Le début des tramways à Genève
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Le 27 août 1861, MM.. Ch. Burn et Cie obtinrent la
première concession pour un "chemin de fer
américain" entre Genève et Carouge, soit le
même parcours que la première ligne d'omnibus.
Cette concession provisoire ne devait devenir
définitive qu'en cas de succès de
l'expérience et comme on ne savait pas encore s'il
fallait assimiler les tramways à chevaux aux omnibus
routiers ou aux chemins de fer, c'est le Canton de
Genève qui accorda la concession, sans aucune
intervention des autorités fédérales
qui devaient pourtant ratifier toute nouvelle concession de
chemin de fer.
La construction de la ligne, longue de 2,5 km et
établie à voie normale, la voie étroite
étant à l'époque encore inconnue en
Suisse, progressa rapidement, seul le pont Neuf de Carouge,
sur l'Arve, dut recevoir quelques aménagements.
L'ouverture à l'exploitation eut lieu le 19 juin
1862.
(IV-747)
Une autre compagnie reçut le 1er juillet 1863 une
concession, toujours cantonale, pour une ligne entre le
Cours de Rive à Genève et le temple de
Chêne-Bougeries, par la route de Chêne, soit sur
une longueur de 2,8 km. L'ouverture eut lieu le 12 septembre
1864. Un petit dépôt fut établi en
bordure de la route de Chêne.
Les résultats financiers de ces deux lignes ne
donnèrent pas satisfaction aux actionnaires et ne
permirent même pas l'entretien normal du
matériel, ce qui n'est guère étonnant
si l'on pense qu'il s'agissait de deux lignes de banlieue,
qui ne pénétraient pas à
l'intérieur de Genève.
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Tramway hippomobile
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Pour réduire les frais, les deux entreprises
fusionnèrent en 1864 sous le nom de
"Société Anonyme des Tramways de
Genève", mais la situation ne s'améliorant
pas, la ligne de Chêne redevint autonome comme
"Société du Tramway de Genève à
Chêne" alors que l'ancienne société,
devenue "Société des Tramways de Genève
à Carouge", conservait la ligne de Carouge.
En 1875, afin de procéder à un assainissement
définitif des deux sociétés, M. Antonin
Févat, membre du Conseil d'administration des deux
Compagnies et M. Philipp art, président des "Tramways
du Nord" à Paris demandèrent et
reçurent une concession unique, la première
accordée cette fois-ci par la
Confédération, pour une ligne continue
Carouge-Genève-ChêneBougeries-Moillesulaz-frontière
française ainsi que pour l'embranchement
Molard-Montbrillant (gare de Cornavin) par le pont du
Mont-Blanc. Les "Tramways du Nord" ayant
décidé de se consacrer uniquement au
département du Nord, cette concession fut
transférée en 1876 à la toute nouvelle
"Compagnie des Tramways de Genève"
créée avec un capital-action de 100.000
francs, avec comme président M. Challet-Venet, ancien
conseiller fédéral.
La nouvelle Compagnie reprit le 1er mars 1876 les deux
lignes déjà existantes et inaugura le 4
août de la même année déjà,
la ligne de liaison, longue de 1 kilomètre, cours de
Rive-place Neuve à travers les Rues Basses,
l'artère principale de Genève, et le 21
septembre 1876 l'embranchement Molard-Montbrillant (gare de
Cornavin). Le Molard, au centre de la ville, devenait ainsi
le centre du réseau d'où partaient les trams
à chevaux pour trois directions. Le service
était assuré toutes les 7 minutes et demie
entre Carouge et la Terrassière (sortie de la ville
de Genève en direction de Chêne) et tous les
quarts d'heure entre la Terrassière et le temple de
ChêneBougeries.
Grâce à la jonction des lignes et à la
desserte des artères fréquentées du
centre de la ville, les résultats ne tardèrent
pas à s'améliorer et un dividende de 1,6% put
être payé en 1876.
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Alors que la traction à vapeur
appliquée aux tramways existait depuis 1860 aux
Etats-Unis, ce n'est qu'en 1876 qu'elle fut introduite en
service régulier en Europe, à Paris et en
Angleterre.
Quelques mois plus tard déjà, en avril 1877,
les TS reçurent leur première locomotive
à vapeur livrée par la SLM à Winterthur
dont c'était la première livraison de
locomotives de ce type pour tramways avec un
revêtement dissimulant la chaudière et
l'embiellage, modèle qui fut ensuite livré par
cette fabrique en grand nombre pour le monde entier.
Certains exploitants assistèrent aux essais de la
première machine à Genève et en
commandèrent. Une locomotive de Genève circula
même avec succès à titre d'essai
à Paris.
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Tramway à vapeur
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Portant le numéro 1 (N° de fabrique 111),
cette petite machine à deux essieux de 40 chevaux,
avec une distribution Brown et un seul poste de pilotage,
une haute cheminée, une petite chaudière
surmontée d'un grand dôme à vapeur du
même diamètre, avait les
caractéristiques techniques suivantes:
diamètre des cylindres 160 mm, diamètre des
quatre roues 680 mm, empattement 1,5 m, surface de chauffe
totale 11,7 m2, poids total en charge 7,7 tonnes, longueur
3,6 m; la chaudière était timbrée
à 15 atm; vitesse maximum 15 km/ho Les caisses
à eau, d'une capacité de 0,5 m3 se trouvaient
à l'intérieur du châssis et les 200 kg
de charbon trouvaient place autour du poste du chauffeur.
Cette machine reçut, comme les suivantes et une
partie des voitures le frein à vide automatique Hardy
dès 1887.
A l'inverse de ce qui s'est passé ailleurs et qui
empêcha le développement des trams à
vapeur, les autorités et le public genevois
accueillirent favorablement le nouveau moyen de traction,
contrairement à ce qui se passera plus tard pour la
traction électrique. Les essais donnèrent de
si bons résultats que le Conseil administratif de
Genève voulut augmenter les charges imposées
à la Compagnie pour compenser les
bénéfices supérieurs que l'entreprise
ne devait pas manquer de faire avec le nouveau moyen de
traction, pourtant mis en service de façon "sagement
limitée"........
En fait, cette petite locomotive très
économique avait les mêmes frais
kilométriques qu'un trarb à traction
hippomobile à deux chevaux mais avait l'avantage de
pouvoir tracter deux ou trois voitures au lieu d'une seule,
sans augmenter ses frais de traction.
C'est pourquoi les TS décidèrent de remplacer
les chevaux par la vapeur sur la liaison
Carouge-Chêne-Bougeries prolongée
successivement jusqu'à Etrembières, les
courses partielles moins fréquentées et
l'embranchement de Cornavin par le fragile pont du
Mont-Blanc gardant la traction hippomobile.
L'autorisation officielle pour l'utilisation intensive de la
vapeur ayant été accordée en 1881, les
TS commandèrent successivement sept autres
machines.
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En 1893 les TS commandèrent,
après avoir reçu des offres de constructeurs
suisses et allemands, l'équipement électrique
et huit automotrices pour la ligne Champel-Petit-Saconnex,
qui devait s'ouvrir l'année suivante, auprès
de la Compagnie de l'Industrie Electrique et
Mécanique (actuellement SAAS), choisie à cause
de son excellent outillage et de ses travaux
antérieurs. La partie mécanique venait de la
Société Industrielle Suisse qui avait
déjà livré certaines voitures
remorquées.
Livrées en 1894, ces automotrices
numérotées Ce'/2 94-101, à la suite des
voitures, étaient peintes en jaune, avaient des
plates-formes extrêmes ouvertes et un seul moteur de
30 chevaux entraînant un essieu. Comme toutes les
voitures des TS ces automotrices avaient des caisses
courtes, hautes sur roues, des bancs en long et des stores
en lamelles de bois. Une perche à roulette assurait
la prise de courant.
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Tramway électrique
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Avec un empattement de 1,5 mètre, une longueur de
6,38 mètres, un poids de 4,70 tonnes et une vitesse
maximum de 25 km/h elles pouvaient contenir 12 voyageurs
assis et 18 debout. Le chauffage se faisait à l'eau
chaude et l'éclairage encore au pétrole, alors
que les voitures des trains à vapeur avaient
déjà l'éclairage électrique par
accumulateurs. Elles comportaient un frein électrique
et un frein à main.
Ces automotrices donnant entière satisfaction, la
Compagnie reçut en 1895 deux automotrices
supplémentaires Ce2/2 102-103 identiques aux
précédentes, mais avec un poids de 6,4 tonnes
et deux moteurs de 25 chevaux entraînant les deux
essieux et permettant la traction d'une remorque. Elles
étaient surtout destinées au nouveau service
Cornavin-pont de l'Ile-CitéRond-Point de
Plainpalais.
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Textes et illustrations tirés de "Le
Tram à Genève", Werner Boegli et autres,
Editions
du Tricorne, Genève,
1976
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