela, on
gêne toute construction dans les faubourgs : Carentan,
ville de guerre ! un pont-levis, un fossé, des
sentinelles, & pas d'embrasures pour les canons ! Les
faubourgs sont beaucoup plus grands que la ville. - Dans le
château, jardin aux fleurs très-joli
& très vert. - Guidé par la servante de
Mr Turpin, l'invalide.
Mauvaise petite
église, en dedans du rempart, avec balustrade &
flèche de pierre. - Magnifique coucher de soleil, or
nuageux puis rouge : l'église, colorée
délicieusement, couleur aurore.
Soupé avec
deux maquignons, 1 énorme, bon enfant &
madré, me servait les bons morceaux du canard et des
rognons.
Couché
tout habillé, espérant prendre la diligence
à 11/2 du matin. En vain ;
réveillé trop tard. Malgré les excuses,
je /48 v°/
crains une ruse de normand de la part de
l'hôtesse.
Lundi 3 Juillet.
Juillet s'est
réveillé soudainement ; il s'est souvenu de
son nom. Levé tard, trouvé un soleil
magnifique installé sur les chemins. - Après
déjeuner copieux, parti sac sur le dos, malgré
les menaces de chaleur que me faisait l'hôtesse. Elle
avait raison, je dus mettre la blouse. Ce grand soleil ne me
fatigue pas les yeux ; serait-ce déjà 2 bains
de mer ? Je les tournais toujours sur la campagne, mais
souvent aussi sur le chemin, & je n'avais que mes
faibles lunettes bleues. Le soleil blanc, brisé par
des nuages, me fatigue tout autrement.
Fait le chemin de
Carentan à Valognes, (3 myriam
- ou 71/4 lieues) en 6 heures de
marche et 3 petits repos intermédiaires à
l'ombre faisant environ 1 heure ; et cela de 81/4 à
31/4 du jour, c'est-à-dire par une chaleur
magnifique. - Routes en ligne droite dirigées sur les
clochers, qu'on voit 2 lieues d'avance. - Plaine
très-peu ondulée & avec bouquets de bois
toujours. - /49/
St Côme du Mont,
Blosville
Ste Mère Eglise
Neuville
Fresville
Montebourg, joli clocher
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VALOGNES
- TABLE
DES ETAPES
Valognes,
sur le Merderet, patrie de Le Tourneur
& (Vicq
d'Azyr). Resté de 31/2
jusqu'au lendemain à 7 heures. - Ancienne
Alauna. Théâtre sous les
blés ; murailles des thermes romains, colonie au
2e siècle ; détruite
par Maxime, qui demeurait à Trèves. -
Cathédrale, du XVe
siècle ; grande nef tombée en 1793
après une prédication de décade.
Clocher deux tours, l'une conique dôme aiguisé,
sur la croisée des nefs ; l'autre, restée sans
pendant, tout contre elle, au-dessus de la petite nef
latérale qui remonte du transept de gauche ;
[croquis23]
celle-ci a la flèche aiguë, notablement plus
haute ; est courbée vers l'ouest. - La façade
est oblique relativement à la nef, fort choquant.
Elle est en deux ogives égales, inscrites dans une 3e
en moulures ; divisées au centre par un pilier
impayable, qu'on dirait fait par un
/49 v°/
tourneur sur pierre, sorte de cylindre renflé de
distance en distance par 4 ou 5 groupes d'anneaux ou
moulures.
Connaissance. Mr. De
Gerville, antiquaire de Normandie, vieillard
érudit, se levant encore à 5 heures du matin,
faisant des mémoires sur les voies romaines, les
antiquités celtiques, etc., déchiffrant les
inscriptions, mesurant les ruines, fouillant les titres
& cédules féodales ; faisant la collection
des fossiles du département (2700 espèces) -
s'occupant de botanique, de géologie, etc. -
Mémoire incroyable, bonne et naïve figure ; yeux
bleuâtres, ternes, dans des paupières
demi-fermées & une sclérotique jaune.
Jouissant de son savoir et l'exhibant avec une douce
satisfaction. Il n'y a qu'à le laisser parler ; il se
tient tête tout seul, emmanche un sujet, passe par une
parenthèse, et cause, et digresse, et va et va
toujours, cela coule à fil - J'arrive chez lui ; il
allait sortir, je me dispose à m'en aller. Il
m'accompagne, mais me fait entrer voir ses fossiles, voir sa
bibliothèque, que nous parcourons volume par volume,
& à chacun d'eux une histoire. Enfin, partis, il
me met sur le chemin des Thermes en ruine ; mais au point
/50/ de
séparation, une pose de demi-heure encore, et
là chapelet interminable : le prix de 10,000 livres
de rente obtenue par J.J. Ampère, la
bibliothèque botanique du baron anglais ; ses
études en Angleterre, ses bibliothèques
publiques, rares, inabordables, impopulaires en Grande
Bretagne ; accessibles, polies, empressées à
Paris ; les rues de Londres, etc., etc.
Mr
Verneuil, à mon hôtel, casseur de fossiles,
revenait de Russie, où il a fait des excursions dans
ce but.
À
11/2 heure de Valogne, Brix
(Breccius) avait un château, berceau des rois Bruce
d'Écosse, découverte de Gerville. W.
Scott lui a fait envoyer un diplôme d'antiquaire
d'Écosse pour ce travail, dans le même temps
qu'on trouvait le tombeau de Robert Bruce,
singulière coïncidence.
Couché
à l'Hôtel du Grand Turc.
Mardi 4 juillet
Parti pour
Cherbourg par la banquette d'une espèce de diligence.
Rencontré plusieurs autres voitures, toutes
très chargées de monde ; cette route est
très fréquentée, & n'est pourtant
percée que depuis 80 à 90 ans.- Sur
l'impériale on /50
v°/ nous bourra jusqu'au nombre de 9,
& 11 dedans. Route absolument droite, mais toute en
montées et descentes, pas ¼ de lieue en plaine.
Autour de moi, des paysannes criardes, faisant de larges
croûtes au beurre et voulant m'en faire manger. -
Campagne monotone et insignifiante ; toujours des champs
entourés de haies arborescentes, et de vergers.
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CHERBOURG
- TABLE
DES ETAPES
CHERBOURG. - Arrivée très
agréable. La route tourne, et au bout d'un vallon
pittoresque, l'il découvre Cherbourg ; sur la
gauche s'enfonce le vallon boisé de Quincampoix,
dominé à l'angle par la tour du
télégraphe. Sur la droite la montagne rocheuse
du Roule qui sert de carrière pour la digue.
A.. Port :
D'abord un port marchand coupé en deux bassins par le
pont garni de son écluse ; sans activité, 1 ou
2 petits navires tout à fait paisibles. Deux
jetées d'inégale longueur s'avancent
perpendiculairement à la mer ; d'où mauvaise
influence des lames & difficile entrée, deux
inconvénients. - Au fond, à une lieue en mer,
la fameuse digue toujours en construction. Sur la gauche,
à quelque distance du port marchand, le port
militaire dont on creuse le 3e et plus grand bassin. On
a modifié cinq ou six
/51/ fois le
projet. (Voir la série des modèles en relief,
avec celui de l'ancienne digue écroulée, dans
une salle près du port. Bois de cerf
pétrifié trouvé à 60 pieds de
profondeur sous le port militaire).
B . Trois
promenades : 1°/ À la digue, avec 5
messieurs de commerce : 18 francs l'embarcation, 4 rameurs
et 1 pilote. Digue commencée en 1786, par Louis XVI
par 22 tonnes [de] gigantesques madriers
tronqués de charpentes (1 pied carré de
section pour chaque madrier), pleins de maçonnerie,
90 pieds de diamètre à la base), coûtant
1 million chacune. Le roi dîna à basse eau sur
le sommet de la 1ère lancée. - Partie centrale
& deux bras, entre ½ & ¾ de lieue de long.
Ruine effroyable en 1807 par un ouragan, du centre ; 500
victimes, la cantinière jetée à la
côte la première. La petite poudrière
seule résista et & sauva ceux qui y
étaient.
- 2de construction
sur large base de pierres perdues de 600 pieds ; puis le
blocage, & la muraille verticale. 30 pieds de large
à la surface, qui sera élevée encore de
9 pieds. - Au centre, un phare et trois étages de
batteries ; il y aura un fort aux deux bouts, & aux
points correspondants des côtes. - Profondeur de l'eau
65 pieds à basse eau. - Dépense
chaque année 3 millions, sauf
/51 v°/
depuis 1 an, 2 millions. - Environ 480
ouvriers, jadis 700.
2°/ au Télégraphe avec ce
drôle de natif des Ardennes, qui voyage sans
hâvresac, & achète une chemise quand
l'autre est sale ; canne & chapeau parasol, nommé
(Playbaud) ? je crois. Avocat stagiaire.
3°/ à la montagne du Roule, belle vue. La
rade infiniment moins grande que celle de Toulon. Un petit
fort là-haut. Sur la droite, culture assez alpestre
& rude ; au pied plaines cloisonnées d'arbres,
à gauche courbes gracieuses du golfe.
C. Arsenal de
marine : En construction le Henri IV &
l'Austerlitz, de 100 canons ; (ont lancé le
Friedland de 120, trois ponts) ; deux vaisseaux à
vapeur de 450 chevaux, 20 canons. Machine toute de fer,
poids 600,000 kilog. ou 600 tonneaux, sans les
chaudières. Roues de 30 pieds de diamètre. -
Visité l'intérieur, inachevé.
D.
Musée des tableaux (donateur Henry)
Murillo, Un
spasimo;
Jésus tombe sous sa croix ; Marie joint les
mains. Seuls personnages; admirable de douleur et de
pitié. /52/
Lesueur,
Jésus enseignant les Juifs depuis les marches
du temple. Payé 60,000 fr.
Nic. Poussin Ébauche vigoureuse mais dure d'une
descente de croix.
Philippe de Champagne une Assomption.
Ribera [dit l'Espagnolet, v. p. 39] plusieurs
portraits ou sujets à 1 fig.
Plusieurs flamands (une femme qui torche le
derrière à son enfant)
Vanloo un portrait de femme, très-belle,
tête inclinée.
Swanevelt & Orizzonte, deux paysages.
David Belle étude de nu.
Parti de Cherbourg à 7 heures du soir Mercredi 5
pour aller à Querqueville, à 1 1/2 lieue.
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QUERQUEVILLE
- TABLE
DES ETAPES
Querqueville.
Petit village
sur une hauteur à droite & en dehors de la
nouvelle route (était sur l'ancienne).- Grande
curiosité : Temple druidique.
Description.
Au sommet du coteau, d'où la vue embrasse la mer
de Cherbourg à l'est, s'élève cet
édifice de peu de hauteur, formé en
trèfle. Trois ronds-points forment comme la
tête d'une croix.
/52 v°/ Les
murailles de 10 à 12 pieds de haut sont construites
de pierres plates, réunies par du mortier, &
arrangées en arrêtes de
poissons
[croquis24].
- Le rond-point qui formait la tête était
tourné à l'orient. Il avait une fenêtre
au fond. Les deux autres avaient aussi une fenêtre,
mais sur le flanc pour regarder l'orient. - Les ronds-points
étaient voûtés
[croquis24]
à plein-cintre & couverts. La croisée,
était à ciel découvert, pour que la
Divinité fût libre.
Histoire :
Deux opinions. La plus accréditée, c'est
que l'édifice fut élevé au 2e ou 3e
siècle sous la domination romaine, lorsque la
conquête eut aboli les sacrifices et les rites
druidiques en plein air, et que les gaulois
adoptèrent à moitié les dieux des
vainqueurs. Le sang humain n'y aura donc pas coulé.
Mais on ignore le Dieu ; aucun instrument, figure, etc.
n'ayant été trouvé. - Il y a deux
générations, on voyait encore en dedans des
caractères tracés sur la pierre. Un
maçon les a détruit dans une
réparation. - 2de opinion (celle de Gerville). La
chapelle aurait été érigée un
peu plus tard, après la conversion au christianisme,
& à St Germain déjà. - Quel qu'ait
été le début, elle fut
dédiée plus tard
/53/
[croquis25]
à St Germain. Au Xe siècle, on ajouta une nef,
ce qui fit la croix. Au XIIe, on éleva su la
croisée le clocher carré, nu, sans
fenêtres, avec deux filets transversaux, & deux
cadrans flanqués de deux filets descendants (style du
Xe).
- C'est l'état où est la chapelle aujourd'hui,
toute badigeonnée en dedans, les fenêtres
originelles bouchées, & à la place, un
autel au fond, deux petites ogives aux deux bouts du
transept. - Toutes les ouvertures postérieures sont
à assises plates, ou de briques & se distinguent
parfaitement.
C'est le
curé qui me donna toutes ces explications, j'entrai
à la cure pour cela. - St Germain échappa aux
dévastations des Normands. Mais trop petite (50
personnes la comblent), on fit à côté
d'elle, au Nord, une église qui seule est de
service.
Vues de nuit. Cherbourg au fond. Les feux de la digue. -
Cherché à 9 heures un lit dans le village.
Tout le monde couché. Enfin on réveilla le
bonhomme Roussel. Sa vieille vint m'ouvrir, &
m'offrit un lit. C'était le sien, elle changea les
draps, se mit avec son mari, dans le lit voisin, &
/53 v°/ nous
voilà dormant dans la même chambre. Touriste,
digère. Elle éteignit pourtant la chandelle
avant de se coucher. Du reste mauvais air, draps
tissés avec de la ficelle, pas d'eau le matin.
C'était à crever de dégoût ;
j'aimai mieux rire de l'aventure.
Jeudi 6 Juillet
Le bonhomme
était aussi voleur que stupide ; il voulut 15 sous
pour cette abominable couchée & me mit sur la
route ¼ d'heure plus près de Cherbourg qu'il ne
fallait. Aussi, quoique levé à 31/2 heures du
matin, & à 4 sur la route, manqué-je la
voiture aux lettres. Attendu ¾ d'heures, puis parti
pour Beaumont.
Déjeuné à Beaumont
21/2 lieues plus loin. Hôtelier
Damey, une mère & son fils homme (le vousoyait).
Point de viande dans ces pays. ufs & café
au lait. - Parc du Château de Beaumont,
superbe, haute futaie, lumière douce et
verdâtre, oiseaux, fraîcheur, arbres
plantés sur lignes serrées.
Phare
d'Auderville , à 21/2
lieues, termine /54/
la presqu'île de Cherbourg. Position
pittoresque, en pleine eau, entouré de brisants, mer
bleue, 265 marches ; trois bases : le rocher et les pierres
perdues grande largeur - une plateforme circulaire à
galeries ; une partie servant de piédestal - Au
dessus en retrait s'élève le fût de la
colonne, qui est peu élancée. Celui de
Sotteville a 100 pieds de plus.
Charmante jeune
villageoise qui me donna du lait à écume
étincelante qu'elle venait de traire, plein un
saladier, & ne voulut rien recevoir. En la quittant, je
fis ces vers que j'aurais voulu lui laisser (si elle avait
su lire).
Si doux, si frais que soit le blanc breuvage
Que tu versas à l'humble voyageur,
Il l'a trouvé moins frais que ton visage,
Charmante fille, & moins bon que ton
cur.
Patois naïf et plein de douceur, plein de cha &
de chi.
Vu pain de
la soude, varecs jetés par la mer,
brûlés dans un trou simplement.
Dans cette
journée, fait plus de 14 lieues, les 5
premières par le grand chemin, 5 à 6 autres
par les falaises, & 3 autres par les grèves.
/54 v°/
J'étais assez flatté de mon jarret. À
la dixième heure de marche, je n'étais pas
fatigué, malgré le grand nombre de murs de 4
pieds à franchir (ils servent dans les falaises
à parquer les troupeaux), & quoique le dernier
fût ainsi
[dessin26]
en zigzag dans le sens vertical & dans le sens
horizontal.- Constamment sentiers des gabelous.
Falaises ;
on croirait un revers des Alpes, de deux côtés
d'une vallée rocheuse, mêlée de
pâturages, dont le côté opposé
aurait été remplacé par la mer.
Pâturages, tout mêlés de ronces, en forme
de taupinières vertes. Moutons entravés (un
pied de devant, un de derrière). - Lévrier
blanc de 7 mois, dans un moulin pas loin d'Auderville ;
folâtre caressant, délicat de formes ; j'en
voudrais un comme cela, chien de poète, par les
contours fin, les lignes souples & effilées.
Temps magnifique, mer pleine vers les 2 heures. - Spectacle
imposant & superbe des brisants, sur une grande
étendue des falaises, connues sous le nom de
Falaises de Jobourg ; le point le plus
élevé de ces Alpes marines qui font le rempart
du côté occidental de la pointe de Cherbourg,
est bien /55/
à 500 ou 600 pieds du niveau de la
mer. - Je me souviens de trois baies merveilleuses ; la
1ère on voit de moins haut ; au bas de pentes vertes
de magnifiques rochers noirs, calcinés par les flots
de la mer, à reflets de bronze, à couches
verticales, burinées, rongées,
ciselées, recevaient la lame montante, & la
brisaient en écume. Rien ne saurait retracer cette
éblouissante blancheur à fond bleuâtre,
l'idéal de la fraîcheur & de la
pureté, que les cascades de nos Alpes. Il me semblait
voir le torrent de la vallée dont je parlais ;
simplement il servait de bordure à une plaine d'un
azur incomparable. La neige bouillante & capricieuse des
brisants, sur les rochers noirs, entourés d'une mer
admirable, & s'encadrant dans le demi-cercle verdoyant
d'un golfe escarpé, faisaient un tableau qu'on ne
saurait rendre - Plus loin, une baie resserrée, la
montagne se coupe à pic tout autour, & tombe en
parois sévères & nues dans un bassin d'un
bleu plus sombre ; les brisants, plus profonds,
écument à 300 pieds au-dessous de vous.
L'effet est sublime.
À
l'horizon, l'île anglaise d'Aurigny.
- Plus loin, une baie de plus grande dimension que toutes
les autres, double l'effet par la multiplicité des
rochers. Immense demi-cercle, tout festonné
intérieurement de récifs, comme un arceau
/55v°/
gothique à fleurs intérieures ; admirable, de
voir ces mille langues bleues s'introduire dans les mille
sinuosités des roches, & s'y revêtir de
leur guirlande d'écume ; diversité, mouvement
étourdissant. - Mis à cheval sur un
promontoire aigu, entre deux anses de falaises. - Moutons
liés deux à deux, et une patte de devant avec
une de derrière : des noirs et des blancs. -
Les falaises s'abaissent ; un village Vauville.
Entré à l'auberge, bu du café au lait
& séché mon dos. Il y avait un douanier
& un homme ivre qui me jabotait des questions avec sa
langue épaissie de vin : ils enseignaient au petit
bambin à dire putain à la fille de service,
qui trouvait cela charmant. - Près la grève,
le tendon d'Achille du pied droit s'était refroidi
pendant ma station à l'auberge. Devenu douloureux, il
me fallut le traîner deux lieues dans des sables
quelquefois mouvants, jusqu'à Siouville. Le
clocher était sur un mont, et pas
d'agglomération centrale de maisons, et pas de
sentiers. Je dus avec désespoir franchir des
fossés, des champs labourés, des murs,
lentement, mais toujours en ligne droite pour
épargner /56/
le petit reste de vigueur que j'avais
encore. Je regardais de tous côtés, la nuit
baissait, ma mauvaise vue me fit prendre bien des troncs
dépouillés pour des hommes, les bruit des
bestiaux qui paissaient me fit croire à des
faucheurs. Personne ; il y avait trois groupes de maisons
très éloignés latéraux. Si je
choisissais le mauvais, je me sentais incapable d'en
regagner un autre. Enfin une pelle m'annonça un
villageois, qui m'indiqua l'auberge. Elle était sur
le mont, à côté de l'église !
-
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SIOUVILLE
- TABLE
DES ETAPES
Je me fis
monter un bain de pieds au son dans ma chambre, & mon
souper aussi. Je ne me soutenais plus. - Bonnes gens ; mais
si troublés de ma majesté, qu'ils en perdaient
la tête, & revenaient à quatre fois pour
compléter le couvert ; le couteau venait après
la fourchette, laquelle marchait sans la cuiller ; la
bouteille venait avant le verre pour la boire, & le
jambon avant l'assiette pour le manger. - Pour mon souper,
ma couchée & mon déjeuner, j'en fus pour
38 sous ! Je fus dans la chambre d'honneur, ouverte
néanmoins par les deux bouts, passage pour la chambre
à coucher de nos gens, on s'habillait &
déshabillait en famille pour ainsi dire. Toute
/56 v°/ la
maison me passa par les mains : Frappier
l'aubergiste, maître d'école de l'endroit, bon
enfant, presque timide, m'apporte ses volumes de
géographie, deux médailles d'argent qu'il eut
au concours des instituteurs primaires de l'arrondissement
(en 1837 et
.) ; sa sur tient le ménage ;
son père est marié et ils vivent ensemble.
Celui-ci bête comme une oie, mais parlant avec
précipitation & bredouillement fatigant, essaya
de me montrer mon chemin le matin.
Vendredi 7 Juillet
Parti à
11 heures seulement. Temps superbe. Descendu le village, par
la cour du juge de paix. Un petit vallon charmant,
boisé du côté droit, par où je
passai, & plein de chants d'oiseaux, me mena au petit
port de Diélette. La mer était
basse.
Par un chemin vicinal, encaissé, taillé dans
le sol, j'atteignis Flamanville: on y travaillait. Je
me permis une observation géologique. Au-dessous de
la cruche de terre, s'étendaient des couches d'une
sorte de gravier consistant, agglutiné, se
détachant par fragments, friables,
mélangé de paillettes de mica noir, par-ci par
là de gros moellons de granit absolument de
même composition, se montraient dans ces couches.
N'était-ce pas la même matière
arrivée à se fixer, à se durcir ?
Toutes les transitions s'y trouvaient à partir de
l'état sablonneux jusqu'à l'état
granit.
- Le granit ne serait donc pas le produit du feu ; il se
formerait comme les grès.
Château
de Flamanville
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COUTANCE
- TABLE
DES
ETAPES
/57/ Coutances
Cathédrale. 1056. INTÉRIEUR. D'un bien
moins grand effet que celle de Bayeux. Beau pourtant. Forme
croix latine allongée. Nef latérale tout le
tour, sauf des transepts.
- Grande
nef, diffère de celle d'abside ;
(Interrompu par Vêpres)
EXTÉRIEUR. Façades. Aux deux angles deux
contreforts larges comme [de] petites tours, font
saillie au-dehors. Trois portes ogives font portail en
saillie ; celle du cintre s'avançant comme en avant
des deux autres, presque aussi haut mais 2/3 moins larges.
Les 2 portes latérales divisées en deux,
fenêtres doubles inscrites dans le haut, porte basse
pour le bas.
[Croquis27]
- Double cintre à dessus en
trèfle dans la grande porte.
- En travers des 3 portes une galerie à garde fous
à jour. - Deux tours égales. À leur
angle extérieur le contrefort devient clocher
quadrangulaire engagé par l'angle, flanqué
à ses 4 angles de 4 étroits clochetons
immenses, posés sur chaque face par une lunette
à jour. La tour proprement dite, après
s'être détachée du corps principal, a un
étage octogone percé d'ogives pagodes en
contenant 2 petites, un clocheton étroit, & la
flèche de pierre tout en haut. - Partie centrale
au-dessus de la galerie une ogive grande flanquée de
deux petits contreforts /57
v°/ en retrait sur escalier, supportant
grande galerie à arcades ogivales,
insérées 2 à deux dans 3 grands
triangles, & soutenant chacun deux ogives plus petites.
Tous les tympans sur les trois rangs (petits, moyens &
triangles) sont pleins de rosettes fouillées. - Ces
triangles soutiennent le balustre terminal -
Tout le
style est nu, simple, à moulures, moins
élancé qu'à Bayeux.
Dôme. Octogone, sur la croisée, plat,
sans flèche, portant sur une masse quadrangulaire. Un
seul étage de longues ogives, 1 par
côté, & en ayant 2 inscrites avec un
trèfle, supporte une petite corniche, pour la
balustrade. Aux 4 angles abandonnés, 4 clochetons
octogones, 1 lancette parefeu.
INTÉRIEUR. Sur deux plans pour les nefs. -
Grande nef : 7 arcades ogivales (Celle vers l'autel
est pleine) supportant un étage de galerie à
balustre, au-dessus duquel courent un second balustre &
des fenêtres, 1 par arcade, droite & ne
remplissant pas la place. Trois filets joints montent du
pied des piliers à la voûte. Le 2d étage
assez semblable à celui de la nef d'abside de Bayeux,
(4 petites arcades pointues en retrait, inscrites dans 2
moins pointues, inscrites dans une 3e), mais un peu moins
profondes et moins belles. Le balustre est à jour
mais magnifique ; motif un cercle épais,
/58/ treillagé.
- Autour, une nef latérale à plafond
bas, flanquée d'une seconde à plafond un peu
plus haut, divisé en chapelles par de minces
et frêles portiques de 4 ou 6 hautes colonnettes,
réunies au sommet par un treillage à jour. Au
fond, fenêtres. - Pour la petite nef, le style
change : les arcades ogivales s'élancent deux fois
plus haut, expulsent l'étage à galerie, qui
est réduit (je me souviens) à une balustre,
au-dessus duquel des fenêtres (2 par arcades),
accouplées, & portant devant elles en saillie
leur courbe soutenue par une colonnette retombant. - Au
tournant 7 ogives se présentent, les piliers se
changent en deux longues colonnes accouplées mais
libres, d'un très bon effet, à chapiteaux
circulaires à palmes, & le nombre des facettes se
réduit. - Autour tournent deux nefs latérales
(la seconde n'est plus divisée), l'une à
plafond élevé, au haut duquel sont de petites
fenêtres ; l'autre moitié plus basse, où
sont les fenêtres intérieures.
N.B. Au
pilier qui détermine le commencement des ogives
piliers, remarquer un bel encorbellement demi circulaire
à 4 étages de colonnettes et de renflements
qui se répète encore plus grand sur la nef
latérale. Il contient un escalier
. /58 v°/
Le chur élevé de 3 ou 4 marches,
s'étend jusqu'à l'ouverture de la
croisée, pas de jubé, stalles. - Au-dessus,
belle coupole octogone à 3 étages, 2 ogives
par côté, balustre, une lanterne à la
section des 8 nervures de la voûte. - De là
haut, l'intérieur est magnifique, multitude de
lignes, harmonieuses, élancées ;
légèreté des piliers.
Aux deux
transepts, 3 ogives étroites ; pas de portes ; il y a
sacristies en saillie. -
En dedans, vieille fresque, inaperçue, longue,
décharnée, Visitation, Annonciation, etc.
Vitraux de
couleur opaques, sauf le circonscrit. - Abside offre 3
étages de fenêtres en entrant. - Grande nef
badigeonnée jusqu'à la 1ère galerie.
-
Vue du haut du
dôme - Délicieux environs, paisibles,
verdoyants, ombragés ; un grand vallon tout au pied,
la mer au loin.
Cathédrale
est du XIe siècle au milieu & c'est l'ogive. -
grande discussion : Mr de Caumont ne veut l'ogive que depuis
le XIIIe siècle. - Un ecclésiastique travaille
depuis 8 ans à l'étude de cette
cathédrale.
/
59/ St
Pierre. Un dôme sur le chur, & une tour
sur l'entrée, mais incomplète, n'a qu'une
tourelle appliquée à gauche & pas de
pendant. Gothique plus orné ; extrémité
des clochers d'un style rond, circulaire, à peu
près renaissance. - Intérieur à ogives
; gros piliers ronds sans chapiteaux, d'où partent
les côtes des nervures.
St Nicolas
: lourde et large masse de granit avec portail
étroit, & et une seule fenêtre
carrée avec divisions. Est-ce l'architecture saxonne
?
Aqueduc
romain. Au fond d'un vallon charmant. Coup de soleil
après l'orage ; admirable. - Cinq grandes arches
ogivales encore debout, 5 piliers d'un côté, 3
de l'autre sont tout ce qu'il reste. Dans le prolongement de
la cathédrale ; y apportaient l'eau. - Les bases
seules romaines ; les ogives du Moyen âge,
réparations du XIIe siècle. En haut,
écusson entre deux galeries.
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/77 V° / -
Croquis de l'église St Sauveur de Caën.
/croquis28/
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/78 R° / -
Table des étapes.
- TABLE
DES ETAPES -
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NOTES DE
L'EDITEUR
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RETOUR SUR LE TEXTE
AVEC
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1
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Marmottine, s. f. à Genève, terme de
modiste : marmotte, sorte de mouchoir qui enveloppe la
tête. Jean Humbert, Nouveau glossaire genevois, Ed.
Slatkine, Genève, 2003.-
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2
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Pierre Corneille est né
le 6.6.1606 à la rue de la Pie, près du
Vieux-Marché, à Rouen.
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3
|
Pierre-Louis Dulong, physicien et
chimiste, * 1785, Rouen, + 1838, Paris, a découvert
le chlorure d'azote et l'acide hypophosphoreux.
Mémoire, avec Arago, sur les lois de refroidissement,
pour déterminer principalement les tensions maximales
de la vapeur d'eau à toutes les températures
supérieures à 100°, afin de fournir les
données nécessaires à la
rédaction de la loi sur les machines à vapeur
par l'Académie des sciences en 1825. Nombreux
mémoires, Secrétaire perpétuel de
l'Académie des sciences, Directeur des études
à l'École Polytechnique.
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4
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Boïeldieu,
François-Adrien : musicien, 1775, Rouen - 1834,
Jarcy. Auteur à succès de nombreux
opéras comiques.
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5
|
Bocage, Pierre-Martinien Tousez,
dit : acteur, * 1797, Rouen, + 1863 à Paris ;
remarquable interprète des drames romantiques,
directeur notamment du théâtre de
l'Odéon à Paris de 1845-1848.
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|
6
|
Pascal a écrit : "
Vérité au-deçà des
Pyrénées, erreur au-delà. "
Pensées, chap. II, 9. L'homme en
société - L'injustice des lois humaines ;
texte établi et annoté par Jacques Chevalier,
Éd. Galllimard, " Bibliothèque de la
Pléiade ", p. 1149.
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7
|
voir note 4.
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8
|
Alfred Escher, * 1819 , + 1882 ,
zurichois et président central de Zofingue,
société suisse d'étudiants dont Amiel
était membre. Dr en droit, homme d'état
distinguée, privat docent à
l'Université, député au Grand Conseil
de Zurich (1844), député à la
diète fédérale (1845 et 1847),
secrétaire du gouvernement zurichois et
président du Grand Conseil, conseiller d'État,
conseiller national et président du gouvernement
zurichois (1848), président du Conseil National
en1849 et à quatre reprises. Chef indiscuté du
canton de Zurich jusqu'en 1868, où le régime
Escher fut renversé par le parti démocratique.
Un des membres les plus influents de l'Administration
fédérale dans les années 1850-1870. En
1860, il travailla à une solution pacifique de la
question de Savoie. Il obtint l'institution de
l'École Polytechnique Fédérale de
Zurich, fondateur et président du Crédit
Suisse et promoteur principal de la ligne du Gothard. Un
monument lui fut érigé à Zurich devant
la gare principale.
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9
|
La machine hydraulique de
Graville pompait pour la distribuer l'eau du
réservoir situé sur la commune de Graville
près du Havre. Alimenté par une source, il
avait été construit au tournant du 18e et du
19e siècle pour ce nouveau quartier du Havre
bâti entre 1790 et 1820.
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10
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Le Napoléon, premier
navire à vapeur à hélice du monde,
devait parcourir 10 nuds à l'heure par temps
calme et 8 à 9 par grande bise du Nord et mer dure.
L'emploi de la voile comme auxiliaire de la machine
accroissait sa vitesse de 11 à 13 nuds, vitesse
inconnue sur mer jusqu'alors pour les bâtiments
à vapeur. On estimait que les économies de
combustible réalisées ainsi dans un long
voyage s'éleveraient aux deux tiers.
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11
|
Quellyn, Erasme, 1607, Anvers -
1678, Tougerloo. Professeur de philosophie à Anvers,
ami de Rubens, il avait des dispositions pour la peinture,
il lui demanda des leçons , puis abandonna la
philosophie.
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12
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Jordaëns, Jacob, 1593 -
1678, Anvers. Peintre, il excella dans les sujets religieux
et mythologiques.
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13
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Ancienne Abbaye aux hommes.
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14
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Espagnolet, soit José
Ribera, peintre espagnol, *1588, Jativa (Esp.), + 1656,
Naples.
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15
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Serre, Michel, Tarragone 1658 -
Marseille 1733.
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16
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Malbranche, Louis-Claude,
1790-1838.
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17
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Jouvenet, Jean, 1647, Rouen -
1717, Paris.
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18
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Coypel, Antoine ? 1661, Paris -
1722, Paris. Élève de son père,
Noël Coypel.
Selon l'ouvrage intitulé Notice des tableaux
composant le Musée de Caen par M. G. Mancel, Caen -
A. Hardel, imprimeur de la Mairie - 1851, p. 105-106, il
s'agirait du " Portrait de Madame de Paraberre,
maîtresse du Régent, Philippe Duc
d'Orléans. Elle est représentée au
milieu d'une guirlande de fleurs qu'elle attache ; un
négrillon tient auprès d'elle une corbeille de
fleurs. Le portrait est peint par Coypel, tandis que la
guirlande et la corbeille sont de Fontenay. " Il s'agit de
Jean-Baptiste Blain de Fontenay, né à Caen en
1654, mort à Paris en 1715.
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19
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Lesueur, Eustache : 1617, Paris.
1655. Atelier de Simon Vouet.
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20
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Hondecoeter, Melchior de,
Utrecht 1636 - Amsterdam 1695.
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21
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Segrais, Jean Regnault de :
poète, * Caen, 1624, + 1701, Paris. Tendances
pastorales et bucoliques. Secrétaire de la duchesse
de Montpensier puis de Mme de La Fayette. Traductions en
vers de l'Enéide (1668) et des Géorgiques
(1712) de Virgile ; renommé pour ses Eglogues.
Nommé à l'Académie française en
1662 puis, disgracié, il se retira en 1676 à
Caen dont il réorganisa l'Académie
détruite en 1674. Elle devint alors la
Société des antiquaires de Normandie, de bonne
renommée.
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22
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Le comte Harold, envoyé par
le roi Edouard auprès de Guillaume le
Conquérant, guerroya à Dinan contre Conan II,
roi de Bretagne. Sa bravoure au combat lui valut
d'être armé chevalier par Guillaume, auquel il
jura alors fidélité.
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23
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Myriam : Abréviation de
myriamètre : mesure itinéraire de dix mille
mètres.
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24
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Le Tourneur, Pierre :
littérateur : * 1736, Valognes ; + 1788, Paris.
uvre majeure : une traduction du théâtre
de Shakespeare, qui le fit découvrir aux
Français. Ce texte magnifique souleva l'indignation
des auteurs français, notamment de Voltaire, qui le
trouvèrent insultant pour Corneille et Racine. Plus
tard, cependant, la plupart d'entre eux firent amende
honorable.
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25
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Vicq d'Azyr, Félix :
médecin et anatomiste. * 1748, Valognes ; + 1794,
Paris. Élu à l'Académie des sciences,
1774 ; Secrétaire perpétuel de la
Société royale de médecine ; membre de
l'Académie.
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26
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Gerville, Charles-Alexis-Adrien
Duhérissier de : archéologue français.
* 1769, Gerville près Coutance ; + 1853, Valognes.
Émigra à la Révolution. Retour en 1801,
retiré sur ses terres ou il s'intéressa
à l'agriculteur, la botanique et
l'archéologie. Collection de médailles et
objets d'art, vieux ouvrages sur la Normandie, chartes,
pouillés, registres, etc. Ses articles dans le
journal de Valognes sont précieux pour l'histoire du
Cotentin. Il publia de nombreux mémoires sur les
châteaux de la Manche, sur les villes et voies
romaines du Cotentin, les monnaies et antiquités
mérovingiennes. Il fit des recherches
également sur les Îles du Cotentin. Membres
correspondant de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres.
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27
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Spasimo : douleur, tourment,
martyr, en italien.
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28
|
Lesueur : voir note p. 39
v°.
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