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Miniature sur ivoire de Camilla Charbonnier 1862


 
Amiel en bref

AMIEL EN UNE PAGE
AMIEL EN QUELQUES PAGES

AMIEL GENIE DER SELBST-VERWERTUNG



Henri Frédéric Amiel
1821 - 1881
Comment expliquer que l'obscur professeur d'une petite ville de "province" ait pu laisser à sa mort, à la stupéfaction générale, un journal intime exceptionnel tant par son volume (17 000 pages) que par la valeur et l'universalité de son message?

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Dans la vie, Amiel est un "raté". Né à Genève en 1821, il est le contemporain de Baudelaire et de Flaubert: il n'en connaîtra ni les scandales ni la gloire. Il avait pourtant tout pour réussir: issu d'un milieu de négociants aisés, cet esprit brillant fait de solides études à Genève puis à Berlin. Le grand chambardement de la révolution de 1848 lui offre la chaire de philosophie de sa ville natale: elle lui aliénera les milieux patriciens dont il se sent proche. Dès lors rien ne viendra interrompre une vie sans éclat, entre collègues hostiles, étudiants ingrats et concitoyens qui ignorent son dévouement civique et méconnaissent ses talents de poète. Un seul succès: son Roulez tambours! chant guerrier et patriotique composé en 1857, alors que le roi de Prusse menaçait les frontières helvétiques, sera rapidement et pour longtemps sur toutes les lèvres.
Tandis qu'Ernest Naville, son prédécesseur à l'Académie, entreprend de publier le journal de Maine de Biran, Amiel, en secret, noircit jour après jour les pages d'une œuvre qui joue à la fois le rôle de confident, de greffier et de consolateur. Dans ce long tête-à-tête, il oublie ses déboires, son incapacité de choisir, de réaliser l'œuvre rêvée, de créer un foyer avec l'une des amies qui adoucissent son existence - il en oublie de vivre! Loin du monde, ses dons et sa personnalité s'épanouissent pleinement.
Le journal, aujourd'hui accessible dans son intégralité, est une mine de pages admirables dévoilant les facettes d'un personnage étonnant: analyste infatigable de l'âme humaine et de la conscience de soi; penseur explorant toutes les voies des philosophies et des croyances, en quête d'une divinité qui se dérobe; rêveur assoiffé d'absolu et de perfection; critique ouvert à tous les aspects du savoir et de l'art; observateur fin et féroce de ses contemporains; écrivain au style limpide et inventif.
Le journal, c'est aussi la vie quotidienne, le soleil et la pluie, les joies et les pleurs, la grandeur et la misère de l'homme condamné à affronter sa fin. C'est enfin une tranche de l'histoire du monde vue par un témoin singulièrement lucide et visionnaire.

PHILIPPE M. MONNIER