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VOYAGE A NEUCHÂTEL
du 20 avril au 7 juillet 1843



Bibliothèque de Genève - Ms fr. 2024
Transcription d'Anne Cottier-Duperrex - Genève 2008




Avertissement

L'époque de ce voyage à Neuchâtel correspond au volume II des éditions de l'Âge d'Homme. À son retour à Genève, H.-F. Amiel y fera un bilan de son voyage, des ses rencontres avec d'anciennes et de nouvelles connaissances des pages 360 à 363.

Les noms ou prénoms suivis par un ou deux astérisques dans le texte du Journal d'Amiel, ainsi que dans les notes et dans l'index, figurent dans le
RÉPERTOIRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES FRÉQUEMMENT CITÉS, entourés de données biographiques sommaires.

Ce répertoire est cumulatif et se trouve parmi les annexes dans le volume XII p. 967, ainsi que le
RÉPERTOIRE DES NOMS DE LIEUX FRÉQUEMMENT MENTIONNÉS, p. 1001, dans l'édition papier publiée par " L'Âge d'Homme " et sur Internet sous www.Amiel.org.

Les chiffres entre / / indiquent la pagination, recto et verso, des carnets de voyage. Les mots ou les signes entre [ ] signalent l'existence d'un mot plus deviné que déchiffré.

Dans le présent texte les notes deviennent des liens hypertextes, le retour est assuré par le signe
^

Enfin, j'adresse mes remerciements les plus vifs à Monsieur O. Girardbille, archiviste communal de la ville de Neuchâtel, pour les renseignements détaillés et la bibliographie qu'il m'a communiqués sur le Cercle des Halles et ses diverses appellations.


 




 

1852

Excursion en Suisse

[Canton de Neuchâtel principalement]

/ 1 / [ 28 Août] - Genève

Je manque le vapeur de 8 heures. - 2d déjeuner chez les Marins* - Atelier Constantin 3 porcelaines pour 100.000 francs - Fouque d'Arles, l'ami de Tavel, le jeune Pradier au long nez - 1 heure à la Soc[iété] de lecture (entre autres Critique de Redwitz ) - 2 loups vivants de Gex.
(En route). Place de banquette. Admirable temps. Le conducteur, figure rude, bon père. - Longue série de villas genevoises. - Côte Savoie parfaitement nette - Soleil ardent, bruit de clochettes, somnolence. - Rencontre des 2 vapeurs. - Roulages - Beaucoup de fruits. - Figuiers, cèdres, champ de roseaux près Morges, le seul du lac sur cette rive nord.

(Lausanne) Café Rodieux - Visite à Riantmont. Je passe 11/2 heure chez Mr Vulliemin*, connaissance de Mr l'ex conseiller Calame . La conversation reste embarrassée ; je regrette d'être resté. V[ulliemin]* bat froid à l'article de la Revue Suisse .

(Lausanne à Yverdon) Clair de lune éblouissant. Place d'intérieur. En face de moi un appétissant et dodu vis-à-vis, qui me tient joliment chaud / 2 / avec ses innombrables cotillons & ses extrémités bien nourries. Un gros argovien et sa fille. Tout cela goisant deutsch . J'avais envie de voir le Val de Travers au clair de lune, mais je recule devant une nuit blanche, d'ailleurs j'avais froid. Je reste à l'hôtel de Londres, à Yverdon - Triste expérience. Feuge Satanas .

[29 Août] Dimanche
1. Yverdon. - Église protestante. Château. Promenade. Visite au Valentin, je ne vois que le fils Rougemont, un Gaussen en main, tour de la campagne. - Visite à Mr Correvon. -
Le port herbeux, le vapeur en retard - la population curieuse - Le Cygne débarque les artilleurs genevois de Colombier !
2. Le lac. - Brise fraîche, temps délicieux, jamais les côtes ne m'avaient paru plus belles & aussi variées. Immense supériorité de la course par eau. - Panorama - Je cause avec un garç[on] intéressant, Phil. Brandt de La Chaux de Fond. Superbe effet de Neuchâtel vu de loin.
3. Neuchâtel - Dîner à l'hôtel des Alpes. - L'allemand domine à table. Voisin français, Mr Chaudet-Petitpierre, singulier vieillard, qui en 1837 arbora avant Bourquin le drapeau républicain. / 3 / Le vieux Mr Borel-[ ?] me conduit à la Soc[iété] de lect[ure] où je reste jusqu'à 5 1/2 heures, car on était à l'église et je n'avais à espérer personne. Je lis entr'autres Texier (Tableau de Paris).
L'odieuse femme qu'on emmenait.
Fin du jour - Splendide paysage depuis la Terrasse du bord du lac ; je reste plus d'une heure devant cette lanterne magique. Effet vaste, large, immense, lumineux & doux.. Lac miroir. Alpes fantastiques à travers le hâle (Jungfrau & en major, l'absolu, le Mont Blanc). Le fond vers le Sud me rappelle Ischia. J'étais ensorcelé & ne pouvais partir. Réparation à Neuchâtel, toute la journée, le pays m'a paru ravissant.
Visite à Monru[z] (les MM. Pury* et Marval absents). Je passe 1½ heure avec la jeune femme et sa vieille parente. Made Rose toujours charmante. Ne porte plus de boucles & a toilette plus négligée. Causerie variée, surtout voyages - aliénés - sœurs de charité - Remarquable lever de lune rouge - Délicieux retour, route à pic sur le lac, rideau de feuillage, traînée de lune au travers, je chante tout du long. Nouvelle séance à la Terrasse, effet de nuit - Bateaux à rames - Le guet. - Merveilleuse journée.
Le tisserand de Serrières.

/ 4 / [30 Août] Lundi.
Excellente nuit, bien-être au réveil - Perdu inutilement beaucoup de temps. - Promenade après déjeûner sur le quai du Collège. - Vue de ma fenêtre, départ du Cygne - Mr Wolfrath absent.
La matinée chez Mr le pasteur Godet , de midi à 10 ½ heures avec Félix Bovet*, tournée en ville, puis dîné chez lui, puis la Bibliothèque, puis soirée à Monruz où Ed. de Pury* nous fait courir la montagne avant le thé.

Belle matinée, après-midi chaud, puis voilé, soir nuageux & chargé d'éclairs, faisant bel effet sur le Lac.

J'ai appris à connaître aujourd'hui
des hommes (MM. Prince , Vouga , Mercier, Bovet père, Dufour instituteur - revu MM. Marval, Secrétan , etc.),
des lieux (Noïd-Nolex, Ste Hélène, Combe à Servet, le Mail, le Cimetière, les cercles, maisons du faubourg, etc.),
des choses (à la Bibliothèque q[uel]q[ue]s m[anu]s[crit]s, surtout ceux de Rousseau - l'état des églises luthériennes et réformées en France - le prédicateur Wittich de Colombier - le magnétiseur Mongrorel [?] avec Didier)
Surtout j'ai beaucoup conversé : / 5 / 2 heures avec Mr Godet (sa vie, ses occupations, sa prédication - Mr Rougemont , son grand ouvrage, philosophie de l'histoire - Moïse, l'exégèse subjective et de transmission, à propos du jardin à cultiver et garder - toutes les forces sont des volontés ; la quantité devient qualité, une once de poudre a plus de Volume qu'un rocher - rapport de poésie, religion, science, vie - Dieu crée des créateurs. - Puissance future de l'homme sur la Nature. - Question de Satan, traitée psychologiquement, ontologiquement, bibliquement - nous sommes l'âme du monde ; puissance infinie de la volonté - Les chefs d'œuvres de Satan : l'Empereur, le Pape dans le passé, l'étatéchrist [sic] dans l'avenir ; portrait de l'Antéchrist), en somme c'était grave, profond & grand. C'est un esprit vigoureux, élevé, puissant, mais parfois prisonnier dans la tradition.
Conversation spirituelle, piquante, aimable avec Bovet* ; goguenarde, gaie, pleine de centons , lazzis, citations et fariboles avec Pury*.

[31 août] Mardi.
8-91/2 - Hôpitaux Pury et Pourtalès , sous la conduite du pasteur Mercier - Diaconesses protestantes dans le 1er, sœurs catholiques, le Dr Castella , (depuis 1811), dans l'autre.
/ 6 / 91/2 - 10. Visite aux Lyanna*, Mlle Madelon pas visible, Mlle Caroline à Genève.
10 - 101/2 - Gymnase, Musées de peinture & d'Hist[oire] natur[elle].
11 - 121/2 - Orage, je reste à la Biblioth[èque], - MM. Ramus & Vouga.
11/4- 23/4 - Dîné chez Mr Godet, avec Bovet* - Pasteur Germond se montre. Les 4 enfants (George, Marie, Berthe, Philippe).
3 - 4 1/2 - La Collégiale, le Château. Dans l'une tombeau des Neuchâtels (9 hommes, 6 femmes), Pierre et Paul à la porte, inscription de 1500. Le conclave, le balcon - Dans l'autre, cour, Salle des États.
MonRuz - puis St Blaise - puis Préfargier, le grand établissement d'aliénés par Mr de Meuron , directeur Mr Borel. Longue visite.
8-9 1/2. Soupé à St Blaise chez Mr Dardel, fils d'une suédoise, époux d'une cousine germaine de Pury*, qui nous mène chez lui. - Gentille femme plus la sœur aînée de Pury* - Visite à Henri Debrit, dernier rég[en]t de l'endroit.
Au retour, revenu seul avec Borel depuis Champ Prévère (accompagnés jusque là par MM. Dardel, Debrit & Magnin) - j'étais allé avec Secrétan de plus (causé de Neuchâtel et de Monneron ).
Journée sombre et pluvieuse depuis 11 heures matin.
Lettre à Louise*, la catéchumène - (Minuit)

/ 7 /
[1er Septembre, Mercredi]
(Matin) Visite à Secrétan, sous la conduite de F. Bovet*. Entrée introuvable, vue magnifique, sorte de jardin suspendu au-dessus de la ville. Nous causons de Neuchâtel, de l'isolement inévitable et de la circonspection nécessaire, pour lui (Secrétan), de Verhuel - je fais des réflexions salutaires sur les inconvénients de la gêne, sur les fameux prêts à l'étranger, etc.
2. Ennuis aux messageries pour l'expédition de mon sac de voyage. La boutique de tabac en face. J'achète des Havannes !
3. E. de Pury* que je rejoins au Cercle des Halles m'accompagne jusque sous un noyer, mi chemin de Corcelles.
4. Corcelles. Je trouve dans une jolie maison neuve à l'entrée du village, la propriétaire Mlle Sunier, sa sœur Made Roulet, Made Béguin et une autre vieille parente. - J'y dîne - Longue causerie : société royaliste et le roi de Prusse, messie de leur foi politique. Effroi de la civilisation envahissante, chemins de fer, télégraphie électrique, etc. Je suis beau de verve et de polie ténacité. Départ à 2 1/2 heures.
5. Cormondrèche. Visite à Mme DeBrot. La maisonnette d'en face me fait une impression pénible.

/ 8 / 6. De Cormondrèche à la Chaux-du-Milieu, à pied, de 3 1/2 à 8 heures. - Le ciel s'arrange et devient beau, temps chaud. - À travers prés pour commencer, faucheurs et faneuses. Belle route en zigzag dans les forêts, avec des perspectives variées sur la gauche. - J'abrège et coupe par Montmollin, Langolieux , les Grenettes ( ? ) - puis par les sentiers j'évite les lacets de la route, autour d'une gorge abrupte.
Auberge de la Tourne - grog.
Excursion à la Tablette, accompagné d'une petite fillette de 6 ans, qui pleure d'abord & dont je gagne les bonnes grâces en une demi-minute. - Chevaux libres, fraises, framboises, quelques huttes et loges (non habitées). - La Tablette, promontoire de roc, rejoint par un col étranglé à la pente de la montagne. - Assez belle vue de couchant, les 3 lacs , entrée du val de Travers, la carte d'un quart du pays de Neuchâtel ; l'inversion de la vue du dimanche matin depuis le lac. Le vent piquant et l'heure avancée me chassent. Donnant la main à mon petit guide ou la prenant sur mon bras, je redescends vers la route au-dessus de la Tourne. Cette enfant me fait faire de curieuses observations sur moi-même et sur elle.
La grande vallée des tourbières - Pyramides noires, eau noire, vaches noires et blanches - Gros village des Ponts. Il fait nuit. J'abrège pourtant encore par / 9 / la hauteur. - Alfred Sandoz du Locle, chemine un quart d'heure avec moi jusqu'au Chalet de la Joux, métairie considérable appartenant à la Ville de Neuchâtel, objet d'excursions bergeresques.
Je descends dans l'obscurité droit sur la Chaux-du-Milieu. Fantôme blanchâtre du clocher, trois ou quatre maisons éparses ; la lumière d'une maison me guide. On me prend à la lucarne de la fenêtre pour un rôdeur de nuit. Enfin je sonne chez le pasteur, ce brave Jacques Lardy. - Bien accueilli, rustiquement & cordialement. Je trouve là le frère Louis Lardy (médecin au Locle) avec sa femme (Dlle Russillon d'Yverdon) et le petit garçon de 2 ans. - Localité : grande maison, blanche à la face, en gros blocs carrés, avec dépendances adjointes, toute brisée à l'intérieur. En bas, salon, salle à manger, cuisine et cabinet des hôtes. En haut, 3 pièces, la chambre de travail, chambre à coucher, autre cabinet pour les arrivants. - Écurie, fenil, etc. - Devant joli jardinet, basse-cour. - Le village se compose de l'église, la cure, l'école, plus une escouade de maisons parsemées comme les astres d'une constellation sur les prairies unies et uniformes, de cette haute et froide vallée.
Habitants de la maison : jeunes, bon vivant, léger, sans façon et taquin pour sa femme - et Augustine, / 10/ fraîche et appétissante blonde, gaie, rondelette, complaisante et facile à vivre, n'approfondissant pas trop les choses. - La servante allemande Susanne - L'obèse et propret Jonny, chien du pasteur.
Climat terrible, 9 mois d'hiver, 3 pieds de neige et plus, vents violents, variations de 30, 40 et même 50° en un jour entre 6 h. matin & 2 après-midi - Temps monotone, sans eau, couloir de pâturages, couronné de sapins, où ne croît pas le blé et à peine l'orge, seul[em]ent l'avoine. - Assiduité au culte. Singuliers pèlerinages par la neige. Les jupons-culottes ; aux hommes grandes guêtres ; chevaux empêtrés.
Je vis 30 heures de cette vie de pasteur des montagnes. Intérieur chaud, confortable & même un peu coquet - Le soir, musique au piano, ou parties de dominos et de citadelles , conversation descriptive. Le jour, longues excursions sur le flanc gauche et flanc droit de la vallée.
Claire lune et fraîche matinée.

[2 Sept. Jeudi]
Promenade jusqu'à 12 1/2, sur le côté occidental, chaque tertre a un nom, je les ai tous oubliés. - Vue de la vallée du Doubs. - La jolie auberge dans une combe, salés de Morteau et vin de l'endroit, qui a le teint d'ognon & le goût acidule. - Chapelle catholique dans / 11 / un endroit perdu - Retour par la route hardie du Col des Roches. - La percée du Bief à travers la montagne, pour dessécher le val du Locle. - Vue des Brenets aux toits rouges.
Les moulins souterrains, travail de Vulcain, cascades dignes de l'Averne, au fond desquelles les cyclopes ont placé des turbines, qui peut scier le bois et moudre le blé, pour [nom illisible] ou Cérès. Voyage infernal, dans ces ténèbres rugissantes et humides.
L'après-midi, excursion à 5, sur l'autre côté, joli chemin pierreux & moussu. Cueillette des framboises. J'enfonce la jambe dans un interstice de rocs, où par grand hasard je ne me la romps pas, c'était le mauvais genou. Au Chauffot, je crois, visite à la boutique qui cumule.

[3 Sept. Vendredi].
J'écris à ma sœur L[aure]*. - après le service préparatoire pour la grande communion, auquel je n'assiste point, pour faire plaisir à mon hôte, nous filons vers le Locle, où mon paquet m'avait précédé dès le soir par la voiture de Mr Louis L[ardy].
Locle. Stupéfiante église, qui a survécu à tous les incendies de l'endroit, le plus ancien édifice de ces vallées ; toujours le toit du clocher en sucrier renversé. - Les Billodes (Mlle Calame ), établissement de charité. Immenses maisons / 12 / neuves, nettes, claires, couvertes en tuiles en général rouges.
Rues alignées - Eau à boire, citernes fraîches.
Nous dînons à 6, dans la plus belle maison (à fronton) du Locle, chez le médecin Lardy, appartement de l'impératrice Joséphine et du roi de Prusse (comme prince-royal). On avait invité Mathieu, l'œil noir & la figure ramassée et bouffonne, autre camarade de Berlin. Il est subside (auxiliaire suppléant d'office les 6 pasteurs des vallées, pour toute lacune imprévue du culte ou des fonctions pastorales).
Je n'apprends rien des vieillards Brandt, et Baillod sur lesquels je m'informai en faveur de la cousine Julie*. Tous étaient morts.

Du Locle à la Chaux-de-Fond. - Départ à 4 heures, voiture omnibus à 2 chevaux, découverte - à gauche, le gros court, silencieux et observateur, en face une sorte de dame aux fleurs de chapeau fanées, d'une malpropreté intérieure et sans linge, & qui devait boire, & une autre assez gentille, à l'œil malin & à l'air avenant.
Sur le Cret - aux Éplatures - l'église neuve, dans une région inhabitée.

La Chaux de Fonds: J'y reste de 5 heures du soir à 3 heures de l'après-midi. Couche et déjeune et dîne à la Fleur de Lis. - Connaissances : Aurèle Sandoz sur le / 13 / Plan, Made Justine sa femme, ses 4 fils Louis-Aurèle, Édouard, Fritz et Ulysse, et sa fille, Made Würflein, avec son mari, beau-frère, belle-sœur, et le petit Jean son garçon. - Je soupe chez Justine, où je renoue tous nos souvenirs avec l'amie de ma mère.
Je ne vais voir ni Philippe Brandt, ni Édouard Sandoz et Mlle Louise Robert (connus à Weissenburg) - La fabrication des aiguilles de montre, l'hôpital, le planétaire Ducommun , le Cercle démocratique, et une promenade sur la montagne pour embrasser la vue du village, occupèrent la matinée.
Vallée plus ouverte et plus large, maisons sur roc, pas de rues régulières, ni maisons contiguës, point d'eau. Église ovale, une chapelle catholique. - les 3 noms : Sandoz, Robert, Brandt tapissent les rues. - Moitié d'allemands - l'ennui de cette ville industrielle - Habitudes, mœurs, inclinations, partis politiques. Il n'y a pas encore d'aristocratie ; les filles les plus riches ne refusent leur main à aucun garçon de mérite, talent, habileté & bonnes mœurs ; pas de mariages de convenance et d'argent. L'église abandonnée ; les ecclésiastiques étant royalistes.

[4 Sept. Samedi].
Départ à 3 heures, par la diligence. - Compagnons de route, un horloger genevois, gros lourdaud fruste et candide, du nom de Pourtalès, et un naturaliste / 14 / remarquable, esprit fin, résolu, dégagé, étendu, pharmacien à la Chaux, du parti libéral, avec qui je me suis entretenu de géologie, et politique neuchâteloise, & qui m'a beaucoup instruit sur les gens et les choses : son nom est Nicolet . Il allait à Fontaine et me quitte aux Geneveys.
Arrivée à Neuchâtel à 6 1/2.
Je trouve enfin Wolfrath . Il m'impatiente singulièrement, tâtillonne toute la soirée et le lendemain tout l'après-midi, et le Dimanche soir me quitte avec les conditions les plus lourdes qu'il ait présentées ou à peu près. - Il me lit l'article de Made Lat[our?]* et les billets de M[arc] M[onnier]* y-relatifs. Une phrase m'y fait q[uel]q[ue] impression : " Avec plus de sobriété, A[miel] pourrait être le premier écrivain de la Suisse ". Ce petit jugement me fit un peu réfléchir le soir en me couchant. Serait-il vrai ?

[5 Septembre Dimanche].
Culte. J'entends le past[eur] Dupasquier , à la Collégiale, discours simple, clair, mais pauvre et superficiel sur la Foi et la possibilité de croire ; glorification de la crédulité à tout prix était la conclusion imminente et invisible du sermon. - MM. Marval, Pury*, Godet. Costume des communiantes. Temps douteux.
Dîné à l'Hôtel des Alpes. - Après le café, promenade sur le Quai ombragé - Rencontre de Mr Tissot*, avec les jeunes Empeytaz , frère et sœur. - Passé l'après-midi / 15 / avec Bovet*, conversation facile, large, intime.
Soirée à MonRuz, avec Wolfr[ath] . - Je cherche la raison des préjugés féroces en Amérique contre le sang mêlé, et parle de la race blanche. - 2 parties d'échecs avec la gentille Made Rose, au profil Schilleresque. Son mari en est tout fier.

[6 Sept. Lundi]
Visite d'adieu à Mr Godet, qui me témoigne b[eau]c[ou]p d'affection - Fait la connaissance de Mr Félix Chavannes, pasteur d'Amsterdam , sur le port. - Bovet* m'accompagne jusqu'à Cortaillod. - Jour de pluie. - Je retrouve Mr Tissot* qui retourne à Genève avec ses compagnons.
Yverdon. - Je passe 6 heures avec Mr Correvon Jules. Pendant 2 [ h.] nous épluchons sa belle bibliothèque philosophique et économique, causant de tous les auteurs, surtout de ceux que je ne connaissais pas (Wagner , Aug. Comte, etc.) - Puis festin à grand orchestre. La famille se compose de Mr C[orrevon], sa femme, 2 jeunes garçons . Il y avait 2 étrangers, une parente de St-Gall, et Mr De Guimps, numismate . - après le dîner, conversation de verve, sur la métaphysique, les mathématiques, Hégel, l'autorité, la Démocratie, etc. Je me sentais sur le trépied.

Promenade avec Mr Correvon. Sa bibliothèque juridique et historique, le Cercle d'Yverdon, les devoirs du philosophe. Visite inutile au Valentin. - Je trouve la famille de Roug[emont] aux missions ; ils me remmènent.

/ 16 / Soirée au Valentin. Vigoureuse et parlementaire discussion sur la méthode philosophique : Déduction, Induction, Conduction (assimilation), Construction et Reconstruction dans l'Histoire naturelle et l'Histoire, sur Hegel et le christianisme, la Revue de Théologie de Mr Schérer*. - Mr de Roug[emont] a la bonté de dire à sa femme que des couplets de cette sorte lui sont plus profitables que des mois et des années de travail solitaire. La philosophie de l'histoire fut le centre de notre entretien ; sur des bases métaphysiques. - À table, avec la famille (5 enfants dont 3 filles, l'aînée de 19 ans, Madame, plus un jeune peintre de portraits, Mr Zindler ( ?) , la causerie se tourne vers la littérature, et au salon sur la peinture, à l'occasion des portraits de toute la famille, que faisait ce jeune homme (méthode curieuse : combinaison d'estampe, crayon noir, estompe, craie, crayon gris et grattage - approchant de la manière noire ou de l'aquatinte).
J'ai été extrêmement satisfait, rafraîchi & émoustillé par cette étincelante joûte d'Yverdon. C'est avec le bon air, le mouvement et la distraction, mon principal tonique. La verve est nécessaire à ma santé, parce qu'elle donne à ma vie sa vivacité normale. Je me reconnais et me sens à ma place, quand je nage à grande aile dans l'éther de la pensée, du sentiment et de la poésie.

/17 / [7 Sept. 1852, Mardi].
Départ d'Yverdon à 6 heures du matin, par l'omnibus de Lausanne : 4 chevaux pour 2 voyageurs ! Mon voisin était un bernois domicilié à Morges : figure dure et ingrate, et qui valait b[eau]c[ou]p mieux que sa figure ; nous parlons des télégr[aphes] électriq[ues] et du concours de charrues à Grandson. - À Échallens, un grand maigre, mal vêtu, se joint à nous. L'expression de son regard m'intéresse, & enfin je découvris que c'était le successeur de Mr Gaberel à la cure de Poliez-le-grand, l'ami de Bordier*, Paulin Naef.
À 9 1/2 je débarque à Bel Air sur Cheseaux, chez mon vieil ami Fréd. Troyon* - Je le trouve au fond de son allée de dahlias, creusant des tombes et déterrant des Burgondes. Je lui consacre un jour entier.
Le ciel étant à la pluie, c'est à sa Collection soit d'objets, soit d'empreintes, soit de dessins coloriés ou non que nous avons consacré presque tout la journée. (Crânes, agrafes, fibules, agrafes, glaives, poignards, fers de flèches, colliers, umbo de bouclier, clés - en silex, bronze ou fer) - Quant à l'ethnographie, Tr[oyon]* croirait qu'il y a eu deux âges d'invasion en Europe : (1. population primitive - 2 population celtique, romaine, grecque, etc.) avant l'arrivée des Germains.

/ 18 / C'est le mode de sépulture, lié aux idées religieuses qui tracerait les divisions :

1er âge : enterrait les morts.
2d âge : les brûlait

Dans l'Helvétie,

les Helvètes enterraient
les Helvéto-romains brûlaient dans la règle.
Les Helvéto-burgondes enterraient.

2d principe (chronologique) : la nature des minéraux exploités :
âges de pierre, de bronze, de fer.

3ème : degré de perfection, soit dans la forme, soit dans l'ornementation des objets (de paix ou de guerre, d'utilité ou de parure).

- Autres questions : Les autels d'offrande - autels de sacrifice - pierres à écuelle - pierre aux dames de Troinex - l'autel à couches superposées (ossements brûlés et terre végétale) - la manière de mouler - la mémoire des musées et collections. - Les 3 étages de tombeaux à Cheseaux du 4ème au 9e siècle, formant 3 âges superposés.

Troyon* habite seul son petit domaine qu'il fait valoir, avec sa mère. Sa soeur s'est mariée l'an dernier. - Les amis communs, le mariage, la Suède et autres sujets nous ont aussi occupés, ainsi que nos projets de travaux réciproques. Tr[oyon*] est ambitieux, spécial, persévérant. Il parviendra.

/19/ Il me fait passer la soirée dans la famille Mercier. J'y trouve l'amphitryon, homme rond, affable, jovial et excellent, qui est veuf, son frère (Mercier-Francillon), dont la jeune femme découvre qu'elle a connu mes soeurs & qu'elle est ma cousine (par les Audéoud), le pasteur Vuilleumier et sa femme, & un vieillard de Lausanne, qu'on appelait cousin. Joli et brillant souper commencé par des becs-figues. J'explique les fleurs animées aux 2 dames, auxquelles je tiens compagnie pendant la tabaquerie de ces Messieurs ; chacun gagne au partage.

[8 Sept[embre] Mercredi]
Dans l'omnibus de Lausanne, je trouve MM. Mooser et Oltramare* & je commence les réclames pour Franki .
- Pour employer les 3 heures de la matinée qui me restaient à Lausanne, je fis le tour de la ville, puis visite à la famille Gaudin (le jeune homme malade - le père m'engage à écrire dans la Rev[ue] de Théologie), à Aimé Steinlen , dans son appartement-cave (sa femme encore portée à bras), à Audemars qui me retient à dîner (gare aux ménages allemands, malgré leur cordialité, le sens esthétique y est singulièrement offensé). -
Musée Arlaud , je le parcours en détail. Q[uel]ques Calame, Diday et Gleyre me frappent beaucoup.

/ 20 / De Lausanne à Genève , je tiens compagnie à 4 dames russes, dont l'une m'intéresse graduellement beaucoup. Par une aventure bien bizarre, cette dernière était la cousine du seul sujet de l'autocrate, avec lequel j'aie été particulièrement lié, de Solyenikow , mon ami de Berlin, et cousine dont il m'avait parlé une fois, comme d'un ange dont il ne voulait pas, lui l'excentrique, l'exalté et l'original Struwelpeter . - Après 3 à 4 heures de conversation presque ininterrompue, je suis resté sous l'impression de la grandeur & de la puissance morales, & j'étais, ma foi, presque amoureux. J'ai pu lui rendre quelque léger service, elle m'a donné son adresse [Odessa] ; mais je n'ai pu la revoir & le lendemain ces dames étaient en route pour Turin. Nos voies s'entrecouperont-elles une seconde fois ? Est-ce un appel ou une séduction ? Vaut-il mieux oublier ou poursuivre ? les âmes se rencontrent, mais autre race, autre religion, autre patrie, autre destinée !... le dilemme m'a tenaillé tout le jeudi, et la prière, la solennité religieuses (Jeûne genevois), m'ont seules délivré de mon angoisse. [Amiel a évoqué cette rencontre avec plus de détails dans son Journal intime, vol. II, p. 261-262].
Le 8 à 6 heures du soir, j'arrivais à Genève, par un déluge. Je n'ai revu ma famille que vers le soir du lendemain. - Ainsi finit mon excursion.

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[À la dernière page du cahier, p. 46 v°:]

1er 7bre (Mercr).

Matin -

8-11 Corcelles, Cormondrèche
11-12 Wolfrath
12-1 Secrétan

Soirée -

Hauts Geneveys

2. (Jeudi) - La Chaux de Fonds.
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Mercredi - Corcelles, Cormondrèche, Tourne, Ponts, Chaux du Milieu
Jeudi, Vendredi, avec Lardy
Samedi Chaux de Fonds
Dimanche - Val Travers. St Sulpice.
6. Lundi - Yverdon.
7. Mardi - Cheseaux.
8. Mercredi - Genève.

 



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Abraham Constantin, Genève, 1785-1855 peintre sur porcelaine et sur émail renommé, travailla à Paris principalement, reproduisit des tableaux de Gérard, de Raphaël, et peignit des portraits de souverains et de célébrités. Le musée de Sèvres conserve des oeuvres de cet artiste

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Jean Baptiste Marie Fouque dit Marius Fouque, 1819 ( Arles) - 1880 (Lorient), peintre de Louis-Philippe, du second empire, enfin peintre officiel du roi de Siam. Le Musée d'art et d'histoire de Genève en possède un portrait du sculpteur Pradier, qui a joué un rôle déterminant pour la carrière de Fouque et qui était très lié avec la famille Marin.

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Probablement Rudolf von Tavel, de Berne, 1821-1891, Gerzensee, étudiant à Genève (1839-1840), Secrétaire de la Diète Fédérale.

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Oscar, baron de Redwitz, *1849. Avec Amaranthe (1849), épopée romantique, l'auteur défend la tendance à un catholicisme exalté qu'il attribue au moyen-âge. Ses Contes du petit ruisseau de la forêt et du sapin (1850), abondent en tableaux naïfs et gracieux. Poésies (1852) est son dernier ouvrage poétique. Il s'adonnera ensuite à la littérature dramatique, sans grand succès d'ailleurs.

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Henri-Florian Calame, 1807-1863, juriste, fut, entre autres, membre du Conseil d'État de Neuchâtel et député à la Diète fédérale de 1837 à 1848.

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Dans une introduction à ses deux " Lettres écrites de Genève ", dans la Revue suisse de 1852, tome 15, p. 183-198, Amiel prévoit d'offrir au lecteur " une sorte de Journal intime ", non plus d'un individu, mais d'une ville, d'un canton, qui permettrait l'échange, afin que chacun comprenne mieux les autres. Il évoque la vie intellectuelle à Genève sous une forme triple : le bulletin, la critique et la chronique où il consigne les faits caractéristiques, intéressants et significatifs. Dans ses secondes " Lettres ", p. 411-430, il donne une critique du Nouveaau Glossaire Genevois de Jean Humbert, 1852 et de la Grammaire française de Cyprien Ayer, grammairien et géographe fribourgeois.

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" Parlant allemand ", sous une forme abrégée et non attestée de " dégoiser ", dérivée de gosier, gésier.

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Trad. : " Arrière, Satan ! "

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Louis Gaussen, 1790-1863, pasteur à Satigny, Genève, (1816-1831). L'un des fondateurs de la Société évangélique et de l'École de Théologie en 1830, il fut destitué de son ministère en 1831, fut pasteur à l'Oratoire (1834), qui devint église libre en 1849. Il désapprouvait l'Église de Genève d'abandonner le catéchisme de Calvin pour un nouveau. qui n'insistait pas sur le dogme de la divinité de Jésus-Christ. Auteur de nombreuses publications, en particulier de la Théopneustie, 1840.

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Jules Correvon, Yverdon, 1802-1865, juge au tribunal d'Yverdon, député au Grand Conseil vaudois, 1841-1849.

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Alphonse Bourquin, *1802, lieutenant de carabiniers, député au corps législatif, chef militaire de l'insurrection républicaine neuchâteloise contre la domination prussienne, prit possession du Château de Neuchâtel en 1831. Le gouvernement de la Principauté-Canton fit appel à la Diète helvétique, qui négocia avec les insurgés, tout en envoyant également des troupes fédérales. Les insurgés capitulèrent. Le gouvernement royaliste se refusa à consulter la population sur la question de l'émancipation. La révolte recommença avec l'aide de nombreux vaudois et genevois. Mais, mal armés et mal organisés, les insurgés furent dispersés. Réfugié d'abord à Troyes, Bourquin quitta la France en 1835 et s'embarqua pour Rio-de-Janeiro.

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Edmond Texier, 1816-1887, journaliste et romancier parisien. Son Tableau de Paris, est un ouvrage illustré de 1500 gravures paru en 1853 en 2 volumes.

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Edouard de Pury, 1822-1904, historien et homme politique neuchâtelois, camarade d'Amiel à Berlin (1844-1848).

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Charles-François Marval, 1802-1880, juge au tribunal souverain 1833, démissionnaire en janvier 1848. Participa activement à la fondation de la maison pour aliénés de Préfargier. Il était le beau-Père d'Edouard de Pury*.

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Henri Wolfrath, 1820-1897, d'une famille originaire de Hesse-Cassel établie à Neuchâtel au tout début du XIXe siècle et naturalisée en 1815, bourgeois de Neuchâtel en 1840. La famille W. possédait et éditait la Feuille d'Avis de Neuchâtel.

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Frédéric-Louis Godet, 1812-1900. De 1838 à 1844, précepteur à Berlin du prince de Prusse, futur empereur Frédéric III. Pasteur à Neuchâtel, 1851-1866, très actif socialement : lutta pour le repos du dimanche et fonda le Dispensaire pour les malades indigents. Professeur d'exégèse à la faculté de théologie (1850-1873), puis à la faculté de théologie indépendante de l'État (1873-1887). On lui doit de nombreuses publications.

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Charles Prince, 1808-1869, régent au collège de Neuchâtel en 1829, professeur de philologie à l'Académie (1841-1848), puis de belles-lettres et de philosophie. Helléniste, il publia une étude sur Les Perses d'Eschyle en 1868. Docteur Honoris Causa de Fribourg-en-Brisgau.

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Charles Vouga, 1827-1875, Dr en médecine, professeur de sciences naturelles à Neuchâtel, au gymnase (1851-1855), à l'Académie (1866-1875). Naturaliste et ichtyologue, il est l'auteur de nombreuses publications.

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Charles Secrétan, 1815-1895, philosophe, professeur de philosophie à l'académie de Lausanne, 1838-1846, 1866-1889 puis à l'Université. Professeur à Neuchâtel de 1850 à 1866. Auteur de la Philosophie de la Liberté, 1849, de La Civilisation de la croyance, 1887, et d'autres ouvrages qui lui valurent une réputation universelle. Rédacteur de la Revue Suisse avec Félix Bovet* dès 1853.

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Frédéric-Constant de Rougemont, 1808-1876, député au corps législatif (1831), député à la Diète, conseiller d'État (1841), délégué par la roi de Prusse auprès de son ministre Hatzfeldt lors de la négociation de Paris en 1857. Auteur de nombreuses publications, dont Les deux cités : la philosophie de l'histoire aux différents âges de l'humanité, Paris, 1874.

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En littérature, pièce de poésie composée de vers ou de fragments de vers ou de prose empruntés à un auteur célèbre.

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David de Pury, 1709-1786, banquier à Lisbonne ; ruiné par le tremblement de terre de 1755, il refit fortune en quelques années. Ses dons en faveur de sa ville natale de Neuchâtel permirent de construire notamment l'hôpital et l'hôtel de ville. Il institua la bourgeoisie de Neuchâtel héritière universelle de ses biens.

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Jacques-Louis de Pourtalès, 1722-1814, fonda une maison de commerce, avec ramifications dans les principales villes d'Europe, qui lui acquit une fortune considérable. Il en consacra une partie à la fondation de l'hôpital Pourtalès, ouvert en 1811.

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Originaire de Fribourg.

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Charles-Auguste Ramus, 1807-1870.

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La collégiale de Neuchâtel date du XIIe s. Restaurée en 1870, elle a perdu sa silhouette ancienne. Le cénotaphe (1372) des comtes de Neuchâtel, commensaux des ducs de Bourgogne, qui s'élève dans la collégiale se compose de quinze personnages, dont trois datent du XVe s.

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Auguste de Meuron, dit Meuron-Bahia, 1789 -1er avril 1852, ayant fait fortune au Brésil comme négociant, avait fondé la maison pour aliénés de Préfargier en 1849. C'est sans doute un de ses parents qui conduit la visite.

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Daniel Dardel, 1808-1871, notaire, président de la commune et paroisse de Saint-Blaise en 1837, président de la Cour d'appel de 1848 à 1871, député au Grand Conseil de Neuchâtel, qu'il présida.

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Henri Monneron, 1814-1898, pasteur en France, 1846-1855, rédacteur de la Feuille religieuse du canton de Vaud, 1855-1884.

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C.-H.-J. Ver-Huell, amateur de théologie et d'esthétique qui, selon Amiel, Journal intime, T. 2, p. 123 : " querelle et raille esthétique et théologie...il en remontre à tout le monde. C'est un homme du monde d'une instruction très variée, d'un goût naturel pour tout ce qui est bien, grand, dans les choses de l'esprit, mais...il a l'esprit présomptueux et la mémoire infidèle. "

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Il s'agit de la Société du Jardin, aussi dénommée le Cercle du Jardin, le Cercle des Halles, la Société des Halles ou encore la Chambre, fondée en 1759. Ces différentes appellations découlent des lieux où la Société tenait ses assises. Or, elle se réunissait à l'origine au Faubourg de l'Hôpital, qui comportait un jardin.

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L'Engolieu.

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Les Grattes.

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Abris de branchage, cabanes de charbonniers.

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Les lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat.

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Jacques Lardy, (dit James), (1823-1906), camarade d'études d'Amiel à Berlin et son frère Louis Lardy, médecin au Locle.

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Jeu de guerre qui se jouait avec des cartes.

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Pâtisserie salée contenant des morceaux de saucisse fumée confectionnée à Morteau, ville du département du Doubs en Franche-Comté (F), contigu au canton de Neuchâtel.

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Marie-Anne Calame, 1775-1834, peintre miniaturiste. Elle ouvrit une école de dessin et peinture au Locle, puis fonda en 1815 un asile pour jeunes filles pauvres, les Billodes, ouvert en 1820 pendant quelques années également aux garçons.

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Voir H.-F. Amiel, Journal intime, vol. I, p. 498-522.

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François Ducommun, 1763-1839, horloger, construisit entres autres des pendules " Copernic ", c'est-à-dire surmontées d'un grand système planétaire avec un mécanisme reproduisant le mouvement des astres autour du soleil.

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Nicolet, Célestin, 1803-1871, pharmacien, député au Corps législatif, à la Constituante de 1848, au Grand Conseil (1848-1852).

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Wolfrath. Voir note 14.

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Jacques-Auguste dit James Dupasquier, 1794-1869, pasteur à Môtiers puis Neuchâtel (1831). Doyen de la Compagnie des pasteurs 1844-1848, président du Synode 1849-1865. Initiateur de la Société des Missions évangéliques.

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Charles Tissot, 1781-1853, négociant, rentier à Genève, père de Louis, 1820-1847, étudiant en droit, puis avocat, condisciple d'Amiel qui s'était tué le 1er août 1847 au Salève. Après sa mort, Amiel était resté en étroites relations avec son père. Alexandre Empeytaz (1837-1926) sera pasteur dans le Jura bernois et à Barcelone.

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C'est Frédéric Chavannes, 1803-1888, qui fut pasteur à Amsterdam de 1847 à 1857tandis que Félix Chavannes, 1802-1863, pasteur à la Sarraz et à Lausanne, était l'un des fondateurs de la Société d'Histoire de la Suisse romande.

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Johann-Jakob Wagner, 1775-1841, philosophe allemand.

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L'un d'eux, Ernest Correvon, 1842 Yverdon-1923 Coire, deviendra professeur de droit pénal à l'Université de Lausanne, (1873-74), avocat à Lausanne (1874-1912), député (1874-1897), membre de la Constituante (1885), et président de la Société des tramways lausannois.

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Probablement Roger de Guimps 1802-1894, d'une famille d'origine française émigrée en 1792, pédagogue, historien de Pestalozzi, membre de la municipalité d'Yverdon.

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Gaberel, Jean-Pierre, 1810-1889, pasteur et historien genevois.

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Frédéric-Louis Troyon, 1815-1866, archéologue vaudois, ami et correspondant d'Amiel. Entre 1838 et 1864, il a fouillé l'une des nécropoles les plus importantes de Suisse occidentale, celle de Bel-Air sur Lausanne, comptant plus de 300 tombes. Grâce à ses travaux et à ses voyages en Europe, Troyon a pu attribuer avec sûreté, pour la première fois en Suisse, ces sépultures au haut Moyen Âge. Une partie de ces tombes contenait du mobilier et des parures funéraires permettant de dater l'utilisation du cimetière de la seconde moitié du Ve siècle à 800 environ (monnaies de Charlemagne).

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L'umbo désignait spécialement le cône faisant saillie au milieu d'un bouclier, permettant de détourner les traits.

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Commune de la campagne genevoise.

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Samson Vuilleumier, 1804-1889, pasteur à l'Église française de Bâle et à Lausanne, où il devint professeur de théologie pratique à l'Académie (1851 à 1863).

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Livre de Taxile Delord, illustré par Ignace Isidore Gérard, dit Grandville, Paris, 1847. Doué de l'esprit d'observation, il excella à reproduire les ridicules de son temps en donnant la physionomie, les vices et les passions de l'homme, aux animaux, aux plantes et à toutes sortes d'objets.

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Hugues Oltramare, 1813-1891, pasteur, professeur d'exégèse du Nouveau Testament à l'Université de Genève dès 1854, pouvait avoir de l'influence pour faire octroyer une chaire au beau-frère d'Amiel, Franki Guillermet*, qui s'était porté candidat pour remplacer M. Bedot. Il obtint ce poste contre Etienne Henry fils*.

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Charles-Théophile Gaudin (1822-1866), botaniste et paléontologue.

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Aimé Steinlen, 1821-1862, professeur de littérature française à l'Académie de Lausanne.

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Louis Audemars, 1815-1906, pasteur à Londres puis à Lausanne (1848-1891). Militant du christianisme libéral, il collabora à l'Alliance libérale de Genève.

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Marc-Louis Arlaud, Orbe 1772-1845 Lausanne, d'une branche distincte de la genevoise, étudia à Paris avec le peintre David ; devenu directeur de l'école de dessin de Lausanne, il dota le canton de Vaud d'un musée de peinture.

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Alexandre Calame, 1810-1864, peintre genevois. François Diday, 1802-1897, études de peinture à Genève, voyages en Italie, séjour à Paris, maître d'Alex. Calame. Paysagiste romantique, il connut une grande vogue et reçut de nombreuses distinctions étrangères. Charles Gleyre, 1806-1874, étudia à Paris, puis séjourna en Italie. Voyages en Orient : Corfou, Grèce, Turquie, Égypte, un an à Khartoum. De retour à Paris en 1837, il y resta jusqu'à sa mort.

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En bateau à vapeur, sur l'Helvétie.

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Solyenikow ou Solyanikow, ami d'Amiel à Berlin. Voir Journal intime vol. II, 10 septembre 1862, p. 261, au sujet de cette rencontre avec la cousine du jeune russe.

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Struwelpeter: titre d'un livre pour enfants en allemand, écrit et illustré par un médecin de Francfort, Heinrich Hoffmann, pour son fils. Paru pour la première fois en 1845, c'est l'un des ouvrages les plus demandés de la littérature enfantine allemande, traduit en de nombreuses langues. Le héros de ces aventures est un petit garçon qui n'est pas sage du tout.

 

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